Croire et/ou appartenir

La sociologue britannique Grace Davie a publié, en 1994, un ouvrage sur les convictions religieuses et la sécularisation en Grande Bretagne depuis 1945. L’un des éléments saillants de cette recherche a consisté à développer des outils conceptuels permettant d’exprimer les convictions religieuses détachées de l’engagement ecclésial. En français on parle des croyants non pratiquants ou des distancés. Il s’agit essentiellement de distinguer deux éléments du processus d’identification religieuse. Cette simplification met en évidence une matrice qui peut s’avérer utile pour travailler la question de l’évangélisation. En voici succinctement quelques points.

  • [A] La personne se définit comme non croyant et non pratiquant.
  • [C] La personne confesse une conviction personnelle, mais celle-ci n’est pas liée à un engagement collectif.
  • [B] La personne se définit comme appartenant à une entité ecclésiale (ou un projet de cette nature), mais ne se prononce pas explicitement comme croyante.
  • [D] La personne se définit comme croyante et pratiquante.

Sans doute s’agit-il de nuancer ces éléments puisque les convictions comme les appartenances sont aujourd’hui d’une grande mobilité. De plus, il est particulièrement délicat de chercher à évaluer la force des convictions ou celle des appartenances. Bien que réducteur, ce schéma a le mérite d’inviter à la réflexion, à l’analyse de nos activités et à un travail sur l’action.

A l’aide de ce schéma, on peut s’interroger sur le passage d’une personne en forte distance [A] à l’état de croyant et pratiquant [D]. Celui-ci peut s’effectuer selon trois modalités non exclusives.

1. La conversion

Lorsqu’une personne embrasse la foi et la pratique religieuse avec une simultanéité, on parle de « conversion ». Souvent associée à une certaine soudaineté, parfois une radicalité, cette trajectoire personnelle est plutôt marquée par la rupture.

Traditionnellement, les groupes qui valorisent fortement la conversion misent sur la prédication et l’appel à la conversion (évangéliques) et/ou l’expérience religieuse émotionnelle (charismatiques).

2. La découverte spirituelle

La démarche peut aussi s’opérer en deux temps. Passer de [A] à [C] par le biais d’un cheminement spirituel détaché et d’un engagement à plus long terme (une session de formation par exemple). Puis passer de [C] à [D] en prenant conscience que la foi ne se réduit pas à une démarche privée.

Les offres de développement personnel, parcours de spiritualité, pratique de méditation, etc. s’inscrivent dans cette perspective.

3. L’insertion relationnelle

Il est aussi possible d’envisager l’itinéraire qui consiste a d’abord rejoindre un groupe de croyants en envisageant un engagement concret.[A] -> [B]. Dans un second temps, la personne envisage positivement la pratique et l’adhésion à la foi  [C] -> [D].

Les groupes orientés sur l’action sociale, les événements de type « fête paroissiale » ou les groupes de maison représentent quelques-unes des formes plus sensibles à cette approche.

Si l’on croise cette réflexion avec des éléments liés aux quatre modèles missionnaires du Nouveau Testament, on peut établir le schéma suivant :

Ce visuel permet :

  • D’analyser les activités existantes pour évaluer les présupposés qu’elles renferment en terme d’affiliation et de conviction.
  • D’orienter de nouvelles activités vers des modèles missionnaires inexploités.
  • De valoriser la diversité des approches et des sensibilités personnelles.
  • De situer les réponses fournies par l’outil de test personnel « contactGPS« .

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