Osez la contagion de la confiance !

Une invitation, un encouragement, une analyse, des pistes pour être et travailler l’identité des croyants et des Églises.

C’est une magnifique conférence prononcée par Laurent Schlumberger dans le Centre de Sornetan le 30 avril 2011.

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On peut signaler deux ouvrages stimulants du pasteur Schlumberger.

Sur le seuil, paru en 2005 et réédité en 2016, un texte court, incisif et défiant autour du témoignage et de l’évangélisation.

A l’Église qui vient, paru en 2017, qui est constitué d’un florilège de textes nourrissants qui font progresser la réflexion sur la pertinence de l’Évangile, la plausibilité de l’Église et la nécessité de travailler une théologie en mouvement.

Une synthèse sur l’évangélisation signée Jacques Matthey

C’est le texte d’un exposé fait en 2008 à l’Association des pasteurs et diacres de l’EERV (aujourd’hui la Ministérielle) par Jacques Matthey, ancien directeur du programme « mission » au Conseil OEcuménique des Églises (COE).

Un bref constat suivi d’une invitation à renouer avec la passion est suivi d’éléments de typologie qui permettent de structurer les formes d’évangélisation. Ce texte court (14 pages) offre une belle synthèse de la thématique. Il n’a rien perdu de son actualité.

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Revaloriser l’évangélisation dans l’Église réformée

Un document de réflexion destiné à fournir un embryon théologique à une réflexion plus vaste sur la question de l’évangélisation. Signé Martin Hoegger, retravaillé par Jean-Denis Roquet, François Rochat et Alain Wyss. Contient quelques belles références à la manière dont le thème était considéré en 2005 ! Télécharger (pdf 240 Ko)

La webangélisation

cath.chUne présentation d’un opus signé François-Xavier Amherdt et Jean-Claude Boillat. Intitulé « Web & Co et pastorale » il fait le point, côté catholique, des NTIC en regard de la problématique de la proposition de l’Évangile.

Lien sur le site cath.ch

Les modèles missionnaires du Nouveau Testament

Dans notre monde déchristianisé l’évangélisation n’a pas bonne presse et pourtant elle est constitutive de la vocation de l’Église, qui est d’être pour les autres et pour le monde une Église de témoignage et de rencontre.

Christian Grappe, Prof. Nouveau Testament à l’Université de Strasbourg

Alors comment partager l’Évangile d’une nouvelle manière aujourd’hui ? Un retour aux sources permet de distinguer quatre modèles missionnaires stimulants dans le Nouveau Testament : la mission centripète ou d’édification de la communauté, la mission centrifuge ou de création de nouvelles communautés, la mission par contagion et la mission par immersion. Ces modèles ont été présentés par Christian Grappe, professeur de Nouveau Testament à l’Université de Strasbourg.

Les modèles centripète et centrifuge


Le modèle centripète se focalise sur la communauté à faire grandir.

Jésus de Nazareth semble limiter sa propre proclamation et son action au seul peuple d’Israël : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël » (Mt 15,24). Mais déjà là, il y a une immense ouverture car le Royaume de Dieu fait irruption par sa proclamation et son action n’est pas limitée au Temple de Jérusalem. Contrairement aux autres mouvements de son temps, Jésus s’adresse à tous, sans aucune exclusion ou préférence. Par ailleurs, il associe les Douze à sa proclamation de la bonne nouvelle. On peut considérer cette approche comme centripète puisqu’elle se focalise sur un noyau à faire grandir.
Le grand changement à lieu après Pâques. On le voit clairement dans le contraste dans l’évangile de Matthieu entre l’envoi des Douze (Mt 10,5-15) et après la résurrection (Mt 28,16-20). Dans le premier cas, Jésus interdit de prendre le chemin de païens ou d’entrer dans une ville des Samaritains et dans le second, le Ressuscité ordonne de faire de toutes les nations des disciples. Cinquante ans se sont passés entre le temps du ministère de Jésus et la rédaction de l’évangile. La mission au loin fait donc appel à un modèle centrifuge à l’origine de nouvelles communautés.
Après Pâques les deux modèles, centripète et centrifuge, cohabitent et sont parfois mis en œuvre par les mêmes personnes.
Dans les premiers chapitres des Actes, la communauté de Jérusalem pratique une mission centripète en accueillant les pèlerins avec l’emblématique texte de la Pentecôte comprenant la liste des peuples (Ac 2,1-13). Il se peut qu’aux origines, l’Église primitive de Jérusalem ait envisagé le pèlerinage des nations de manière exclusivement centripète.

A l’image de la plante que l’on place dans un pot ou un terreau, le modèle centrifuge s’emploie à fonder des communautés nouvelles.

Paul est le principal acteur du modèle centrifuge. Convaincu de la proximité du retour du Christ, il est habité par un sentiment d’urgence qui l’amène à porter le plus rapidement possible l’Évangile aux confins du monde alors connu : l’Espagne. Cet inlassable propagateur de la bonne nouvelle est convaincu que l’Évangile doit être annoncé à toutes et à tous en tout lieu.
Mais Paul est aussi un promoteur du modèle centripète. En effet, une fois de nouvelles communautés fondées, il poursuit son apostolat et leur envoie des épîtres. Celles-ci sont davantage marquées par un souci d’édification communautaire que par un élan missionnaire.
Le livre des Actes témoigne également de la présence des deux modèles évoqués. Son auteur reprend, lui aussi, la dynamique d’une mission qui se conçoit à l’échelle du monde. Il n’est cependant pas sensible à l’urgence missionnaire de Paul. Dans Actes 1, 6-8 c’est le Ressuscité en personne qui assigne aux disciples comme mission le témoignage, dans une dynamique centrifuge, à partir de Jérusalem. Le « retard » du retour du Christ invite dans les années 80 à 90, à concevoir une histoire qui se déploierait sur la longue durée.
Le livre des Actes promeut un universalisme qui se limite au monde connu à l’époque, à savoir les frontières de l’Empire romain. Il est, dès lors, intéressant et important de constater que grâce au livre des Actes, l’Europe se trouve pourvue d’un récit de fondation dont ne dispose aucun autre continent.

Le modèle d’une mission par contagion

A l’image de la greffe qui grandit sur une autre plante dans l’idée d’une association fructueuse.

Ce modèle invite les croyants à être, à la suite du Christ, sel de la terre et lumière du monde. Le sermon sur la montagne (Mt 5,13-16) illustre ce modèle en insistant sur le témoignage dans le quotidien et sur l’exemplarité de la conduite. Ce modèle d’une mission conçue par contagion est aussi illustré par l’évangile de Jean. La prière de Jésus, au chapitre 17, affirme que l’objectif de l’unité des disciples et des croyants est le témoignage au monde. La démonstration de l’unité révèle la perfection de l’amour et du salut donnés par Dieu.
Mais c’est surtout dans la Première épître de Pierre que ce modèle est attesté. Ainsi dans 1P 2,12 les destinataires de l’épître sont exhortés à avoir une belle conduite au milieu des païens, afin qu’ils remarquent leurs bonnes œuvres et glorifient Dieu, au jour où il les visitera. Et 1P 2,15 renforce le propos en précisant que c’est en pratiquant le bien que les croyants réduisent au silence les hommes ignorants et insensés.

Le modèle d’une mission par immersion

L’idée de l’immersion correspond à la perspective des semailles qui se concentre sur la dissémination du message.

Ce modèle s’appuie essentiellement sur l’évangile de Jean. Il est frappant de voir, au début de cet évangile, Jésus réaliser des signes inhabituels pour la tradition juive et aller à la rencontre de personnages non-juifs ou syncrétistes. En Jean 2, il réalise à Cana un signe étranger à la tradition d’Israël, plutôt associé au culte de Dionysos très répandu jusqu’en Palestine et en Samarie. Et en Jean 4, il rejoint la Samaritaine sur ses terres au puits de Jacob. On observe donc une mission par immersion dans la mesure où le Jésus présenté par Jean prend en compte la situation de ses interlocuteurs et les rejoint sur leur propre terrain pour apporter une réponse à leurs attentes.

Des modèles d’actualité

Les récits du Nouveau Testament témoignent d’une créativité missionnaire capable de donner des réponses différenciées et contextuelles. Celles-ci ont permis l’essor de la nouvelle foi dans le cadre d’une société indifférente ou même hostile. On peut risquer quelques parallèles avec la situation actuelle de post-chrétienté. Bien que tributaire d’un lourd héritage dans lequel la mission s’est accompagnée de contraintes, voire de terreur, le mouvement missionnaire, tel qu’il est pensé dans le cadre du COE (Conseil Œcuménique des Eglises), a opéré une large remise en question. L’enjeu actuel est de redécouvrir une forme de fraîcheur que l’on découvre dans les quatre modèles présentés ici. Les modèles « par contagion » et « par immersion » insistent encore davantage que les autres sur la nécessité du profond respect dû à ceux et celles auxquels l’Évangile est annoncé.

Pour aller plus loin

Quelques pensées globales (le COE à Busan) [màj]

Quelques extraits du livre d’accompagnement de l’Assemblée mondiale du COE en Corée.

Le livre peut être intégralement téléchargé

Florilège de citations (publiées avec autorisation) :

Il fut un temps où l’on considérait que la mission était un mouvement allant du centre vers la périphérie, des privilégiés aux marginaux de la société. Désormais, les personnes vivant à la périphérie revendiquent le rôle clef qui leur revient d’être des agents de mission, et ils affirment que la mission est transformation. (p. 52)

Dans le passé, la mission chrétienne a parfois été comprise et pratiquée sous des formes qui ne reconnaissaient pas que Dieu est dans le camp des personnes qui sont en permanence repoussées à la périphérie. C’est pourquoi la mission depuis la périphérie invite l’Église à repenser la mission pour y voir une invitation faite par l’Esprit de Dieu qui œuvre pour un monde dans lequel la plénitude de vie sera offerte à tous. (p. 59)

Nous vivons dans un monde où la foi en Mammon menace la crédibilité de l’Évangile. L’idéologie du marché diffuse la propagande selon laquelle le marché global sauvera le monde grâce à une croissance illimitée. (p. 53)

Nous avons tendance à concevoir et pratiquer la mission comme quelque chose que l’humanité fait pour d’autres. Au contraire, les humains peuvent participer en communion avec l’ensemble de la création à la célébration de l’œuvre du Créateur. (p. 56)

Ce n’est pas à nous d’affirmer que l’Esprit est avec nous; ce sont les autres qui doivent le reconnaître du fait de la vie que nous menons. (p. 57)

L’Église est appelée à être une communauté inclusive qui accueille tout le monde. Par ses paroles et par ses actes, et dans son existence même, l’Église est un avant-goût du règne à venir de Dieu et elle en témoigne. L’Église est le rassemblement des fidèles et leur envoi en paix. (p. 64)

Différentes Églises ont des façons diverses de concevoir la manière dont l’Esprit nous appelle à évangéliser dans nos contextes respectifs. Pour certaines, évan- géliser consiste essentiellement à amener des personnes à une conversion personnelle par Jésus Christ; pour d’autres, il s’agit d’être en solidarité et de proposer le témoignage chrétien au travers de la présence auprès de personnes opprimées; d’autres encore con- sidèrent l’évangélisation comme une composante de la mission de Dieu. Différentes traditions chrétiennes présentent sous des formes différentes certains aspects de la mis- sion et de l’évangélisation. Cela dit, nous pouvons quand même affirmer que l’Esprit nous appelle toujours à adopter une conception de l’évangélisation qui soit ancrée dans la vie de l’Église locale dans laquelle le culte (leitourgia) est indissolublement lié au témoignage (marturia), au service (diakonia) et à la communion (koinonia). (p. 70)

Malheureusement, la pratique de l’évangélisation a parfois trahi l’Évangile au lieu de l’incarner. (p. 71)

L’évangélisation authentique s’enracine dans l’humilité et le respect pour toutes les personnes, et elle s’épanouit dans le contexte du dialogue. (p. 71)

On trouvera ci-dessous quelques ressources du COE sur la mission et l’évangélisation.

Le document (pdf 1Mo) Ensemble vers la vie : mission et évangélisation dans des contextes en évolution

Le site de la Commission mission et évangélisation (CME)

Elle est fraîche, mon expression !

Un nombre croissant de pasteurs et de médias réformés s’intéresse aux « Fresh Expressions », ces églises taillées pour une sous-culture donnée. La presse réformée alémanique s’en fait l’écho : les formes cultuelles nouvelles obtiennent un joli succès outre-manche. Depuis 2004, ces expressions nouvelles ont obtenu le blanc-seing de l’Archevêque de Canterbury pour représenter des lieux de créativité à même de rejoindre des populations entière hermétiques à l’idée de fréquenter un culte traditionnel. Skaters, gothiques, personnes âgées ou businessmen, chacun peut trouver, à Londres ou Manchester, un lieu pour vivre la foi avec des alter-égo qui partagent la même passion, la même profession ou le même cercle social.

Plus de 2’000 groupes et 60’000 paroissiens plus tard, l’essor de cette initiative d’inculturation ne fait plus mystère d’une forme de succès. A tel point que l’assemblée des délégués de la FEPS recevait, en novembre 2012, George Lings, l’un des pionniers de ces nouvelles formes d’Eglises. Inspiré par cette créativité, le pasteur Rolf Kühni s’est employé, il y a dix jours, à cirer des chaussures dans un centre commercial pour chercher le contact avec les passants. Dans une autre sensibilité théologique, le pasteur Matthias Krieg, responsable de formation des adultes dans l’Eglise réformée zurichoise, est un convaincu.

Hans-Peter Geiser, ancien pasteur de l’Eglise réformée de langue allemande (PLA) de la Côte, connait bien ces communautés et d’autres modèles auxquels il s’intéresse depuis très longtemps. « Dans un cadre multitudiniste, la formation continue des Eglises réformées alémaniques envoie pour la deuxième fois des pasteurs pour découvrir ces « Expressions », réfléchir à une transposition en milieu helvétique et stimuler leur créativité. En Suisse ces initiatives « Fresh Expressions » ne sont pas encore vraiment présentes, mais elles suscitent beaucoup d’intérêt. Parfois les initiatives personnelles sont un peu marginales se développent loin des Eglises historiques. Dans l’Eglise anglicane, ces formes sont intégrées par la structure. Elle a pris conscience qu’elle a beaucoup à perdre si elle ne parvient pas à chapeauter l’innovation. »

Références

Pour entrer (en français) dans l’univers des formes d’églises dites « émergentes » et d’autres mouvements créatifs.

Michel Moynagh, L’Eglise autrement, Ed. Empreinte Temps Présent, 2003

 

La référence théologique et sociologique à la base des « Fresh Expressions » (en anglais)

Michel Moynagh, Philip Harrold, Church for Every Context, SCMPress, 2012

Le site web temoins.com regorge de documents intéressants. Quelques exemples :

Rendez-vous

Une journée de formation à Zurich, le 2 novembre 2013 (inscriptions jusqu’au 2 octobre…) (en allemand)

Idem à Bâle, le 9 novembre 2013 (flyer, pdf, en allemand)

Un voyage en Angleterre, 3-10 mai 2014, organisé par l’Office Protestant de Formation (inscriptions jusqu’au 31 décembre 2013)

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