L’attrait de la convivialité

Construire une communauté en partant de rien n’est pas une affaire banale en contexte réformé. L’expérience de la paroisse de Créteil est de nature à redonner de l’espoir.

En 2014, lors du premier culte à Créteil dans les locaux paroissiaux, il n’y avait que six personnes, les quatre membres de la famille des pasteurs Rafi et Mary Rakotovao et deux autres paroissiens. Aujourd’hui la communauté rassemble chaque dimanche jusqu’à 70 personnes, dans un climat fraternel et convivial.

Lors de ma visite au début des vacances de la Toussaint, une bonne trentaine de personnes sont présentes. Quelques enfants participent également au déroulement de la célébration. Si le culte ne commence pas à l’heure, c’est que l’on prend le temps de se saluer, d’accueillir les personnes nouvelles et d’attendre celles et ceux qui viennent de loin.

La convivialité est au cœur de la démarche du couple pastoral. Le visiteur qui entre dans la salle de culte est immédiatement frappé par de grands panneaux disposés au fond du local. Ils contiennent les photos de tous les paroissiens qui ont accepté d’y figurer. Les images sont organisées thématiquement, par exemple autour, de la prière, de l’accueil ou de la musique. Chacune et chacun trouve ainsi symboliquement une place au sein de la communauté qui s’affiche. On peut ainsi rapidement repérer les engagements des uns et des autres. Rafi explique que lors du temps d’intercession ouvert à tous, les panneaux permettent de mettre un visage sur un nom mentionné dans la prière.

Deux panneaux encore disent la force des liens au sein de la communauté et le désir de les nourrir. Le premier signale les anniversaires du mois. C’est dire l’importance de chacune et de chacun. Le second, placé vers la table de communion, porte les visages de celles et ceux qui, selon son intitulé, ont « rejoint la maison du Père ». Une manière de dire que la convivialité s’étend par-delà le seul présent pour unir ainsi l’Église visible et l’Église invisible.

Le jour de ma visite, un deuxième culte a lieu au début de l’après-midi à la demande d’une famille originaire du Cameroun. Un culte de reconnaissance, une année après le décès d’une maman et grand-maman. Une partie des membres de la famille se joint à la communauté à l’issue du culte du matin, au moment de l’apéritif. Pour certains, ce sera l’occasion d’entendre l’Evangile, peut-être pour la première fois.

Honorer les liens tissés dans et hors de l’Eglise, c’est cela la convivialité.

Bernard Bolay

 
Les impulsions du Labo Khi

Il y aurait beaucoup à dire sur la construction d’une dynamique communautaire. L’utilisation habile des photographies des membres de cette paroisse n’est probablement qu’un élément parmi une foule d’autres. En cinq ans, le couple pastoral n’a sans doute ménagé ni son temps, ni ses forces, ni ses espoirs. La convivialité représente d’ailleurs l’un des huit facteurs de développement identifiés par les chercheurs de l’Église d’Angleterre. Or, s’il n’est pas suffisant pour générer une dynamique, sa déficience conduit irrémédiablement à une désaffection. Interrogeons-nous donc sur le centre de gravitation de la communauté. Comment l’identifier ? Comment le stimuler ? Le communiquer ? L’exemple de Créteil nous indique que les liens solidaires sont au cœur de la démarche. Il y a de quoi s’en inspirer.

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