Des cultes à la carte

Dans la Paroisse du Pied du Jura, de nouvelles formes de cultes adaptées aux goûts de chacun ont vu le jour. Coup de projecteur sur ces façons de célébrer dans cette série d’articles [1/8].

Une énergie renouvelée

Rassembler une communauté sur onze lieux de cultes et onze villages différents, le défi qui se présente est complexe. L’enjeu est d’éviter l’épuisement, de valoriser les temples et de permettre aux habitudes d’évoluer. Un long processus de transformation commence en 2017. Plusieurs éléments contribueront à nourrir cette mutation. Une lettre du Conseil Synodal de l’époque enjoint les paroisses à ne proposer qu’un seul culte le dimanche. La missive précise que le culte n’est pas d’abord un service à la population, mais le rassemblement de la communauté. La phrase génère un déclic auprès du Conseil paroissial. Un autre facteur déclenchant sera apporté par le pasteur, Etienne Guilloud, qui termine une formation en leadership interpersonnel. Il y puise des outils lui permettant de faciliter la mise en place du projet. En l’espace d’un été, une équipe se met sur pied et élabore les grandes lignes en lien avec le Conseil paroissial.

Cinq couleurs pour célébrer

Au terme de ce minutieux processus d’élaboration, de maturation et de concertations, cinq formes de célébration voient le jour. Certaines sont présentées comme des événements sous les labels “C’est la fête” ou “Sans limites”. D’autres signifient un attachement à l’héritage, c’est le cas des formes “Patrimoine” ou “Spéléo-bible”. Enfin, une forme “Oasis” cherche à rejoindre un public plus familial souhaitant se ressourcer.

La réflexion s’oriente également sur la communication puisque chaque public-cible est identifié. La recherche d’une optimisation des moyens d’information s’ajuste à l’effet recherché. La démarche de valorisation passe par une approche de type marketing. Mais celle-ci ne se résume pas à une simple opération cosmétique. Une réflexion en profondeur et un intense engagement dans la prière accompagnent la démarche avec pour but de mieux profiler les priorités paroissiales. Deux axes complémentaires sont élaborés en forme de slogan : “Diversifier pour rejoindre et rassembler pour stimuler”.

Innovation, tradition, évangélisation

Les innovations cultuelles ne sont pas reçues de la même manière par tous. « Certaines personnes se sont levées durant les annonces du culte pour manifester leur désapprobation, d’autres sont venues me dire qu’elles ne se reconnaissaient plus dans ces façons de faire », confie le pasteur, en observant l’impact des changements sur les paroissiens. Si les habitudes de célébrer sont bousculées par certaines formes liturgiques nouvelles, les cultes« Patrimoine » visent à montrer que le  changement n’est pas un reniement de l’héritage protestant. Les cultes« Spéléo-bible », permettent aussi d’approfondir de manière participative la compréhension du texte biblique.

Des ajustements sont encore nécessaires afin que chaque célébration trouve son public et sa forme optimale. De plus, au moment de la mise en œuvre, le pasteur a rejoint une autre paroisse et le covid-19 a grandement perturbé les plans. L’adversité n’a heureusement pas fait capoter le projet. Le Conseil ainsi que la nouvelle pasteure poursuivent le travail. En point de mire, la dimension de l’évangélisation est un axe fort. L’objectif est de faciliter l’accès des cultes à de nouvelles personnes.

Une série d’articles

Cette série d’articles entend lever un coin de voile sur l’expérience menée au Pied du Jura. Son ambition est de générer de l’intérêt pour une diversification dans les formes de célébration, de valoriser les démarches entreprises et de comprendre les difficultés. Plus largement, elle pose la question des pratiques liturgiques, des attentes, des traditions et des résistances au changement. L’histoire de ces formes de culte diversifiées n’est pas terminée. Elle se poursuit avec de nouvelles perspectives et de nouvelles questions. Nous en parlerons dans l’article conclusif. Tout d’abord, nous nous intéresserons aux différents aspects de ce projet au long cours. A son histoire, à la façon dont le projet a évolué, aux expériences menées et à leurs effets. Il y a de quoi s’en inspirer pour générer de nouvelles formes de célébration et rejoindre d’autres publics et d’autres manières de vivre et d’exprimer sa spiritualité réformée.

Abonnez-vous à notre lettre de nouvelles.