L’histoire des « fresh expressions »

L’idée de stimuler la croissance des communautés, en cherchant à adapter les formes à l’évolution sociale, arrive en Angleterre au milieu des années 1970. Celle-ci a pris racine aux États-Unis dès les années 1950 avec une littérature et une théologie missionnaires. Depuis la fin des années 1970, l’Angleterre est le théâtre d’un développement de groupes de croyants qui se rassemblent en marge des paroisses classiques. Sous l’impulsion d’initiatives personnelles de laïcs, parfois soutenus par leurs ministres, et encouragés par des campagnes d’évangélisation, des groupuscules commencent à poindre sur les écrans radars des sociologues au tout début des années 1980. Divers organes s’y emploient et la publication, en 1984, de « How to Plant Churches » par la British Church Growth Association, peut être vu comme le premier jalon d’une abondante littérature.

Dès 1987 et durant 20 ans, l’Église Holy Trinity Brompton organise une conférence annuelle sur l’implantation d’Églises. Avec le développement des « cours Alpha », elle se place rapidement en pôle position du développement de nouveaux groupes. Les actes de ces conférences sortent de presse en 1991 sous le label « Planting New Churches ». Alors que les médias commencent à s’intéresser à ce phénomène, la hiérarchie anglicane leur emboîte le pas et constitue un groupe de travail. L’enjeu double concerne aussi bien la gestion de quelques groupes « sauvages » que les inquiétudes grandissantes des paroisses traditionnelles.
En 1994 paraît un rapport qui marque un premier tournant dans l’histoire de ces formes d’Églises émergentes. « Breaking New Ground : Church Planting in the Church of England » identifie le phénomène, lui donne un cadre licite au sein de l’institution et formule quelques recommandations pour son développement. Tout en reconnaissant l’importance des paroisses territoriales, il parle de la nécessité de toucher le voisinage des populations non touchées par les structures en place. L’expansion se nourrit de cette reconnaissance et se poursuit dans un nouvel élan.

Un important travail de documentation et de visibilité de ces groupes se met en place dès 1999 avec les publications de George Lings et Claire Dalpra. Le magazine « Encounters on the Edge » s’intéresse à plus de 50 « fresh expressions » jusqu’en 2012. Il est aujourd’hui remplacé par la diffusion d’une série de clips vidéo.

Soucieuse de suivre la progression de ces groupes, l’Église anglicane d’Angleterre mandate un nouveau rapport évaluant l’état de la situation. En 2004, « Mission-Shaped Church : church planting and fresh expressions of church in a changing context » fait l’effet d’une bombe. Il popularise la notion de « fresh expressions », déjà présente dans le livre de 1993 de Gerald Arbuckle : Refounding the church. Ce document inscrit le développement de ces groupes dans ce qu’on peut qualifier de stratégie d’Église. Il pose des éléments d’une théologie missionnaire et d’un cadre de développement. Il utilise également la notion de « mixed economy » pour désigner la nécessité de pacifier la coexistence entre les nouvelles formes et les paroisses établies.

Dès lors, le nombre de ces groupes  connait une explosion, son intérêt international va grandissant et l’une des branches développe son propre label sous la désignation de « Messy churches« . Aujourd’hui, plusieurs milliers de groupes sont présents en Angleterre, Irlande et en Ecosse sous l’oeil attentif de nombreux sociologues. L’Université de Durham, au nord-est de la Grande-Bretagne, possède même un centre de recherche en matière de croissance d’Église. Deux autres documents d’importance sont à signaler. En 2014, un groupe de recherche soutenu par l’Église anglicane publie les résultats d’une vaste enquête effectuée dans dix diocèses de l’Église anglaise. « From anecdote to evidence » cherche à identifier statistiquement quels sont les paramètres de la croissance de l’une de ces micro-églises. Il se penche sur huit critères de développement qui sont exploités, dès 2015, dans du matériel destiné à stimuler les initiants de ces groupes.
« From evidence to action » prend les contours d’un site internet qui propose des formations, de la documentation et un réseau d’acteurs.

Le réseau des « fresh expressions » est présent en Suisse et le Labo Khi est impliqué dans son élaboration. Les informations sont présentes sur le site freshexpressions.ch

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