Depuis début juin (2014), Simon Weber est venu donner de nouvelles forces au projet Khi avec un engagement à 50%. Pour faire connaissance, il s’est prêté au jeu des questions – réponses.
Quels sont les éléments de votre trajectoire personnelle qui offrent des compétences pour ce poste ?
C’est plutôt une question d’expériences qu’une question de compétences qui me permet de me réjouir de travailler avec cette équipe dans ce projet Khi. Je pense être un des derniers à avoir bénéficié d’une socialisation religieuse complète dans le cadre familial et à l’Église française de Bâle. Par la suite, c’est tout le travail de catéchèse auprès des petits enfants, des enfants et des adolescents qui a marqué mon ministère de pasteur au sein de l’EREN. Cela m’a obligé à beaucoup m’interroger et réfléchir sur la pertinence de l’Evangile au cœur de notre monde et en particulier du monde des adolescents et des enfants.
Ensuite, j’ai fait un grand nombre de jour de service militaire, non pas comme aumônier, mais comme soldat et comme officier et commandant. J’y ai été confronté à la question de l’Evangile dans un milieu assez indifférent ou réfractaire à l’hypothèse Dieu. La rencontre de personnes d’horizons et de couches sociales très variés dans un contexte assez dur et exigeant m’a permis d’élaborer des pistes de communication nouvelles. J’avais une « paroisse » extrêmement vaste à disposition pour bien des exercices de style.
Et enfin, le fait d’avoir été non seulement directeur de la communication, mais aussi porte-parole de la FEPS (Fédération des Eglises Protestantes de Suisse) face à des journalistes pas toujours spécialisés, qui venaient avec des images du christianisme et de l’Église complètement étriquées et obsolètes. L’expérience de tenter de revenir à l’essentiel de manière brève et souvent dans l’urgence m’a beaucoup fait avancer dans ma réflexion autour de l’évangélisation.
Ce mot « évangélisation », comment le comprenez-vous ?
Très franchement, je n’ai jamais vraiment aimé ce mot. J’aime le mot « Évangile », mais le mot « évangélisation » me fait penser qu’on octroie la bonne parole, non pas dans le sens de la Bonne Nouvelle, mais de ce qu’il convient de penser et d’être. Tout compte fait, il est difficile de trouver un autre mot. Pour moi la question est « comment rendre l’Évangile pertinent au cœur du monde d’aujourd’hui ? ». C’est l’essentiel sur le plan de l’Église et de l’individu vis-à-vis de son prochain. Peut-être avons-nous perdu de vue cela parmi toutes les autres obligations qui sont celles d’une communauté établie depuis bien longtemps. La première expression qui a désigné le christianisme naissant dans les Actes de Apôtres, c’est « la voie ». J’aime beaucoup cela. C’est le mouvement. J’avance. J’ai souvent le sentiment que dans une période faste, on en reste à l’establishment. On s’est installé, on fait du sur-place et on a quitté le mouvement. Alors même que le monde a avancé à une vitesse folle en ayant appris à venir à bout de toutes les questions importantes sans faire appel à l’hypothèse Dieu, comme le dit Dietrich Bonhoeffer. Et il apparaît que tout va sans Dieu aussi bien qu’auparavant. L’Église doit montrer en quoi l’hypothèse Dieu, que j’appelle l’Évangile, a une place et non pas une utilité. Cette place, au cœur du monde, c’est ce que j’appelle l’évangélisation. La pertinence de l’Evangile c’est qu’il parle à tout l’espace et pas seulement à l’espace ecclésial. J’aime beaucoup ce mot « pertinence ». S’il n’y a pas de pertinence, je ne vois pas le mouvement, le déplacement, le sens.
Quel regard portez-vous aujourd’hui sur l’Église réformée vaudoise ?
Mon privilège est d’avoir vu vivre et travailler 26 Églises différentes, comme porte-parole de la FEPS. Et l’Église vaudoise a toujours eu une place importante en Suisse. À l’heure actuelle, je suis en phase de découverte et cela me motive. J’observe que l’EERV a connu un succès dans de nombreux domaines. J’ai l’impression que la question du mouvement, du décentrement, la possibilité de se « décadrer », de se mettre de biais pour s’interroger sur l’Évangile reprend sa place. Arriverons-nous encore à contaminer les autres ?
Par rapport au dossier Khi, quelles sont les priorités que vous voyez ?
Le projet Khi, c’est d’être à disposition des lieux d’Église, des paroisses, des régions, dans le domaine de la vie communautaire. L’une des priorités est d’identifier les lieux de dynamisme, mais aussi les fragilités. Il s’agit d’aider à augmenter la dynamique. Par la suite, il faut activer les réseaux pour partager les expériences positives et permettre de les transposer dans d’autres lieux.