Sécularisation, recherche spirituelle : le point

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Les mécanismes de perte d’influence du religieux sont en marche depuis plus de 40 ans. Longtemps, ils se sont accompagnés d’une montée d’intérêt pour des offres de spiritualité non institutionnelle. Cette demande est bientôt terminée, prédit le sociologue Philippe Gonzalez, maître assistant à l’Université de Lausanne.

Certaines études de sociologues, faites à la fin des années 2000, sont très intéressantes. Les théories sur la sécularisation prédisaient, en gros, la disparition des religions avec la progression de la modernité.

Les sociologues se sont rendus compte que c’est valable pour l’Europe. Mais que le modèle européen reste une exception dans le monde.

En affinant les modèles sur l’Europe, on a découvert que la sécularisation progresse, mais aussi, qu’elle s’accompagne d’une sorte de progression de la spiritualité. Cette progression cache une autre progression qui lui succède : celle d’une société complètement sécularisée.

La sécularisation signifie que la religion institutionnelle s’affaiblit considérablement, voire, disparaît. On le voit bien aujourd’hui, la demande relève de la démarche spirituelle, mais surtout pas du religieux institutionnel.

Les attentes sont individualisées, le clergé n’en a pas la maîtrise. Les rites peuvent être inventés et la vie n’est pas encadrée par les doctrines.

La montée de ce spirituel inspirait au sociologue des réflexions sur la disparition des institutions religieuses et la persistance du fond spirituel. Ce n’est pas vraiment ce que l’on observe en Europe.

La génération qui s’est reconnue dans la spiritualité, on peut la désigner comme étant celle des post ’68. La génération suivante est complètement hors de ces ressources de spiritualité. Elle ne va pas chercher dans les traditions ésotériques. Elle ne va pas puiser dans les traditions orientales des réponses à ses questions existentielles.

On assiste à une sortie du religieux. Cela ne veut pas dire qu’il y a pas des questions fondamentales relatives au sens l’existence. Mais les lieux pour y répondre sont différents. Le sens n’est pas cherché auprès des religions institutionnelles d’ici ou des traditions spirituelles d’ailleurs.

Journée EERV – pour les convaincus ou pour les distancés ?

Ce samedi 7 septembre 2013, la Journée de l’EERV a constitué une belle occasion de rassembler les talents des uns et des autres. Une occasion rare de se montrer les uns aux autres, les initiatives, les engagements, les réflexions, les actions et les réalisations achevées ou en cours.

Sans effectuer de sondage, on a pu aisément repérer que le public de cette manifestation état largement constitué de proches du « sérail » et que les « distancés » n’ont que marginalement participé à la fête. Loin de vouloir culpabiliser quiconque, ce constat révèle sans doute la difficulté de mobiliser au-delà des cercles déjà engagés. Pour alimenter la réflexion et, pourquoi pas, stimuler le débat, je m’interroge sur la stratégie à adopter en pareille situation. Faut-il fonctionner de manière concentrique en cherchant à rassembler le plus grand nombre de personnes motivées dans l’espoir qu’une « masse critique » se forme et qu’à la manière d’une réaction en chaîne la publicité et le buzz opèrent leur magie et fassent grossir les rangs ? Faut-il, au contraire, travailler non pas à rassembler les convaincus en un groupe visible, mais les envoyer tisser autant de liens que possible et à visibiliser leur spécificité en des lieux non identifiés à l’Eglise ?

Centrifuge ou centripète ? Quelles sont vos expériences et vos réflexions en la matière ? Pour réagir : un simple commentaire.

Les découvertes de Hetty Overeem

Etant en chemin depuis 2009 avec un mandat d’évangélisation dans l’EERV, je résume juste ce qui m’a travaillée le plus – et me travaille toujours:

1) Ma plus grande question : QUEL EVANGILE ?! C’est chouette de chercher de nouvelles formes, mais le contenu n’est pas acquis : le message des réformés est trop souvent perçu comme flou, une « spiritualité » avec tellement de place pour toutes sortes d’opinions que les gens se sentent perdus… ils pensent alors pouvoir rester dans un no man’s land, où ils n’ont pas besoin de choisir, de se tourner radicalement vers celui qui peut les libérer des chaînes du péché et de la culpabilité que ce péché provoque.

– Mais est-ce qu’évangéliser, c’est renvoyer à Hetty et « sa spiritualité » ? Ou être passionné pour (et par) Jésus-Christ mort et ressuscité pour nous libérer tous ? Est-ce que je suis d’accord de me laisser évangéliser toujours et encore d’abord moi-même par l’Esprit qui ne demande que ça ?!

2) Ma plus grande joie : Que Dieu fait tout… et qu’il me demande de me joindre à ses projets. C’est si simple mais si essentiel – et quand je l’oublie (mon plus grand piège !!) je fais toujours du travail et peut-être même du bon travail, mais ce qui se passe est alors «ancien » et jamais « nouveau » dans le sens de la vie nouvelle en Jésus-Christ qui remplace de plus en plus ce qui est ancien (2 Cor.5, 11-21). Cette vie nouvelle ne m’est pas familière et je ne l’ai reçue que dans ses débuts – mais elle me bouleverse… ! Elle change totalement ma manière de voir – et alors de faire.

La cabane installée à la gare du Flon (Lausanne)

3) Ma plus grande découverte : du temps en silence avec Dieu et les autres, sans aucune demande donc sans aucune pression : « Merci d’être là – si tu veux dire quelque chose, ok, si tu veux te taire, aussi ok ! »

4) Mon plus grand défi : la prière de Nicolas de Flüe :

Mon Seigneur et mon Dieu, enlève-moi tout ce qui m’éloigne de toi. Mon Seigneur et mon Dieu, donne-moi tout ce qui me rapproche de toi. Mon Seigneur et mon Dieu, enlève-moi à moi-même, et donne-moi tout à toi.

Je ne veux pas être simpliste, mais j’ai découvert que, quand je vis ça… j’évangélise !

Hetty Overeem, pasteure « Evangile-en-chemin »

Une émission de télévision consacrée à l’installation de la cabane au Flon (Lausanne)

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