Une oasis liturgique au milieu de Paris

La fraternité monastique de Jérusalem est un mouvement international dont l’objectif est de vivre une vie monastique au cœur des villes. Elle anime des offices religieux qui offrent aux visiteurs des espaces de prière ressourçants.

Caroline Bretones, pasteure dans la paroisse du Marais, à la fin d’un entretien me demande : « Aimes-tu la liturgie ? Alors va à St-Gervais ! ». J’y vais.

17h50, en l’église de St-Gervais – St-Protais, une dizaine de personnes occupe l’immense espace de la nef, dans une relative obscurité. Dans le chœur, vêtus de blanc et agenouillés, les membres de la Famille de Jérusalem. Une douzaine d’hommes à gauche, une petite vingtaine de femmes à droite. Ce sont deux fraternités monastiques réunies sous un même toit. Un même esprit de famille les anime, un même appel les rassemble : contempler Dieu dans la cité des humains, leurs frères et sœurs. La plupart travaille à mi-temps à l’extérieur, l’autre mi-temps étant consacré à la prière, à l’adoration et à l’étude de la Bible.

18h, office des vêpres. La lumière se fait dans l’église. L’assistance s’est étoffée. Nous devons être une quarantaine pour chanter les psaumes, écouter une page de St-Augustin et prier.

18h30, messe. Je compte au moins septante personnes rassemblées pour la célébration de l’eucharistie. Une brève homélie sur la parabole de l’économe malhonnête et avisé (Lc 16,1-8), en écho au texte d’Augustin qui méditait ce même passage de l’évangile. La liturgie est traditionnelle. Elle est agrémentée du chœur des sœurs et des frères.

Au moment du souhait de paix que chacune et chacun est invité à adresser à ses voisins, les hommes et les femmes de la Famille de Jérusalem viennent à la rencontre de l’assistance. C’est un beau moment de fraternité où le blanc de leur habit se mélange aux couleurs plus ternes de nos vestes et de nos manteaux.

Au cœur de Paris, entre foule pressée et circulation intense, une communauté prie et offre à celles et ceux qui le désirent une pause bienvenue. Après plus d’une heure et demie passée dans cette église, je ressors plus léger.

Bernard Bolay

 
Les impulsions du Labo Khi

Du côté protestant, le nouveau monachisme se développe à la fin des années 90. L’idée est de vivre un engagement communautaire de prière au centre de la vie trépidante. C’est aussi le constat de la prééminence de l’activité professionnelle et du besoin de trouver des espaces de sérénité. Le rapprochement des « deux mondes » permet un ajustement entre la prière et l’environnement. Et puis, la visibilité de l’engagement spirituel interroge. Parfois, il suscite un chemin de foi chez celles et ceux qui croisent ces communautés. Une telle visibilité bouscule quelque peu nos habitudes protestantes de retenue et de discrétion. Et pourtant ! Nombreux sont les groupes ou cellules de prières de nos villes et villages qui prient pour le monde qui les entoure. Pourquoi ne pas les mettre en lumière ? Leur visibilité et leur ouverture à l’accueil du passant permettrait certainement des rencontres spirituelles fructueuses. Certains lieux comme l’Oasis nomade à Vevey proposent des temps de spiritualité avec une « liturgie » simple et en adéquation avec les demandes des participants. Faire un effort de visibilité augmente la surface de contact avec ceux qui sont parfois bousculés dans notre société.

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