Le boom des célébrants laïcs

En Romandie, de nouvelles figures sont apparues dans les temples protestants pour unir les couples et rendre les derniers hommages aux défunts : les célébrants laïcs. Rencontre avec l’un d’entre eux, Mathias Neri.

De nouveaux venus dans les églises

Le nombre de protestants romands préférant un célébrant laïc à un pasteur pour un mariage ou un enterrement augmente, et cela même si la cérémonie funèbre a lieu dans une église. Matthias Neri, célébrant laïc depuis 2021, évoque les interactions qu’il a avec le monde ecclésial. «Beaucoup de gens se font de fausses idées sur nous, et ne réalisent ce qu’on fait réellement que lorsqu’ils assistent à une de nos célébrations.»

La laïcité comme une invitation

L’idée que la laïcité signifie l’exclusion de tout aspect religieux, surprend Matthias Neri : « Je n’ai jamais vu les choses comme ça, pour un célébrant laïc, c’est tout le contraire. Nous cherchons à ce que chacun se sente à l’aise d’amener avec lui sa propre religion et sa propre spiritualité». Dans ce type de cérémonie, la religion sous toutes ses formes est la bienvenue. C’est une démarche profondément inclusive. Concevoir et animer une célébration qui réunit plusieurs confessions est un vrai défi. Et le célébrant d’ajouter: «Certains protestants, même très pratiquants, font appel à mes services, pour que tous leurs proches, même d’autres confessions, puissent se reconnaître dans la cérémonie et ne pas se sentir exclus.»

Mathias Neri, célébrant laïc
Mathias Neri, célébrant laïc

Dieu au travers de l’humain

Pour lui, chaque cérémonie est différente, car chacune se basera sur la spiritualité des mandants qui font appel à ses services. Si parfois Dieu est absent des cérémonies, il peut être fortement mobilisé dans d’autres. Pour Matthias Neri il n’y a là pas de contradiction avec son statut de laïc : «Dieu n’est évoqué qu’au travers des gens et de leurs propos. C’est le vrai centre de notre travail. Nous relatons la foi et les croyances de nos mandants sans avoir d’agenda religieux.»

Une spiritualité de l’accompagnement

Bien qu’il soit né dans un foyer catholique, la nourriture spirituelle de Matthias Neri ne réside pas dans la tradition chrétienne. Il estime que les moteurs de son activité sont l’accueil et l’accompagnement des personnes dans des moments importants de leur vie. «Je me considère comme très ouvert et très spirituel.» Et d’ajouter: «Pendant de longues années, je me suis réalisé dans l’accompagnement des personnes en fin de vie et des polyhandicapés. j’ai été aide-soignant pendant 22 ans. C’est lors du mariage de deux amis voulant être unis par un célébrant laïc que je me suis vu en devenir un. La place de l’accompagnement est centrale dans cette profession».

Laïc en Eglise

Pour lui, les célébrants laïc n’ont rien inventé: «Nous sommes très proches de ce qu’offre un service religieux.» Cette proximité peut parfois causer des problèmes. «Je crois que certains ministres ont peur qu’on leur vole leur travail. Il y a la question de nos tarifs, qui n’est pas toujours bien comprise non plus», poursuit-il : en effet, les célébrants laïques sont des indépendants payés pour leur services directement par les mandants, et non par l’église ou une autre institution. En certaines occasions, il se rend dans des églises protestantes à la demande de familles endeuillées. «C’est regrettable qu’il n’y ait pas de moments de rencontre avec les pasteurs et les diacres outre le moment où ils nous ouvrent l’église. Nous avons beaucoup à nous dire. Nous pouvons briser les clichés que nous avons les uns sur les autres par le dialogue» conclut Matthias Neri, membre de l’ACOR, l’association des célébrants laïcs de Romandie.

 

Dans les médias :

Le 19:30 du 19 mai 2022

Une série Vacarme de 2021

Une émission Temps Présent de 2009

La situation du luthéranisme en Allemagne

La récente publication de la recherche effectuée tous les dix ans en Allemagne révèle l’évolution du protestantisme luthérien : lente érosion du nombre de fidèles, augmentation de la fragilité de l’identification à l’institution et croissance de l’indifférence religieuse. Autre élément important : les personnes qui restent fortement affiliées à l’Église songent de moins en moins à la quitter. Ainsi voit-on se dessiner, lentement mais sûrement, une Église de professants.

Le modèle explicatif de cette évolution s’intéresse à la progression de l’absence de toute transmission de la religion dans l’éducation des enfants.

Article de ProtestInter (réservé aux abonnés)

La recherche sur le site de l’EKD (en Allemand)

La décroissance des Églises se poursuit

Sans surprise, les chiffres confirment que le recul du christianisme se poursuit en Suisse. L’institut Suisse de sociologie pastorale vient de publier son analyse des statistiques des années 2005-2012. Bien que fortement teinté de la préoccupation de l’Église catholique, ce document intègre des données relatives aux Églises réformées.

Deux Suisses sur trois savent encore s’ils sont réformés ou catholiques, et les demandes de baptême ne semblent pas trop fléchir. C’est déjà ça ! Plus de la moitié des couples protestants ne se marient plus à l’Église et la fréquentation des services religieux est toujours en baisse.

Liens :

Un article sur le site cath.ch

Chronique Juste Ciel du lundi 25 nov.

 

L’Eglise anglicane britannique et les statistiques

Interview de la Dr Bev Botting, responsable du département des statistiques du Conseil de l’archevêque.

En quoi consiste votre travail ?
Mon travail consiste à collecter des données sur la base desquelles l’Eglise anglicane anglaise peut définir sa politique. Je m’assure également que nos églises et paroisses aient des informations relatives à leurs régions et les populations qui y vivent pour qu’elles puissent disposer des meilleures données leur permettant de faire croître l’Eglise.

Vous collectez des données pour les mettre à disposition des paroisses et Eglises ?
La plupart des données que je traite viennent des Eglises et des paroisses. Nous transformons les données numériques en informations exploitables. De nombreux volontaires récoltent ces données et nous en tirons le meilleur.

Quelle est la différence ente votre travail et celui d’un sociologue indépendant ?
La situation de l’Angleterre est complexe. Nous avons environ 60’000 paroisses qui offrent une grande variété de formes. Les données utilisées au niveau national – ce que je faisais lorsque je faisais de la recherche sociale – ne tiennent pas vraiment compte de la diversité en taille, en population des paroisses. C’est le premier facteur explicatif. Le second c’est de prendre en considération que les données statistiques nationales s’intéressent à toutes les croyances et même à ceux qui n’ont pas d’appartenance. Nos statistiques concernent uniquement les personnes qui participent à des groupes de l’Eglise anglicane britannique.

Chaque groupe, chaque paroisse remplit régulièrement des informations statistiques ?
Nous demandons à toutes les Eglises de nous envoyer chaque année deux indications statistiques. La première concerne le nombre de personnes dans la congrégation, ce qui inclut le nombre de visiteurs en moyenne le dimanche. Nous comptons les personnes présentes les 4 premiers dimanches d’octobre, ce qui nous permet de mesurer la variation en taille. Nous avons aussi des informations sur les baptêmes, les mariages, les enterrements. Les autres informations sont de nature financières.

D’après vos chiffres, que sait-on de la progression ou de la régression des paroisses ?
Les dernières statistiques publiées datent de 2012. Elles ont été récoltées sur une base volontaire. Tout le monde ne joue pas le jeu. Nous avons des information de 85% des paroisses, et ce sur une période de 8 à 10 ans. Nous avons pu montrer que la moitié des Eglises maintient son affluence. Un quart diminue et un autre quart progresse. Ceci nous semble intuitivement correspondre à l’image globale qui montre que ces dernières années, la fréquentation totale de nos congrégations évolue de moins d’un pourcent par année.

Quelles sont les communautés qui progressent ?
Nous sommes chanceux en Angleterre, parce que la Commission ecclésiastique a dégagé un budget important pour comprendre les facteurs liés à la croissance des paroisses. Les premiers résultats sont disponibles et je dois tout de biblessuite signaler que nos conclusions ne sont pas définitives. Mais nous avons pu suggérer de bonnes pistes d’exploration. Manifestement les « fresh expressions » sont une forme d’Eglises qui connaissent un immense succès avec l’implantation d’Eglises. Ce sont donc des paroissiens qui essaiment et démarrent une nouvelle communauté. Ces nouveaux groupes ont progressé de 350%. Donc si quatre personnes ont démarré un nouveau groupe, ils sont dix de plus aujourd’hui, ce qui est une excellente nouvelle. Cette recherche a montré d’autres résultats que nous cherchons à interpréter. Nous avons pu identifier des motifs de croissance numérique, mais nous n’en avons pas encore analysé les relations de cause à effet. Nous nous intéressons en particulier aux jeunes, l’évidence suggère que les Eglises qui grandissent ont davantage d’enfants et de jeunes. Nous avons découvert que la moitié des 60’000 Eglises n’ont que 5 enfants au maximum qui participent régulièrement aux cultes. Et si les Eglises qui grandissent sont celles dont les enfants participent activement aux cultes, nous avons besoin de mieux comprendre cela. Nous travaillons aussi sur les « fresh expressions » et la manière dont ces groupes sont capables de nourrir les nouveaux arrivants, et ce indépendamment du destin des « fresh expressions ». Nous savons que certaines d’entre-elles ne durent pas longtemps. Par exemple, si elles rejoignent des paroisses existantes.

Nous venons de démarrer l’analyse de la pratique qui consiste à fusionner des paroisses, ce que nous appelons un amalgame. Certains estiment que ce n’est pas une bonne idée, mais nous avons des exemples marginaux qui montrent d’autres signes. Selon le type d’Eglises, par exemple une congrégation vieillissante, il s’agira peut-être de faire un meilleur usage des compétences du ministre ordonné. Nous avons encore beaucoup de travail pour comprendre l’impact de ces amalgames de paroisses. Certains ministres sont convaincus qu’en formant une équipe avec d’autres le travail serait plus efficace parce que les compétences des uns et des autres seraient réunies.

Le problème se situe lorsque les paroisses qui fusionnent sont dans des régions rurales et qu’elles sont très éloignées les unes des autres. Il y a alors peu de ministres qui doivent couvrir d’énormes superficies pour aller d’une Eglise à l’autre. Nous n’avons pas encore les réponses, et nous avons encore beaucoup d’énigmes à résoudre pour mieux comprendre cela.

Y a-t-il de grandes différences entre les milieux urbains et ruraux ?
Il y a des différences. Je ne dirais pas de grandes différences. Mais les contextes sont très différents. Dans un contexte urbain on a tendance à trouver de la croissance. Je prends l’exemple du diocèse de Londres. Faut-il attribuer la progression au contexte urbain ou au fait que la population y est plus jeune que la moyenne nationale ? Dans les milieux ruraux la population qui fréquente les paroisses est vieillissante. Nous avons besoin de mieux comprendre ce qui, dans le contexte rural, ne parvient pas à intéresser les jeunes. Cela pourrait simplement être lié au fait que la population rurale est, en général, plus âgée que la moyenne.

Quelle est la relation entre les courants théologiques au sein de l’Eglise anglicane et la progression des paroisses ?
C’est une excellente question parce que c’était l’une des questions principales que les gens se posaient lorsque nous avons débuté ce travail de recherche sur la croissance de l’Eglise. L’hypothèse était que le courant plus évangélique, au sein de l’Eglise anglicane serait davantage en croissance. Mais les premiers résultats montrent qu’il n’y a pas de différence statistique significative entre les membres de ces différents courants. C’est une grande surprise pour beaucoup.

Peut-on identifier si les progressions et régressions sont plutôt liées à des facteurs internes (motivation, stratégie) ou à des facteurs externes (environnement, migration) ?
Les deux choses se combinent en une image complexe. Nous savons que dans les villes, la croissance des Eglises par la migration est importante. L’impact de la population environnante est incontestable. Mais nous cherchons aussi du côté des facteurs internes. Par exemple nous nous sommes intéressés aux paroisses qui ont élargi leur offre pour les enfants. Et des signes de croissance sont présents. C’est aussi le cas dans les paroisses qui font preuve de motivation pour grandir.

Une des choses qui a été faite dans ce programme de croissance c’est de suggérer que certaines congrégations devaient envisager de changer. Certains sont très heureux avec leurs membres actuels et ne voient pas que c’est leur rôle de grandir. Il y a certainement des facteurs internes que nous avons besoin de mieux identifier. Il se pourrait qu’il faille changer la culture au sein des Eglises pour qu’une croissance devienne effective.

Qu’en est-il des « fresh expressions » ?
Il y a deux types de « fresh expressions ». Les unes ne sont pas des congrégations au sein d’une paroisse. Elles ne se réunissent pas forcément dans une Eglise – donc le bâtiment – mais plutôt dans une école ou un café, mais elles sont associées à une paroisse locale. Alors que d’autres sont considérées comme des Eglises indépendantes des paroisses. Elles peuvent rester complètement autonomes. Au total il en existe 20 types différents. Les plus fameuses en Angleterre sont celles qui sont les Eglises « brouillon ». D’autres sont actives dans des centres communautaires, des cafés ou des bars. Plus de la moitié d’entre-elles ne se rassemblent pas dans un bâtiment ecclésial. L’élément le plus important est que ces groupes cherchent à être au service des gens hors du rayon d’action des paroisses.

Plus de la moitié sont menée par des laïcs et beaucoup de ces personnes n’ont pas même de formation académique. Elles sont dirigées à part égales par des hommes et des femmes. La taille de ces groupes est en moyenne plus petite qu’une paroisse. La taille moyenne est de 44 personnes. Environ 2/3 d’entre-elles enregistrent une croissance sur le long terme. Un quart environ diminue et 10% disparaissent. En comparaison aux paroisses traditionnelles, la croissance est importante, mais il y a aussi du déclin.

churchhQuelle est l’importance que l’Eglise Anglicane accorde à ces statistiques ?
Pour moi, évidemment, c’est essentiel. C’est utile pour les communautés locales de mieux connaître le contexte de leur congrégation. Cette information peut leur permettre de mieux profiler la forme de mission qui sera à même d’attendre les personnes du voisinage et donc la plus efficace pour faire grandir l’Eglise. Pour moi c’est la clé. Il y a encore beaucoup à faire pour comprendre la croissance au niveau national de manière à définir des politiques au plan national et diocésain, donc régional. Par exemple pour l’allocation des ministres ordonnés.

J’ai entendu parler d’un laboratoire de recherche et développement. Est-il lié à l’Eglise anglicane ou est-il autonome ?
Ce n’est pas un laboratoire isolé. Nous avons identifié différents aspects de la vie d’Eglise pour offrir des recherches détaillés dans différents domaines. Une recherche a été conduite par le Dr David Voas de l’Université d’Essex. Il s’est intéressé aux facteurs qui ont eu une influence sur la croissance ou le déclin des Eglises et des paroisses. D’autres recherches ont été menées par un autre groupe de chercheurs situés à Durham (au Nord de l’Angleterre). Ils se sont intéressés à la croissance dans les cathédrales. En Angleterre, la fréquentation des cathédrales a enregistré une croissance continue ces 10 dernières années. C’est presque uniquement le fait de fréquentations durant la semaine qui a presque doublé. Ce groupe de Durham s’est donc intéressé aux offres de célébrations qui sont faites en semaine. Un autre groupe à Oxford a également mené des recherches. Ils se sont intéressés à l’implantation de nouvelles Eglises. Lorsqu’un groupe de paroissiens décide de fonder une nouvelle communauté en quelque sorte fille de la première. Donc il n’y a pas qu’un seul laboratoire et l’approche n’est pas statique puisque ce que nous faisons, c’est de collecter les données qui viennent de différents rapports et d’effectuer des propositions sur les choses à faire. Nous sommes donc en chemin vers la compréhension en vue de donner de bons conseils aux Eglises.

Il y a eu en 2013 un débat au sujet de la sécularisation. Un professeur écossais et un chercheur de l’université de Durham se sont affrontés pour savoir si la sécularisation progresse ou non. Comment vous situez-vous dans cette controverse ?
Je réponds avec un point de vue statistique à cette question. Il y a eu un recensement national en 2011. Il a montré que la proportion de personnes qui se déclarent chrétiennes a chuté depuis le dernier recensement de 2001. En 2011, 59% de la population se considère encore comme chrétienne. C’est toujours une majorité substantielle de la population. Les athées et les agnostiques sont en progression, de même que les croyants d’autres religions.

Pensez-vous que l’Eglise Anglicane touche-t-elle un plancher et va-t-elle désormais progresser ?
C’est mon espoir personnel. Les statistiques montrent que le déclin est bien moindre que ce que les médias présentent en général. Il y a des signes de croissance très prometteurs dans différentes régions. Et donc, oui, nous avons tous besoin de comprendre les bons exemples, pourquoi les choses fonctionnent, dans l’idée de les transposer ailleurs. Je crois qu’il y a encore un désir humain d’en savoir davantage et de faire partie de la communauté des croyants, mais manifestement, le message doit être concernant et montré de manière intéressante. Et dans ce sens, je crois que les « fresh expressions » ont vraiment trouvé des valeurs permettant de porter l’Eglise à des communautés de personnes qui n’avaient jusque là aucun engagement dans la vie d’Eglise.

Propos recueillis le 1er mai 2014 par Jean-Christophe Emery

La nouvelle évangélisation dans le contexte catholique romain

Le F. Enzo Biemmi est frère de la Sainte-Famille, directeur de l'Institut Supérieur de Sciences religieuses de Vérone (Italie), directeur de la revue nationale de catéchèse Evangelizzare et président de l'équipe européenne de catéchèse.

La brillante contribution d’Enzo Biemmi au sujet de la Nouvelle Evangélisation telle qu’elle est conçue dans l’Eglise catholique romaine déploie une perspective historique, mais aussi quelques enjeux sous forme de courants, de postures et de priorités.

Voici les notes de cette contribution faite le 31 mars 2014 à l’Université de Strasbourg, dans le cadre de la journée d’étude consacrée à l’évangélisation.

A) Emergences de la Nouvelle Evangélisation [NE]. Paul VI (1975). L’expression est de Jean-Paul II – réinterprétation de Benoît XVI – et du Pape François Evangelii Gaudium.

  1. Paul VI – défi d’une nouvelle inculturation de l’Eglise en Europe. Evangéliser = identité profonde de l’Eglise – Expression : proximité avec toutes et tous. Critère : l’évangile et l’évangélisation sont indépendants de toutes les cultures – pas d’identification, mais lien avec la culture. Eléments de la culture et des cultes à emprunter.
  2. Jean-Paul II – Il « invente » l’expression Nouvelle Evangélisation en 1979 – comme s’il s’agissait d’une 2e annonce. Il ne s’agit pas d’une ré-évangélisation, mais d’une évangélisation nouvelle dans les méthodes, ardeurs, expressions. Pas dans la ligne de l’inculturation, mais de retour à la foi des pays sécularisés. Perspective (1988) – urgence de refaire le tissus chrétien de la société humaine – d’abord tissus communautaire des communautés ecclésiales. Régression ou évolution ? Régression = retour de l’Europe à la chrétienté. Evolution : il faut commencer par le renouvellement de la communauté ecclésiale.
  3. Benoit XVI – le problème est ad-intra de l’Eglise. Motu proprio du 10.09.2010. Besoin d’un élan missionnaire renouvelé. Premier devoir : nous rendre docile à l’œuvre de l’Evangile. Expérience profonde de Dieu avant de témoigner. Défi anthropologique – préoccupé par le relativisme et la dérive éthique. Modèle de la cour des gentils = dialogue avec les non-croyants.

B) Synode 2012 et Pape François. Prise de conscience à l’intérieur du synode : 262 pères synodaux du monde entier – déplacement des débats. Trois représentations de l’évangélisation :

  1. Charismatique – témoignage direct sans filtre – passage à l’acte immédiat, centré sur l’expérience spirituelle du témoin, abstraction de l’expérience spirituelle des destinataires – impact fort dans des contextes d’absence de traces de christianisme. Confiance et enthousiasme. Pas de jugement sur la culture – mais privatisation du message.
  2. Dogmatique – côté objectif de la foi. Il faut revenir à la proclamation claire de la vérité (dogmes et morale) – jugement négatif sur la culture actuelle et sur les méthodes d’évangélisation de catéchèse (jugées trop pédagogiques et anthropologiques et responsables de la situation actuelle de sécularisation). L’annonciateur se protège derrière l’objectivité de son message.
  3. Anthropologique – inculturation de la foi. Vient surtout d’Europe. Evangélisation est un processus complexe d’assomption d’éléments de la culture pour reformuler des éléments de compréhension de l’Evangile. Evangélisation s’appuie sur des éléments de culture et de foi – la foi sauve la culture en l’intégrant dans la dynamique du salut – idée de la rendre désirable dans le contexte actuel.

Synode : la conception charismatique a gagné du terrain au cours du synode – plus efficace dans ses résultats (y compris dans la vocation religieuse et presbytérale) – parfois en conflit avec la paroisse.

Déplacement extrinsèque du thème. Le renouvellement n’est pas affaire de changement de stratégie (communication), mais action spirituelle (question de l’Eglise sur elle-même). Toute l’Eglise est mise en cause dans son essence et sa vie. L’infécondité de l’Evangélisation est un problème ecclésiologique : incapacité de l’Eglise à se configurer en une communauté réelle – mais machine. Déposer le tactique et chercher la sincérité et supprimer ce qui n’est que convention ou habitude. Les paroles qui ne passent pas : non pas lié aux destinataires ou aux méthodes dépassées – mais parce que les paroles de l’Evangile ne parlent plus à l’Eglise elle-même. Renvoi à une nouvelle écoute de la Parole de Dieu. Prise de conscience – appel à la conversion. Résultat de la crise institutionnelle de l’Eglise Catholique – luttes de pouvoir, pédophilie, banque du Vatican. Evangélisation nouvelle à partir du moment où les membres de l’Eglise se convertiront.

Evangelii Gaudium – encyclique – 24.11.2013 – Pape François. Forme et motivation de l’Evangélisation : la joie. Fin : dans l’Esprit. Motivation fondamentale n’est pas de sauver les autres, mais un excès de joie. Finalité : que la joie soit complète. Evangélisateurs de l’Esprit, dans l’Esprit. Vraie nouveauté : le document quitte le langage ecclésiastique. La conversion réclame la réforme – la sainteté personnelle exige la sainteté des structures institutionnelles. Remise en question de l’exercice de l’autorité !!!

C) Notion de 1ère et 2e annonce. Pratique catéchétique – des adultes. Conviction : toute action pastorale a une perspective de 1ère et 2e annonce. Tâche missionnaire n’est pas de recommencer à zéro – paroisses qui fonctionnent comme si les gens absorbent la foi sociologique – agit « comme si… » – ne pas bâtir sur les ruines de ce constat. Mais intervenir en donnant à toutes les activités une perspective de 1ère annonce. Ex. demande d’actes pastoraux sans expérience personnelle de la foi. Changement des objectifs. Passage de la conservation à la proposition. De l’encadrement à l’engendrement.

  1. 1ère annonce : kerygme – rôle fondamental au centre de tout objectif de renouvellement. Cette 1ère annonce est première au sens qualitatif : jamais dépassée, rien de plus solide. 2e annonce : parole de bénédiction au cœur de la traversée de la vie humaine – rappel de la 1e annonce – 2e appel à la liberté. C’est le 2e « oui » décisif qui confirme le premier « oui » romantique. Ricoeur fidélité première et seconde. Temps de la 2e annonce : fissures dans les expériences humaines – pas en période de stabilité, mais de crise – par excès (amour inattendu, surprise) ou par défaut (fragilité, échec, etc.). « Dieu était là et je ne le savais pas ».
    Détails sur la conception de première annonce à lire sur le site de la catéchèse diocésaine de Liège
  1. La 2e annonce : le mystère de Dieu n’est jamais compris. Il a besoin d’être rappelé. Appel à intégrer la perspective christologique et pneumatologique.

Spiritualité et éthique de l’Evangélisation. 1, voir Dieu en chaque personne (Ignace de Loyola). 2, mettre des mots sur ce processus = reconnaître, annonce. 3, but final : disparaître – la personne arrive à reconnaître Dieu elle-même. Cercle herméneutique de l’autre (réciprocité) qui m’aide à redécouvrir mes richesses.

Gratuité de l’acte de l’évangélisation. De l’ordre de la charité, de l’excès (amour et non pas religion). Ce qui nous a humanisé le plus. Pas de contradiction entre mission et prosélytisme. L’évangélisation mène à la liberté de réponse.

 

Formation sur l’approche sinus milieus®

28 septembre 2013 – Centre oecuménique du Bois-Gentil – Lausanne – 9h-12h30

Une matinée de formation gratuite sur les études sinus milieux® qui proposent de découper la société en dix groupes sociaux identifiés. Développées depuis dix ans, ces recherches intéressent aujourd’hui très largement les milieux d’Eglise.

Essentiellement tournés sur le marketing, ces études font l’objet d’une adaptation pour les Eglises. Elles ont été effectuées dans les Eglises réformées de Zurich et Neuchâtel et révèlent bon nombre d’éléments des couches sociales qui composent nos paroisses. Elles dévoilent également les groupes qui ne sont

que très peu touchés par l’annonce de l’Evangile.

Télécharger le dépliant

Inscriptions et informations :

Secrétariat régional, Boissonnet 1, 1010 Lausanne, 021 653 06 78, eerv.region12@bluewin.ch

 

 

Sécularisation, recherche spirituelle : le point

Ecouter l’interview

[audio:http://projetkhi.eerv.ch/wp-content/uploads/sites/15/2000/01_FinDesReligions.mp3]

Les mécanismes de perte d’influence du religieux sont en marche depuis plus de 40 ans. Longtemps, ils se sont accompagnés d’une montée d’intérêt pour des offres de spiritualité non institutionnelle. Cette demande est bientôt terminée, prédit le sociologue Philippe Gonzalez, maître assistant à l’Université de Lausanne.

Certaines études de sociologues, faites à la fin des années 2000, sont très intéressantes. Les théories sur la sécularisation prédisaient, en gros, la disparition des religions avec la progression de la modernité.

Les sociologues se sont rendus compte que c’est valable pour l’Europe. Mais que le modèle européen reste une exception dans le monde.

En affinant les modèles sur l’Europe, on a découvert que la sécularisation progresse, mais aussi, qu’elle s’accompagne d’une sorte de progression de la spiritualité. Cette progression cache une autre progression qui lui succède : celle d’une société complètement sécularisée.

La sécularisation signifie que la religion institutionnelle s’affaiblit considérablement, voire, disparaît. On le voit bien aujourd’hui, la demande relève de la démarche spirituelle, mais surtout pas du religieux institutionnel.

Les attentes sont individualisées, le clergé n’en a pas la maîtrise. Les rites peuvent être inventés et la vie n’est pas encadrée par les doctrines.

La montée de ce spirituel inspirait au sociologue des réflexions sur la disparition des institutions religieuses et la persistance du fond spirituel. Ce n’est pas vraiment ce que l’on observe en Europe.

La génération qui s’est reconnue dans la spiritualité, on peut la désigner comme étant celle des post ’68. La génération suivante est complètement hors de ces ressources de spiritualité. Elle ne va pas chercher dans les traditions ésotériques. Elle ne va pas puiser dans les traditions orientales des réponses à ses questions existentielles.

On assiste à une sortie du religieux. Cela ne veut pas dire qu’il y a pas des questions fondamentales relatives au sens l’existence. Mais les lieux pour y répondre sont différents. Le sens n’est pas cherché auprès des religions institutionnelles d’ici ou des traditions spirituelles d’ailleurs.

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