Une bonne trentaine de personnes étaient réunies le 10 mai 2014 à La Tour de Peilz, dans le centre œcuménique de Vassin, à l’invitation de la CECCV. Annoncé comme journée de réflexion et d’échange, la rencontre a fait la part belle à l’œcuménisme et à quelques enjeux liés à l’évangélisation. Tour d’horizon des interventions de la matinée.
Mgr Alain de Raemy. Evêque auxiliaire du Diocèse Lausanne, Genève, Fribourg, livre quelques éléments de la naissance et du déploiement de sa vocation. Son expérience œcuménique suit sa trajectoire personnelle à Yverdon, Fribourg, Lausanne puis Rome. Il souligne ensuite quelques éléments tirés d’Evangelii Gaudium. Le Pape François y appelle à un mouvement d’élan et non de repli. La portée œcuménique est centrale dans tout l’ouvrage.
Georges Lemopoulos. Secrétaire général adjoint du Conseil œcuménique des Eglises, se situe à partir de sa tradition orthodoxe. « Avoir la vie en abondance », c’est l’horizon de l’évangélisation, dit-il en ouverture. Il propose ensuite, à partir de l’image d’une peinture iconique projetée sur l’écran, une réflexion théologique. Autour du document ensemble vers la vie, il souligne l’ouverture du mouvement oecuménique à la pneumatologie et à la dimension de l’Esprit. Celle-ci élargit la christologie très centrale jusqu’ici. L’accent est aujourd’hui mis sur l’évangélisation qui vient non pas du centre vers les marges, mais à l’inverse, de la périphérie vers le centre. Cette inversion des notions de pouvoir questionne les héritages. De plus, la nécessité de l’unité comme élément central du témoignage chrétien est évoqué comme lieu de vérification de la cohérence des paroles.
Daniel Willis. Directeur du Mouvement de Lausanne, détaille les motifs de sa présence en Suisse liée aux festivités du 40e anniversaire de la Déclaration de Lausanne. Il souligne divers temps de son parcours personnel, de sa découverte de l’œcuménisme et d’autres Eglise. Il évoque l’engagement du Cap et en profite pour faire son auto critique : nous autres évangéliques, nous avons souvent un Evangile à deux chapitres. Repentance et rédemption. Il nous faut ajouter une théologie de la Création ainsi qu’une eschatologie. Dans cette idée, il souligne l’importance du langage : nos traditions chrétiennes parlent souvent de la même chose avec des expressions différentes. Il lance finalement une piste de travail autour d’un accent à mettre non pas sur l’idée d’un pèlerinage terrestre éphémère, mais une prise en compte forte de la vie et de l’épaisseur du monde.
Le pasteur Hubert Van Beek, secrétaire émérite du Forum chrétien mondial, revient sur son éducation darbyste et son ouverture progressive à l’idée de s’engager dans le mouvement œcuménique. Il détaille les transformations que ces nouvelles découvertes opèrent en lui. Largeur de la perspective, diversité des traditions et des liturgies, mondialisation du christianisme et déplacements théologiques, géographiques et spirituels. Ma propre tradition est trop cérébrale, trop dépouillée et trop désacralisée, dit-il en évoquant sa découverte des courants pentecôtistes. En termes de mission, le grand défi est de mettre ensemble Jean 17 et Matthieu 28 : l’impératif de l’unité et celui de la mission. Il termine en expliquant comment la question de la mission et du prosélytisme a été travaillée dans le cadre du document sur le témoignage chrétien dans un monde multi-religieux proposé par l’Alliance évangélique mondiale, le COE et l’Eglise catholique romaine.