La richesse de l’Eglise, c’est le peuple de Dieu

Lorsque les forces de travail diminuent et que les vocations sont en berne, l’évêque Albert Rouet se retrousse les manches et prend son bâton de pèlerin pour générer un nouveau dynamisme.

L’archevêque émérite de Poitiers a le regard pétillant, le verbe vif et l’humour coloré quand il rend compte de l’expérience qu’il a conduite dans son diocèse. En conférence à Clarens (VD), en ce mois d’octobre 2019, il ponctue d’anecdotes le récit de la mue profonde qui s’est opéré dans son diocèse en l’espace de quinze ans. Face à la diminution du nombre de prêtres et à l’impossibilité de répondre à l’attente souvent exprimée comme une équation incontournable : « un clocher, un curé », Albert Rouet dit clairement le deuil qu’il faut faire d’une époque révolue. Aujourd’hui la forme de l’Eglise catholique ne correspond plus à la situation de la société contemporaine.

À celles et ceux qui acceptent de faire ce deuil, il leur annonce comme une bonne nouvelle qu’ils auront des responsabilités à partager. C’est qu’il croit que l’Esprit Saint ne cesse de doter chaque baptisé.e de charismes au service de la communauté. C’est qu’il croit que la plus grande richesse de l’Eglise, ce n’est pas sa liturgie, sa science, ses églises et chapelles, ni même ses prêtres. C’est le peuple de Dieu. Les femmes et les hommes que Dieu rassemble en un corps.

Et l’archevêque émérite se désole de constater que 20 siècles de christianisme ont fabriqué un peuple d’impuissants. Trop souvent, à l’invitation à prendre des responsabilités, il entend : « Nous ne savons pas faire », « Nous n’y arriverons pas ».
Ce n’est pas cela qui l’a fait renoncer à son projet. Au contraire. Il a su voir dans la crise autant une chance de changement qu’une réponse de Dieu à la prière. Cette supplique, souvent faite depuis Vatican II, que l’Eglise devienne une Eglise pauvre, une Eglise de pauvres. Espiègle, l’homme d’Église se plaît à souligner qu’elle a été exaucée. Aussi affirme-t-il que la survie oblige à s’ouvrir aux ministères de chacune et de chacun, puisque là est la richesse de l’Eglise.

À n’en pas douter, je perçois pour « notre » Église encore bien confortablement installée quelque chose à entendre.

Bernard Bolay, pasteur.

Les impulsions du Labo Khi

Albert Rouet a bien compris que les laïques, sont une richesse et un facteur essentiel pour le développement des communautés. Peut-être vaut-il la peine de commencer par identifier les activités qui peuvent fonctionner sans la présence d’un ou d’une ministre. Il s’agit ensuite de discerner les personnes qui pourraient en assumer la conduite et la responsabilité. L’expérience montre qu’en engageant des personnes nouvelles, cela amène une plus-value qui favorise le développement.

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