A l’Église comme à la maison

L’Église Resurrection Church à Williamsburgh (Brooklyn, NY) a été implantée dans le quartier de Brooklyn depuis environ huit ans sous l’impulsion de l’Eglise Redeemer avec la responsabilité du pasteur Vito Aiuto. Cette communauté compte aujourd’hui près de 300 personnes bien impliquées dans les différents groupes de lecture et les activités. Elle est désormais indépendante et a pris son envol soutenue par la personnalité charismatique de son pasteur. Composées de personnes entre 25 et 35 ans et de jeunes parents, avec une vraie mixité sociale, cette communauté est comme une île de douceur au milieu d’un environnement urbain tentaculaire.

Une église où vous êtes déjà chez vous

Vous arrivez dans un quartier très calme avec quelques bâtiments délabrés. Un quartier plutôt pauvre à la pointe nord de Brooklyn, investi par une population jeune, composée d’étudiants et d’artistes. La spéculation immobilière, avec sa cohorte de bobos, n’est pas encore passée par là.
A l’entrée, beaucoup de personnes jeunes et avenantes, très investies. Elles vous donnent le sentiment que vous êtes d’emblée accepté. Un prénom suffit. On vous propose du café. Et vous vous sentez chez vous, dans un lieu chaleureux.
L’église est grande, belle, décrépie aussi. Le plafond ne retient plus la pluie. En témoignent les bacs juchés un peu partout dans les étages des balcons. Ça ne dérange pas, au contraire. La vétusté du bâtiment lui donne un style plus fort, un peu alternatif.
L’église a gardé son identité initiale luthérienne : le décor, clinquant, fleure le catholicisme. Au coin, un orchestre de musique folk urbaine joue. L’ambiance est posée. C’est une réunion entre amis. Une intimité particulière se dégage, portée par l’endroit et l’attente du culte.

Un culte classique et relaxe

La liturgie traditionnelle réformée est respectée. Quelques particularités la rendent plus intense. La confession des péchés se fait à genou : le moment, bref et dense, interpelle. Puis, après avoir reçu la grâce, à la suite de la prière, les participants se serrent la main pour se donner la paix du Christ. Ce geste est chaleureux. Certains paroissiens traversent la chapelle pour se donner l’accolade. Cet instant de partage dure. À nouveau, inattendu. La musique reprend doucement pour indiquer que la cérémonie se poursuit.
Les choses se suivent, décontractées, jusqu’à la prédication. Le thème du jour : l’espérance. C’est pasteur Vito Aiuto qui prêche. Une personnalité profilée, musicien (folk urbain), dont le sérieux théologique surprend. Par moments, il interrompt sa prédication pour inviter la communauté à relire certains passages. Chaque personne est munie d’une Bible. Le culte se mue alors en un grand groupe de partage et de réflexion. La communauté étudie avec concentration. On sent une habitude profondément ancrée. Tous, petits et grands, participent à l’interprétation. C’est une construction collective.
La fin du culte est très joyeuse et communique un sentiment de libération. On bascule à nouveau dans la réunion décontractée entre amis. Les paroissiens restent là, pas pressés. Le pasteur est loin de se trouver au centre de l’attention. Au contraire, chacun semble avoir une place. Le regard demeure attentif aux autres. Chaque contact étant une occasion d’approfondir un lien et de faire vivre la communauté. Et vous vous sentez déjà chez vous.

Une source d’inspiration

Après cette expérience de culte, nous avons retenus quelques éléments qui nous ont plu et qui, à notre sens, sont une source d’inspiration pour notre Eglise en Suisse romande. Nous dirons tout d’abord que chaque personne est investie autant que le pasteur dans l’attention portée à autrui. Bien que le pasteur soit ici une figure très charismatique pour sa communauté, nous sentions bien qu’il n’en était pas le centre. Il y avait là un immense travail de mise en lien de la part du pasteur. Après la prédication, il s’est fondu dans l’ensemble des groupes et des conversations, personne n’a convergé vers lui, au contraire.

L’autre aspect se manifeste dans la capacité à réinvestir la liturgie classique à l’aide de musique contemporaine folk écrite et composée par des musiciens de la paroisse. Les paroles étaient faciles à assimiler, et sans tomber dans le kitsch ou le simplisme. De plus, nous percevions rapidement l’immense travail fait en amont au niveau des groupes de lecture. Chaque paroissien avait sa Bible avec lui et était impliqué dans l’interprétation des textes avec le pasteur, en direct. Du coup, il y avait cet aller-retour entre des moment plus calmes et légers et des moments de lecture communautaires, de méditation, et des instants de joie… Le culte, avec son rythme cadencé et varié, a passé très vite… tout en restant simple, classique… A notre portée.

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