Tradition et modernité se donnent la main dans une messe pop

Pour chercher de nouveaux publics, la paroisse catholique de Boulogne-Billancourt (Paris) associe liturgie classique et musique contemporaine. Le pari semble assez réussi.

Dimanche 17h45, les cloches de l’église de l’Immaculée conception à Boulogne-Billancourt sonnent brièvement. Le lieu est encore quasi vide, une trentaine de personnes au plus dans l’espace immense. Des jeunes à l’entrée accueillent les paroissiens.

Les musiciens s’affairent autour des instruments. Depuis septembre 2019, la messe de 18h est animée par le groupe Hopen — leur nom joue sur les mots hope et open, entre espérance et ouverture. Quatre frères, musiciens professionnels depuis cinq ans, donnent une couleur pop-rock à la célébration.

Il est 18h, la messe débute avec les mots de bienvenue de Charles, le chanteur du groupe, qui demande joyeusement si l’on va bien. Puis, les enfants de chœur, le prêtre et un diacre entrent solennellement. Des personnes continuent d’affluer dans l’église. L’assemblée en compte désormais plus de 200. Elle est très hétéroclite. De jeunes enfants côtoient des personnes âgées. Blancs et noirs se mélangent. Les styles vestimentaires me révèlent qu’ils proviennent plutôt de milieux aisés.

La liturgie est celle de l’Eglise catholique que le prêtre semble respecter à la lettre. Mais elle est régulièrement soutenue par la musique douce et harmonieuse, par les chants proches de la sensibilité évangélique, certains composés par le groupe.

Les paroles liturgiques et la musique s’enchaînent paisiblement créant une belle atmosphère. L’eucharistie — distribuée par les ministres et deux laïques — se déroule sur fond de ballade.

Ici, la liturgie traditionnelle et la musique contemporaine se donnent la main pour construire une belle célébration, entre modernité et fidélité.

 
Les impulsions du Labo Khi

La musique classique ne constitue pas une nécessité impérieuse de nos célébrations. Comme nous avons pu le constater à New York, la diversification des genres musicaux permet de rejoindre d’autres publics aux goûts variés. De nouveaux comportements apparaissent (se lever, frapper des mains) qui transforment la dynamique des célébrants et l’enthousiasme des fidèles. Pour suivre cette piste, il est parfois nécessaire d’engager d’autres musiciens. Dans le canton de Vaud et ailleurs, nombre d’organistes sont payés par les communes et non par les paroisses. Ceci constitue une contrainte forte et a conduit à une forme de monoculture de l’orgue. La question est sensible et peut conduire à des crispations. Certaines paroisses ont pourtant trouvé moyen de profiler leurs cultes en fonction de styles, de formes liturgiques et musicales. Évitant une guerre des notes, elles ont compris tout le bénéfice d’élargir la palette des genres. Étonnamment cela a même permis une meilleure collaboration et co-construction des célébrations pour lesquelles les organistes étaient demandés et, par conséquent, une mise en valeur de leur apport spécifique.

Abonnez-vous à notre lettre de nouvelles.