Les huit facteurs de développement d’un groupe

L’Eglise d’Angleterre dispose de données statistiques précises concernant la progression de certains noyaux d’Eglise (ou de Fresh Expressions). Au début de l’année 2014, les résultats d’une vaste recherche menée sur 18 mois ont été publiés sur internet. Un document de synthèse résume les principaux enseignements profitables pour les Eglises. Bien que certains de ces éléments offrent des corrélations statistiques avec une croissance numérique, la causalité n’est pas clairement établie. D’autres éléments sont davantage liés à des observations directes et à des sondages. Ces huit facteurs offrent des pistes de diagnostic et de réflexion permettant de passer au crible la réalité d’une organisation paroissiale, régionale ou cantonale.

Un passage en revue des huit critères

1. La conviction

La motivation représente assurément le moteur de base de toute action. A contrario, certains chercheurs estiment que le manque de conviction en la pertinence actuelle du christianisme est probablement le plus important facteur de déclin. Le désir de renouveau est un élément essentiel. Dans cette perspective, l’importance de la vie spirituelle personnelle a été relevée dans les sondages. Il semble trivial de le souligner, mais la recherche relève que les groupes qui ont l’intention explicite de progresser numériquement sont davantage enclins à obtenir des résultats mesurables. Ainsi, l’état d’esprit qui consiste à maintenir les acquis conduit bien souvent à la décroissance.

2. Le leadership

En second lieu, la qualité de la conduite d’un groupe s’avère cruciale. Les recherches montrent que le charisme personnel des responsables est déterminant. Or, cela dépend davantage de la personnalité de l’individu que de sa formation. Entre autres qualités, la capacité d’enthousiasmer les autres est un élément clé. Les personnalités intuitives et extraverties ont un net avantage sur d’autres mais elles sont en minorité. Les observateurs notent une corrélation entre la croissance et la capacité à motiver, la capacité à communiquer la « conviction» et la capacité d’innover. D’autres éléments comme les talents oratoires (prédication), la capacité de faire du réseautage et le management de projets sont évoqués par les intéressés mais ne sont pas identifiés statistiquement. Des compétences comme l’empathie et la loyauté ne sont pas du tout liées à la croissance.

3. La nourriture et la progression spirituelles

Même si les données manquent en la matière, les entretiens personnels révèlent que là où il y a conjonction entre les trois éléments suivants, on peut prédire une certaine croissance. 1, le nombre de cours et de formations spirituelles 2, l’importance placée sur le feed-back et les apprentissages réels 3, une conviction bien ancrée. On peut ajouter que le sentiment d’une évolution de la vie spirituelle personnelle est sans doute un facteur dont il faut tenir compte au sens fort. Des croyants qui ont l’impression de stagner et de répéter toujours les mêmes engagements se lassent.

4. La convivialité

La présence de convivialité dans les rencontres, les temps d’échanges informels, les relations interpersonnelles font, bien entendu, la force du lien social. Mais la présence de temps de convivialité n’est pas à elle seule suffisante. En fait, ce serait plutôt les carences en matière de convivialité qui seraient identifiées comme des facteurs de déclin. Le facteur « convivialité » est également lié à la surface de contact entre le réseau paroissial et la vie sociale locale. Dans cette idée, la voie royale de l’appartenance passe par le réseau relationnel.

5. La jeunesse

Il semble intuitivement évident qu’une paroisse qui laisse une large place à la jeunesse offre une vitalité et un dynamisme important. Les recherches statistiques montrent que les jeunes générations sont bien moins affiliées que les générations précédentes. Depuis 50 ans, chaque génération pratique moins que la précédente, mais au sein d’une génération donnée on enregistre peu d’évolution de la pratique. Ce constat nous amène à évoquer la transmission religieuse dans le cadre familial. La recherche britannique montre que parmi les anglicans les plus engagés, seuls 36% définissent la religion comme l’une des cinq valeurs à transmettre en priorité à leurs enfants. Un autre constat montre qu’il est bien plus difficile de faire revenir des jeunes à l’Eglise que les y éduquer et de leur permettre d’y rester. D’autres éléments saillants révèlent que si la proportion d’enfants et de jeunes dépasse la barre des 20% des membres d’une communauté, celle-ci a de fortes chances d’être en croissance numérique. Dernier élément, là aussi facile à comprendre, la présence d’un professionnel de l’enfance a un impact important sur le développement de l’offre pour cette tranche d’âge et dans la progression numérique.

6. La place des laïcs

La présence d’un ministre est un facteur de progression. Cet élément est lié au fait que, dans l’Eglise d’Angleterre, certains groupes et paroisses ne disposent pas d’ecclésiastique attitré. Par-delà cette considération particulière, la recherche a identifié que le nombre de laïcs qui occupent des postes à responsabilité, et qui sont reconnus comme tels, est lié à la progression d’une paroisse. Ainsi l’omniprésence d’un ministre peut s’avérer être un facteur de stagnation, voire de régression.

 

7. La disponibilité au changement

Bien que la réceptivité à l’idée de la nouveauté ne constitue pas en soi un élément de progression, on peut identifier que la résistance au changement est assurément un critère de déclin. La présence de créativité et de réflexion permanente entre dans cette catégorie. Le pilotage « automatique » conduit irrémédiablement à un recul. En matière de forme de célébration, la croissance est bien plus liée à l’innovation qu’au style musical (contemporain ou classique). L’un des discours fréquemment enregistré consiste à prétendre que le groupe est d’accord d’envisager de grandir à condition de ne rien changer (!).

8. L’adéquation au contexte

Les statistiques de l’Eglise d’Angleterre montrent que la plus forte croissance est enregistrée dans les zones urbaines, en particulier là où les anglicans sont le moins représentés. Ceci s’explique essentiellement par les effets de la migration. Les recherches montrent encore que le plus haut potentiel de développement réside dans les zones péri-urbaines habitées par les classes moyennes. Bien entendu, ces données sont à considérer avec précaution : il faut distinguer croissance numérique et niveau de participation. Dans tous les cas, l’adéquation de l’offre paroissiale avec le contexte socio-culturel est un facteur très important.

Au terme de ce passage en revue, on peut effectuer quelques considérations globales :

  1. Certains facteurs jouent un rôle essentiellement négatif en cas de faiblesse, mais ne représentent pas à eux seuls des éléments de progression si tout va bien. (ex. mauvais accueil, scandales, conflits…)
  2. L’un des présupposés consiste à entrer dans la thématique de la croissance par le biais du « lieu d’Eglise » à faire grandir. Ce faisant, on lui confère une attention centrale. Bien entendu, ce choix est contestable. Néanmoins, une démarche qui vise à renforcer les lieux existants n’est pas exclusive et n’est pas à considérer en opposition à d’autres approches.
  3. Le facteur humain est très important dans les domaines suivants :
    • La résistance au changement.
    • Le leadership des professionnels : motivation et compétences (la croissance est en lien avec la personnalité des leaders plus qu’avec leur éventuelle formation en leadership) .
    • Les engagements de bénévoles.
    • Cet aspect est à considérer également du point de vue des problèmes potentiels : certaines personnalités peuvent jouer un fort rôle handicapant.
  4. L’herméneutique de la croissance est peut-être aussi importante que la croissance elle-même en particulier, en ce qui concerne l’interprétation des facteurs externes et des facteurs internes (ainsi que des facteurs mixtes). Ainsi, l’impact sur les facteurs externes est, à priori, peu vraisemblable. De plus, le discours qui accompagne l’idée de croissance joue probablement un rôle très important.
  5. Il ne faut pas confondre visibilité et croissance…
  6. Les chiffres ne disent pas tout, ils sont à relativiser et à utiliser avec parcimonie. Cependant, il ne faut pas brandir ce slogan comme un prétexte pour mettre la tête dans le sable…

Ce texte s’inspire du rapport Voas : Numerical change in church attendance: National, local and individual factors (2014). Recherche constituée de quantitatif (données statistiques) ainsi que de qualitatif (déclarations subjectives). Disponible via ce lien.

Télécharger le poster des huit facteurs

Une Eglise qui croît

Une soirée autour de la croissance en Eglise, le vendredi 21 novembre à Crêt-Bérard, organisée par Crêt-Bérard, l’ORH et le Projet Khi.

Avec le pasteur Andy Buckler, cette rencontre se veut aussi bien relationnelle que formative.

Andy Buckler travaille actuellement pour l’Eglise Protestante Unie de France. Son poste allie formation d’adultes et évangélisation. Son expérience pastorale en région parisienne, sa vision stratégique de la question de l’évangélisation dans le contexte français et son origine britannique, qui lui permet de très bien connaître le mouvement des Fresh Expressions, le qualifient pour nous ouvrir une perspective large autour de la question de la croissance de l’Eglise.

La soirée sera également agrémentée d’un temps d’échange autour d’une collation, permettant aux participants de poursuivre les réflexions de notre invité.

Cette soirée fait partie des journées Vitamine-É qui se sont tenues à Crêt-Bérard les 21, 22 et 23 novembre 2014.

Indications pratiques et ressources :

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Conférence : Devenir une Église de témoins

Vendredi 30 janvier 2015 à 20h15

temoinsL’Eglise est un passage de témoins. Plus encore que de génération en génération, ce sont des adultes qui ont fait la rencontre du Christ vivant qui se passent le témoin. Sortant d’un régime de chrétienté, comment nos Eglises réformées peuvent-elles se réformer pour rejoindre vraiment nos contemporains ? L’Eglise protestante unie du Marais connaît un profond renouvellement au coeur de Paris, en gardant le cap de la Réforme mais en mettant à jour les façons de faire. Un de ses pasteurs, Gilles Boucomont, partagera avec nous cette expérience de renouvellement en profondeur qui semble attirer les personnes vers le Christ vivant, et notamment les plus jeunes. Gilles Boucomont est pasteur de l’Eglise protestante unie de France (qui rassemble depuis 2013 réformés et luthériens français). Il est en poste dans la paroisse du quartier du Marais à Paris où il est en charge de la formation au témoignage.

Organisation : Crêt-Bérard | Entrée libre, collecte à la sortie.

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L’évangélisation en Europe : tour d’horizon radiophonique

logoespace2En octobre 2014, l’émission A vue d’Esprit sur Espace 2 diffusait une série de 5 émissions consacrées à l’évangélisation en Europe.

Les Eglises d’Europe évangélisent à nouveau

Les rapides changements culturels, sociaux et religieux ont marginalisé les Eglises en Europe. Loin de baisser les bras devant la progression de la sécularisation, elles cherchent de nouvelles pistes.
Un tour d’horizon des grandes traditions chrétiennes présentes en Europe nous révèle des initiatives créatives, des lieux “laboratoires” et des changements profonds qui affectent ces institutions séculaires.
Le christianisme n’est pas moribond. Bien que sa présence dans l’espace public et la fréquentation de ses cérémonies soient en diminution constante, sa vitalité ne semble pas entamée. Depuis plus de quarante ans, les constats de recul ne laissent pas indifférents les responsables religieux. Mais les solutions ne sont pas évidentes et les recettes ne fonctionnent qu’un temps. Entre tradition et modernité, les Eglises sont contraintes à faire preuve de créativité pour se réinventer.
Les invités de cette série nous brossent le tableau des lieux dans lesquels se forgent les nouvelles offres, les incidences sur les institutions et les enjeux posés par cette évolution.
Une série proposée par Jean-Christophe Emery


lundi 6 octobre 2014

L’Eglise d’Allemagne à la reconquête de ses terres

Une recherche, publiée en mars 2014, montre que la pratique religieuse diminue dramatiquement en Allemagne. L’Eglise protestante allemande (EKD) s’en inquiète et cherche des parades à ces mouvements de désaffiliation. A mi-chemin entre la culture et la religion, de nombreuses initiatives génèrent de l’enthousiasme et du débat. Faut-il privilégier la tradition chrétienne au risque de ne pas être entendu ou faut-il chercher à tout prix des formes nouvelles au risque de quitter le giron du christianisme ? Fritz Lienhard, pasteur et professeur de théologie pratique à l’Université de Heidelberg ainsi que Frank Thomas, sociologue, nous donnent leur éclairage et montrent les enjeux d’une Eglise qui se cherche.

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mardi 7 octobre 2014

La nouvelle évangélisation catholique

Dès la fin des années 1980, l’expression “nouvelle évangélisation” s’est popularisée dans l’Eglise catholique romaine. Sa progression remonte au soutien de Jean-Paul II qui l’a trouvée en Amérique latine et l’a disséminée aux quatre coins du globe. Benoît XVI s’en est saisi et l’a réinterprété dans son exhortation apostolique “Evangelii Gaudium” (2013). Ce texte fait suite au synode des évêques qui, en 2012, a donné un nouvel élan à la dynamique missionnaire du catholicisme. Claire Lesegretain, grand reporter au journal La Croix (Paris), parcourt cette histoire et évoque avec nous l’actualité et les enjeux de cette “nouvelle évangélisation”.

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mercredi 8 octobre 2014

Les protestants français : une minorité active

Elle ne représente que quelques pour-cent de la population française, mais elle se montre très active. L’Eglise protestante unie de France (EPUF), résultant de la récente fusion entre réformés et luthériens, dispose même d’un poste à mi-temps dédié à l’évangélisation. Andy Buckler, titulaire du poste, est un pasteur issu de l’Eglise d’Angleterre. Il évoque les stratégies qu’il met en place et les initiatives locales ou régionales. Il évoque également les spécificités de l’approche réformée par rapport aux initiatives évangéliques ou catholiques.

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jeudi 9 octobre 2014

Le pragmatisme britannique fait ses preuves

L’Eglise d’Angleterre suis de près son déclin progressif. Non pas pour s’apitoyer sur son sort, mais bien pour chercher à mieux motiver ses troupes. A l’affût des moindres soubresauts statistiques, plusieurs organismes s’intéressent à l’évolution de la société pour fournir à l’Eglise anglicane de quoi travailler son avenir. Deux spécialistes des chiffres nous permettent de dresser le portrait d’une Eglise qui s’engage résolument dans un combat contre la sécularisation. Bev Botting est responsable des statistiques pour l’Eglise d’Angleterre. Peter Brierley est consultant indépendant. Il évoque la situation particulière de Londres qui enregistre, dans certains quartiers, des signes de progression religieuse.

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vendredi 10 octobre 2014

Le bourgeonnement des « fresh expressions »

Depuis dix ans, des formes de micro-Eglises ont colonisé progressivement le territoire britannique. On estime à 2’000 le nombre de ces groupes d’environ 40 personnes qui se rassemblent pour vivre leur vie chrétienne. Appelés “fresh expressions”, ces groupes sont très variés. Certains sont plus litugiques et méditatifs. D’autres s’intéressent aux businessmen de la city londonnienne. D’autres encore s’adressent aux familles avec enfants ou aux mères célibataires. George Lings est l’un des meilleurs connaisseurs de ces “fresh expressions”. Il nous résume leur histoire et nous explique le fonctionnement de ce que l’Eglise d’Angleterre nomme désormais son “économie mixte”, une cohabitation de l’ancien et du nouveau.

Cette évolution génère de l’intérêt de la part de nombreuses Eglises en Europe et aux Etats-Unis. En Suisse, la pasteure zurichoise Sabrina Muller est devenue la cheville ouvrière du mouvement. Elle consacre actuellement une thèse à cette nouvelles forme de communautés et nous explique comment elle inscrit ses propres initiatives paroissiales dans la créativité induite par les “fresh expressions”.

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Distorsions cognitives : un outil pour l’évangélisation ?

Et si notre manière de voir le monde était en cause ? Lorsqu’on évoque la thématique du témoignage, de l’engagement, l’image de l’Eglise et de la paroisses des processus de représentations sont à l’œuvre. Le langage traduit des observations teintées de sentiments et d’interprétation. Pour une part, notre reconstruction (souvent inconsciente) de la réalité joue un rôle dans la manière d’engager le dialogue, de forger des relations, de traduire une émotion.

L’approche consiste non pas à agir sur la réalité, mais sur ses représentations. On ne peut éviter de vérifier que les Eglises se vident, mais on peut donner un sens très différent à ce constat. Il peut conduire à l’action de ceux qui perçoivent le défi et s’ouvrent à la possibilité de trouver de nouvelles pistes. Il peut aussi conduire à l’immobilisme devant l’ampleur de la tâche ou les échecs répétés.

Par le biais d’un article court et percutant, il est possible de découvrir les 10 distorsions cognitives les plus fréquentes. Chacune peut faire l’objet d’un échange et d’un travail en solo ou en groupe.

L’article sur le blog d’Oliver Kesavjee

Les « fresh expressions » s’organisent en Suisse romande

A la grande surprise des organisateurs, les romands ont été plus nombreux que les alémaniques lors de la deuxième Table Ronde consacrée aux « Fresh expressions » [fx] en Suisse. Plus de 50 personnes se sont rassemblées dans les locaux de l’Eglise Méthodiste de Berne pour une journée de partage d’expérience et de structuration du mouvement à l’échelon Suisse.

Le pasteur réformé Thomas Schaufelberger, l’un des membres du noyau actif, évoque le courage d’envisager des engagements pionniers sans garantie de résultat. Il parle également de la passion comme d’un ingrédient de base. Il poursuit par un tour d’horizon de la situation actuelle des fx en Suisse. Quatre groupes de travail sont à l’œuvre autour de la « journée d’impulsion » prévue le 1er Novembre à Zürich. L’invité sera le théologien américain Brian McLaren. Un second groupe documente les fx déjà répertoriées en Suisse, un troisième se charge du site web, un quatrième prépare les Tables rondes destinées à jalonner l’essor du mouvement. La prochaine se tiendra le 5 mars au Kirchgemeindehaus de Neumünster (Zürich).

Thawm Mang prend la parole pour nous présenter la « Sonntagszimmer » de Bâle dont il est le coordinateur. Cette fx de l’Eglise réformée est issue d’un projet socioculturel lié au quartier défavorisé entourant la « Matthäuskirche ». Un travail autour de la multiculturalité, de l’accueil à seuil bas, de l’implication de bénévoles a permis l’essor d’une journée du dimanche riche en offres. Entre 150 et 200 repas sont servis hebdomadairement et de nombreuses familles se sont rapprochées de l’Eglise.

Chris Forster des Eglises Chrichona présente le projet « Venue » à Diessenhofen (Th). Encore très embryonnaire, celui-ci consiste à conduire les personnes à vivre un premier service religieux. Une phase de lancement de deux ans s’oriente essentiellement vers le contact personnel au travers de la vie associative, de l’intérêt pour la culture, un travail avec des guides touristiques et une étude sinus milieus sont envisagés. Pour exprimer la nécessité de maintenir un lien avec son « église mère », il utilise l’image de l’explorateur ou du migrant qui, bien qu’éloigné de chez lui, maintient un lien avec son pays d’origine. En évoquant les changements culturels liés au développement de cette fx, son credo est très clair : « Il faut une génération pour change la culture. Il ne faut pas lutter contre la culture existante, mais s’engager pour développer une offre pour d’autres cultures ».

Outre ces contributions, les participants ont été invités à travailler à un document intitulé « mission statement ». Il servira de référence pour le développement du mouvement en Suisse.

A l’issue de la rencontre, les Romands ont fait un cercle autour des deux pasteures qui ont porté l’initiative de la participation des « Welsches ». Aude Roy-Michel (EERV) et Vanessa Trub (EPG) ont fait circuler la parole pour mieux cerner les attentes des participants francophones. Une table ronde francophone pourrait voir le jour et un voyage en Angleterre a été évoqué. Un noyau s’est constitué dans le but de faire progresser les fx en Romandie.

Une instigatrice des fresh expressions en Suisse

Sabrina Müller est probablement l’une des meilleures spécialistes des « fresh expressions » [fx] en Suisse. Et pour cause : cette pasteure vient de rédiger une thèse à l’université de Zürich sur la question. Loin des seules perspectives académiques, la jeune femme s’implique dans sa paroisse pour faire émerger ces nouvelles formes de communauté. De plus, elle donne 20% à 30% de forces bénévoles pour faire progresser le mouvement en Suisse. Interview.

Que peut-on dire sur l’état des fx en Suisse aujourd’hui ?

Il y a un intérêt grandissant d’Eglises de dénominations différentes et de nombreuses personnes qui s’intéressent à titre individuel ou commencent quelque chose. Avec notre Table Ronde, nous essayons de mettre ces personnes en réseau. Nous avons déjà quelques fx en Suisse, mais la documentation à ce sujet est encore très pauvre. J’ai moi-même commencé ce travail depuis cet été. Un exemple s’intitule la Sonntagzimmer (chambre du dimanche, à Bâle). Pour le moment, je dirais qu’il en existe une douzaine en cours de documentation, mais il en existe certainement davantage.

Comment réagissent les grandes Eglises à cette idée ?

De manière très contrastée. Quelques directions d’Eglises ont manifesté de la bonne volonté, mais aussi des remarques du genre : tant que cela ne coûte rien, vous pouvez vous lancer. J’ai l’impression que les plus grandes réticences viennent des pasteurs qui ont l’impression que leur travail n’est pas assez bon ou qui ont peur que l’on marche sur leurs plates-bandes. Mais il ne s’agit pas de cela. Les fx proposent des compléments à l’offre existante.

Y a-t-il de l’intérêt de la part de l’Eglise catholique ?

Oui, l’une de ces fx répertoriées est catholique. Dans le noyau qui cherche à coordonner le mouvement en Suisse, il y a Rudolf Vögele délégué pour l’Eglise catholique.

Comment le mouvement est-il organisé en Suisse ?

De manière très légère. C’était simplement des personnes qui avaient de l’intérêt. Dans mes rencontres j’ai proposé à différentes personnes de voyager en Angleterre et l’intérêt a grandi. Nous avons organisé une première rencontre suite à laquelle s’est constitué un groupe de pilotage interconfessionnel. Des Evangéliques, des Méthodistes, des Réformés des Catholiques, le mouvement Chrichona.

En Suisse on est parfois un peu méfiant vis-à-vis de l’étranger et ce type de mouvement pourrait être considéré comme un produit d’importation. Cela pose-t-il des difficultés ?

C’est parfois problématique. Des gens disent : oui, c’est très bien ce que vous faites, mais en Suisse c’est tout différent. Mais je le constate bien moins que pour d’autres mouvements qui viennent d’Australie ou des Etats-Unis. On peut dire qu’il s’agit ici d’une Eglise d’Etat. Et que l’Eglise anglicane d’Angleterre soit capable de se réformer est encore plus exceptionnel que d’imaginer la chose de la part de nos Eglises. Et pourtant ceci s’est produit au sein même de la structure institutionnelle. De plus les fx sont en phase avec la tradition comme avec l’innovation. Elles ne jettent pas le bébé avec l’eau du bain.

Quels sont les prochains pas et les objectifs en Suisse ?

La Table ronde nous permet à la fois de créer du réseau et de valider le travail du noyau de pilotage. A la dernière Table ronde, le noyau a été légitimé. Nous n’avons pas de structure associative et aucun financement. On nous a dit : faites quelque chose et invitez-nous. Nous voulons faire connaître la chose auprès des directions d’Eglises et trouver des pionniers actifs sur le terrain. Je rêve de former des bénévoles capables de porter la chose et d’en faire la promotion.

Quels sont, à vos yeux, les principaux obstacles à l’arrivée des fx en Suisse ?

J’en vois plusieurs. L’idée que le ou la pasteur est responsable de tout. Là où est le pasteur se trouve l’Eglise. C’est un obstacle et c’était aussi le cas en Angleterre. Notre ecclésiologie très attachée au bâtiment Eglise et au culte dominical. L’autre question est celle de la tolérance. Pouvons-nous laisser d’autres formes et d’autres théologies cohabiter ? Les fx n’ont pas une seule théologie, mais des styles très variés et on parle d’économie mixte pour exprimer une collaboration entre ces formes. Cela implique une générosité et même une promotion de l’autre qui perçoit les choses différemment.

Et puis, les finances, bien sûr… il faudra des finances ! Dans le noyau, certains peuvent prendre un peu de temps professionnel, pour ma part, je travaille entre 20 et 30% de manière bénévole.

Quelles sont les grandes forces, comme vous les percevez ?

Je trouve que les fx sont très orientées vers les personnes, vers leur contexte, qu’elles croient et développent l’Eglise avec les gens. Elles ne partent pas de modèles ou d’images d’Epinal, mais de cette question : comment pouvons-nous trouver et vivre Dieu avec les gens ? Il ne s’agit pas de dispenser un enseignement, mais d’apprendre ensemble ce que peut être l’Eglise. Je suis moi-même en train de construire une fx. J’ai écrit une thèse et suis pasteure depuis cinq ans et je constate que je dois toujours et encore réviser mes clichés, malgré que je sois autant impliquée dans ce développement.

Pour moi c’est une grande chance pour l’Eglise d’être plus près des gens, de redécouvrir son caractère communautaire et sa dimension missionnaire. Les Eglises ont une responsabilité.

Vous pouvez m’en dire davantage sur la fx que vous construisez ?

Il y a différentes choses. Je suis dans une paroisse traditionnelle. Nous avons un projet de législation qui projette la création de trois à cinq fx d’ici quatre ans. Actuellement, je construis une fx de tradition contemplative. C’est pour des personnes qui aiment l’extérieur et ne sentent peut-être pas bien dans une Eglise, des personnes qui ont une sensibilité ésotérique et sont intéressées au spirituel. J’ai remarqué qu’en allant promener mes chiens, j’ai de nombreux contacts avec les gens. La plupart ont quitté la paroisse, mais les recherches et les questions sont présentes. Ce que nous construisons avec quatre femmes, c’est pour ces personnes : comment combiner la nature, les animaux et Dieu ? Contempler, manger ensemble et être une église de l’extérieur.

Pour montrer à ma paroisse que l’Eglise doit sortir de ses murs, nous avons pris en banc d’Eglise. Nous avons fêté le déménagement de ce banc et nous l’avons installé à l’extérieur. Et nous avons parcouru le village avec ce banc. Nous sommes allés à la kermesse du village avec le banc. Et puis, le premier août, les organisateurs nous ont écrit : « cher banc d’Eglise serais-tu d’accord de venir à notre fête ? » Et nous avons voulu dire : l’Eglise est présente là où sont les gens ! Et chaque fois il s’est passé des choses ! Nous avons plaisanté au sujet de l’Eglise ou simplement joué avec des enfants autour du banc. A la kermesse nous avons offert du thé sur le banc et fait des causeries. Nous avons constaté que beaucoup de personnes ont peur des locaux Eglise, c’est pourquoi nous avons chaque année un marché de Noël dans et autour de l’Eglise. Chez nous à Bäretswil (Zh) cela n’existait pas avant. Il n’y a pas non plus de place de jeux dans notre village. Nous avons donc installé une petite place de jeu à côté de l’Eglise qui est entretenue par des bénévoles et nous devons maintenant en faire une place plus conséquente de manière à combiner la chose avec des activités créatives pour les familles. C’est quelques éléments de base, nous avons encore bien d’autres idées. Le plus fort a sans doute été lorsque durant une année nous avons fait une action intitulée : l’Eglise de Bäretswil écoute. Nous avons envoyé les paroissiens dans le village pour récolter des indications sur les besoins et les joies. Et nous en sommes à la phase « l’Eglise de Bäretswil sort de ses murs » et nous avons développé un logo pour ces activités.

Quelles ont été les résistances à ces nouveautés ?

C’est très contrasté. Le conseil d’Eglise est très créatif et motivé. Ils me font confiance et je leur fais confiance. Nous formons un groupe soudé. Je ne pars pas sans eux. Je m’interroge sur le sens et ils me soutiennent et participent à ces actions. Il y a des résistances de fidèles qui ont l’impression qu’on leur enlève quelque chose. Ils ont peur du changement. Je leur dit que nous n’allons pas supprimer la tradition. C’est une bonne chose, et je le pense sincèrement ! Mais la vie est aussi dans le changement. Et certains domaines doivent changer. Et la balance entre ces deux discours n’est pas facile à trouver.

Propos recueillis par Jean-Christophe Emery.

La JEERV, une journée sous le signe du contact

La Journée de l’EERV [JEERV] a été fort riche en contacts. Le stand du projet Khi, agréablement placé à côté de l’entrée principale de la Cathédrale, nous a permis des échanges nombreux, fructueux et encourageants. Un Conseil de paroisse s’est donné rendez-vous sur place pour mieux connaître notre offre, d’autres ont déambulé seul ou en petits noyaux. Les nombreux échanges ont pu mettre en évidence l’intérêt grandissant pour des réflexions d’anticipation à propos de l’évolution des réalités socio-spirituelles contemporaines. Quelques objections bien formulées ont également fait l’objet d’échanges constructifs. Près de 50 personnes ont testé notre outil de positionnement personnel appelé ContactGPS, en ligne ici.

Michel Kocher en pleine démonstration de l’outil de GPS développé pour l’occasion. Photo : Gérard Jaton

Plusieurs d’entre-elles ont aussi testé notre jeu de cartes destiné à offrir un outil d’auto-diagnostic aux paroisses. Celui-ci s’appuie sur les huit facteurs de croissance dont nous avons parlé ici.

Par delà le plaisir de rencontrer des personnes d’horizons divers qui partagent un même intérêt et des préoccupations semblables, cette

Photo : Gérard Jaton

journée nous a permis d’être renforcés dans l’idée que notre engagement s’inscrit dans un vaste chantier. L’attitude du chercheur dans son laboratoire, toujours préoccupé par les effets de ses découvertes, en interaction permanente avec le terrain et à l’affut des élans de créativité contagieuse, nous parle beaucoup. L’image de laboratoire que nous avons cherché à donner à notre accroche visuelle le résume parfaitement.

Quel modèle de transmission de l’Evangile vous parle le plus ?

 

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