29 janvier 2014 | Le Courage d’être chrétien, le courage d’habiter son lieu

Professeur associé du département de théologie morale et éthique de l’Université de Fribourg, Thierry Collaud était de passage à Echallens, le 29 janvier, pour une soirée œcuménique consacrée au témoignage.
Bon communicateur, l’éthicien qui est aussi médecin et philosophe, a transmis son expérience du témoignage chrétien. Reflets de l’un des participants, Daniel Russ.

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D’emblée, Thierry Collaud pose le cadre de sa démarche sur «Le courage d’être chrétien» en ajoutant «Le courage d’habiter son lieu». Il démarre son propos sur une série de questions qui lui a été soumise.

  • Qu’est-ce qu’être chrétien ?
  • Comment vivre et témoigner de sa foi de façon positive
  • Se réclamer de la foi chrétienne ne va plus de soi
  • Quel est notre lieu comme chrétiens aujourd’hui?
  • Qui sommes-nous vraiment, qui voulons-nous être?
  • Est-il possible de trouver le chemin d’une foi vécue qui nous rend plus et mieux humain et qui donne à d’autres l’envie de découvrir notre secret.
  • Comment rendre compte de sa foi à l’heure du relativisme religieux?
  • Y a-t-il un comportement spécifiquement «chrétien»?

Plutôt que de répondre directement, le conférencier nous emmène sur le parcours de nos peurs. Son analyse est claire : Si la peur est omniprésente, elle paralyse. C’est justement le courage qui permet de ne pas être «sidéré». Niée, la peur entraine un comportement téméraire, voire dangereux. Le courage permet d’agir de façon pondérée en cas de peur, d’angoisse, de souffrance, ce qui est toujours inconfortable et menaçant.

Être chrétien: adjectif ? ou … substantif ? Pour lui, être chrétien est clairement un substantif : On est enfant du Père, c’est notre enracinement notre patrie. Et on n’est pas seul enfant du père, comme chrétien, il est indispensable de vivre en communauté, de l’identifier, puis de la soigner.

Ensuite, Thierry Collaud parcourt nos peurs face à l’affirmation de notre foi: si on s’éloigne de la communauté, ou si elle menace de disparaitre, nous aurons peur de la distance: « je serai seul, apatride, et sans identité. Si j’investis trop cette communauté, je la surhabite, avec le risque de volonté de maitrise managériale ou d’intégrisme ».

Entre ces deux extrêmes, il y a le courage de la différence dans l’appartenance symbolisé par cette magnifique formule:

Pouvoir vivre l’Église dans sa diversité, dans son unité, dans son mystère inappropriable comme lieu de l’inattendu, de la grâce.

À l’opposé, nous pouvons vire la peur de la proximité, d’être pris au piège, de perdre son identité et son indépendance, ou de la peur de l’envahissement, caractérisé par la peur de l’autre et de sa différence, comme par exemple l’étranger qui dérange. Alors, l’hospitalité illustre parfaitement ce courage de renoncer à la maîtrise des lieux: «Ce n’est pas moi qui construis et définis les contours de l’Eglise».

Pour terminer, ou plus précisément pour introduire la réflexion sur les huit questions, le Professeur Collaud aborde la peur du regard de l’autre, peur de se singulariser, peur des réactions, peur de devoir se justifier: entre la paralysie et l’hyperactivité non maîtrisée, il y a justement ce courage du témoignage: ce témoignage qui autorise à raconter ou donner à voir une histoire, qui au-delà de la simple factualité, renvoie à l’Absolu qui me fait vivre.

Dans l’échange avec le public attentif, Thierry Collaud relève que le courage croit dans la vie, on ne devient pas sage en un jour, on le devient progressivement.

Le témoignage interpelle seulement. Le manque d’arguments pour convaincre n’est pas primordial dans un témoignage, car ce n’est pas que ce qui est dit qui est essentiel, mais ce qui transparait.

Le débat se termine par cette affirmation: je suis responsable de ma foi devant les autres, mais pas de la foi des autres.

Pour faire suite à cette rencontre, la pasteure et formatrice d’adultes Christine Nicolet van Binsbergen animera trois soirées de partage autour du thème du courage et des peurs.

Cette soirée œcuménique était organisée par la paroisse catholique d’Echallens et par la Formation d’adulte de la Région Gros-de-Vaud – Venoge de l’EERV, sous la conduite de Christine Nicolet van Binsbergen, pasteure à Cossonay, formatrice d’adulte.

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