L’empreinte de Vito Aiuto

Certaines personnes vous marquent d’une empreinte particulière. C’est ce qui nous est arrivé en rencontrant le pasteur Vito Aiuto. Il nous avait donné rendez-vous un restaurant ukrainien dans le quartier d’East Village, au-delà du pont de Williamsburgh que nous traversions quotidiennement pour rejoindre Manhattan depuis Brooklyn. D’emblée, Vito nous dit que ce lieu compte pour lui. Du haut de ses vingt années passées à New York, il nous avoue qu’il y revient parfois. Nous nous sommes surpris à imaginer l’épaisseur de sa vie new-yorkaise, saturée de ses souvenirs et de ses anecdotes que nous ne saurons jamais.

Un musicien parmi les hipsters

Enfin, Vito est là, devant nous, d’une jeunesse inaltérable, élégant, intimidant aussi. Avec une casquette de baseball de Détroit (sa région d’origine) bien ajustée sur sa tête, il veut d’abord nous connaître, alors nous devinons que cet entretien l’amuse, et il connaît un peu la Suisse… depuis son voyage à Paris.

Vito est une célébrité. Le New York Times a fait un portrait de ce «pasteur pour hipsters». Il est aussi musicien: sur Youtube, certaines chansons de son groupe, The Welcome Wagon, comptabilisent 150 000 vues, ce n’est pas peu dire pour du folk urbain à forte consonance chrétienne. Vito est un pasteur peu commun de par ses capacités de composition. Il renouvelle et adapte les chants aussi pour son Église. Cette pratique est centrale dans le succès de ses cultes.

Le don de s’effacer

Il est difficile de s’effacer lorsque vous avez une personnalité aussi charismatique. Mais Vito s’y efforce sans cesse. Au sein de sa communauté, il ne se considère pas comme le champion de la foi. Il ne souhaite pas être celui qui croit à la place des autres – encore moins «mieux» que les autres. Au contraire, il cherche à encourager la foi d’autrui en se mettant à leur portée, et n’a pas peur de douter avec eux. Sa vocation lui reste étrangère et énigmatique: ce qui constitue la nature profonde de son engagement pastoral – et de sa foi. Jour après jour, il s’étonne d’être là, devant sa communauté, à prêcher.

Derrière l’assurance de sa posture pastorale, une immense humilité se dégage à mesure que nous discutons avec lui. Elle est d’autant plus exprimée que Vito ne tire aucun avantage personnel du succès de l’église qu’il a implanté dans Williamsburgh. Il demeure conscient de la fragilité de cette communauté composée de personnes très jeunes, principalement entre 20 et 35 ans. Contre toute attente, il aspire à avoir plus de personnes âgées, pour des questions d’expérience et de stabilité. Avec les jeunes, il y a beaucoup de mouvement et la communauté doit tout le temps s’adapter à ces vagues d’arrivées et de départs.

Une théologie simple et généreuse

Un détail touchant qui caractérise son rapport à la foi: au moment où nous nous apprêtons à le filmer, nous lui demandons de tester son micro. Il se met alors à déclamer le Psaume 1, comme s’il s’agissait d’un long slam. Chez lui, la Bible et la théologie se font poésie, sans ostentation, avec une profonde légèreté.

Vito Aiuto n’est pas comme les autres, mais nous aimerions tous être comme lui: sincère et soucieux de promouvoir la parole et les promesses de l’Evangile, et plus que tout, de rappeler la bonté de Dieu pour ses enfants. Cette pointe théologique, simple et généreuse, glisse sur nous comme un baume. Néanmoins, nous demeurons conscients que cette vérité est le résultat d’un long travail de foi. Voilà, le chemin spirituel de Vito Aiuto. Et nous aimerions encore le suivre, et le quitter, sans pouvoir l’oublier.

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