Le pasteur, un sportif de haut niveau

Interview de Georges-André Carrel

Quel est le rapport entre un sportif et un pasteur ?
GAC: Le rapport entre un sportif et un pasteur me touche particulièrement puisque mon père était pasteur. S’il m’a ouvert à la foi, avant tout par son comportement, sa manière de nous élever, de nous parler et l’écoute qu’il nous offrait, il m’a aussi appris à m’ouvrir sur le monde. J’ai été imprégné de la musique, du sport, du mouvement, de l’éducation physique et surtout de l’envie de transmettre, l’envie de donner. Je vois beaucoup de rapports entre les deux professions. La grande différence… je dirais que lorsqu’un pasteur prêche, les paroissiens n’ont pas un droit de réponse immédiat. Dans le sport, la réponse est vivante, elle nous arrive souvent dans la figure sans qu’on soit tout à fait préparé à la recevoir.

Quelles sont les quelques compétences d’un coach sportif qui peuvent concerner des ministres d’une Église ?
GAC: Il faut voir deux personnes dans l’entraîneur-coach. D’une part l’entraîneur, celui qui sait, celui qui a fait des études. Il a des compétences, il dirige, il accompagne l’athlète. Puis d’autre part, il y a le coach. J’aurai tendance à dire aux pasteurs qui m’écoutent: « Devenez de meilleurs coaches ». Le coach ne rayonne pas par le contenu de ses réponses mais essentiellement par sa manière d’être et de transmettre. C’est parfois le silence, souvent l’écoute, quelques fois une main sur l’épaule. Je crois que le coach possède cette dimension à laquelle il faut que les pasteurs s’ouvrent toujours davantage.

Pourquoi un professionnel de l’Église devrait-il participer à cette journée ?
GAC: Je dirais plutôt : « de quelle manière un professionnel doit-il entrer dans cette journée ?». Je ne vais pas venir comme un professeur, je ne vais pas venir comme un grand entraîneur qui sait tout. Je vais venir surtout comme quelqu’un qui a envie d’accompagner les participants vers le meilleur d’eux-mêmes. J’ai envie de leur laisser un message et j’aimerais leur proposer de laisser leurs oreilles grandes ouvertes. J’invite les participants à venir avec un regard très critique de manière à me donner l’envie de me dépasser dans ma propre contribution. En retour, je vais demander aux participants d’être dans une posture d’écoute, de perméabilité.

Un petit élément du contenu de cette journée pour faire envie de participer ?
GAC: Un élément qui est très important pour moi, dans le sport, je dis souvent : « le plus beau geste du sport, c’est la passe ». Passer, c’est inscrire dans la réalité du public (des spectateurs) la vérité du dialogue avec l’autre. Il y a peut-être quelque chose dans la passe de complètement gratuit. Dans cette journée, je n’ai pas l’intention d’adresser des passes pour mettre des goals. Mais j’adresserai des passes par soucis d’humanité, pour tisser des liens avec les participants. Ce séminaire serait un succès s’il nous apprenait à mieux faire des passes, à faire des passes dans la gratuité de notre discipline et de l’être humain que nous sommes.

Propos recueillis par Jean-Christophe Emery

 

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