Week-end « Vitamine-É » | 21-23 novembre 2014

Flyer_recto_100De nombreuses paroisses luthériennes et réformées, en France, en Allemagne ou en Angleterre se sont engagées dans des processus de renouvellement qui leur donnent de nouveaux élans. Poussés par le désir de stimuler les paroisses vaudoises, nous vous proposons de découvrir certaines actions, de partager autour de vos propres expériences, d’échanger sur les obstacles rencontrés, de chercher ensemble les « bonnes recettes » et de donner une large place à l’intelligence collective.

Le pasteur Andy Buckler, secrétaire national évangélisation et formation de l’Église protestante unie de France sera notre invité et principal intervenant. Il accompagne le développement spirituel des Églises locales en vue d’un meilleur témoignage de l’Évangile. Il interviendra le vendredi soir en présentant son travail, ses idées et ses outils. Et il accompagnera le cycle de travail du samedi.

Le cycle de dimanche sera axé sur des expériences romandes mises en lumière et commentées par le sociologue Philippe Gonzalez et le théologien et pasteur Serge Molla.

Les journées s’organisent en deux cycles complets de quatre phases de travail autour de la croissance en Église :

présentation de processus de renouvellement avec regard critique de l’extérieur

analyse de la situation et de la faisabilité « chez nous »

élaboration de pistes créatives et concrètes

projections concrètes et planification des premiers pas une fois de retour en paroisse.

A la carte

Les journées sont ouvertes à tous. Une participation « à la carte » est possible. Nous encourageons les Conseils et autres groupes à venir en équipe. Les rencontres permettront des échanges centrés sur leurs perspectives spécifiques.

Dates et heures

Vendredi 21 novembre : 18h30 apéro léger, 19h15 conférence suivie d’un plateau fromage
samedi 22 & dimanche 23 novembre : 9h à 17h.

Prix

20 fr. pour la conférence et 50 fr. par journée (pause-café et repas de midi inclus)

Hébergement

Possible sur place ; demi-pension : entre 65 fr. (dortoir) et 125 fr. (chambre individuelle avec douche)

Organisation

Crêt-Bérard – EERV (Projet KHI – ORH)

Flyer

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Inscription

Pour la conférence et les journées : ci-dessous

Attention : aucune confirmation de vous sera envoyée. Nous prendrons contact avec vous en cas de problème seulement.

Pour l’hébergement : n’utilisez pas le formulaire, mais adressez-vous directement auprès de Crêt-Bérard

Relisons Bonhoeffer !

En préparant une chronique Juste Ciel à propos de Dietrich Bonhoeffer, je me remémore la pertinence de ses propos en matière de christianisme non religieux, de Dieu bouche-trou et de posture face à un monde sécularisé. Ce bref article d’André Gounelle ferait un bel objet de discussion dans le cadre de nos recherches…

Quelques liens :
Le blog du récit de voyage (2013) d’un groupe de pasteurs suisses, français, allemands et africains.
La notice du musée virtuel du protestantisme
L’association internationale Dietrich Bonhoeffer

Simon Weber vient renforcer l’équipe du Projet Khi. Interview.

Depuis début juin (2014), Simon Weber est venu donner de nouvelles forces au projet Khi avec un engagement à 50%. Pour faire connaissance, il s’est prêté au jeu des questions – réponses.

Quels sont les éléments de votre trajectoire personnelle qui offrent des compétences pour ce poste ?
C’est plutôt une question d’expériences qu’une question de compétences qui me permet de me réjouir de travailler avec cette équipe dans ce projet Khi. Je pense être un des derniers à avoir bénéficié d’une socialisation religieuse complète dans le cadre familial et à l’Église française de Bâle. Par la suite, c’est tout le travail de catéchèse auprès des petits enfants, des enfants et des adolescents qui a marqué mon ministère de pasteur au sein de l’EREN. Cela m’a obligé à beaucoup m’interroger et réfléchir sur la pertinence de l’Evangile au cœur de notre monde et en particulier du monde des adolescents et des enfants.
Ensuite, j’ai fait un grand nombre de jour de service militaire, non pas comme aumônier, mais comme soldat et comme officier et commandant. J’y ai été confronté à la question de l’Evangile dans un milieu assez indifférent ou réfractaire à l’hypothèse Dieu. La rencontre de personnes d’horizons et de couches sociales très variés dans un contexte assez dur et exigeant m’a permis d’élaborer des pistes de communication nouvelles. J’avais une « paroisse » extrêmement vaste à disposition pour bien des exercices de style.

Et enfin, le fait d’avoir été non seulement directeur de la communication, mais aussi porte-parole de la FEPS (Fédération des Eglises Protestantes de Suisse) face à des journalistes pas toujours spécialisés, qui venaient avec des images du christianisme et de l’Église complètement étriquées et obsolètes. L’expérience de tenter de revenir à l’essentiel de manière brève et souvent dans l’urgence m’a beaucoup fait avancer dans ma réflexion autour de l’évangélisation.

Ce mot « évangélisation », comment le comprenez-vous ?
Très franchement, je n’ai jamais vraiment aimé ce mot. J’aime le mot « Évangile », mais le mot « évangélisation » me fait penser qu’on octroie la bonne parole, non pas dans le sens de la Bonne Nouvelle, mais de ce qu’il convient de penser et d’être. Tout compte fait, il est difficile de trouver un autre mot. Pour moi la question est « comment rendre l’Évangile pertinent au cœur du monde d’aujourd’hui ? ». C’est l’essentiel sur le plan de l’Église et de l’individu vis-à-vis de son prochain. Peut-être avons-nous perdu de vue cela parmi toutes les autres obligations qui sont celles d’une communauté établie depuis bien longtemps. La première expression qui a désigné le christianisme naissant dans les Actes de Apôtres, c’est « la voie ». J’aime beaucoup cela. C’est le mouvement. J’avance. J’ai souvent le sentiment que dans une période faste, on en reste à l’establishment. On s’est installé, on fait du sur-place et on a quitté le mouvement. Alors même que le monde a avancé à une vitesse folle en ayant appris à venir à bout de toutes les questions importantes sans faire appel à l’hypothèse Dieu, comme le dit Dietrich Bonhoeffer. Et il apparaît que tout va sans Dieu aussi bien qu’auparavant. L’Église doit montrer en quoi l’hypothèse Dieu, que j’appelle l’Évangile, a une place et non pas une utilité. Cette place, au cœur du monde, c’est ce que j’appelle l’évangélisation. La pertinence de l’Evangile c’est qu’il parle à tout l’espace et pas seulement à l’espace ecclésial. J’aime beaucoup ce mot « pertinence ». S’il n’y a pas de pertinence, je ne vois pas le mouvement, le déplacement, le sens.

Quel regard portez-vous aujourd’hui sur l’Église réformée vaudoise ?
Mon privilège est d’avoir vu vivre et travailler 26 Églises différentes, comme porte-parole de la FEPS. Et l’Église vaudoise a toujours eu une place importante en Suisse. À l’heure actuelle, je suis en phase de découverte et cela me motive. J’observe que l’EERV a connu un succès dans de nombreux domaines. J’ai l’impression que la question du mouvement, du décentrement, la possibilité de se « décadrer », de se mettre de biais pour s’interroger sur l’Évangile reprend sa place. Arriverons-nous encore à contaminer les autres ?

Par rapport au dossier Khi, quelles sont les priorités que vous voyez ?
Le projet Khi, c’est d’être à disposition des lieux d’Église, des paroisses, des régions, dans le domaine de la vie communautaire. L’une des priorités est d’identifier les lieux de dynamisme, mais aussi les fragilités. Il s’agit d’aider à augmenter la dynamique. Par la suite, il faut activer les réseaux pour partager les expériences positives et permettre de les transposer dans d’autres lieux.

Interview de George Lings, spécialiste des « fresh expressions »

Quelle est votre trajectoire personnelle ?
Ma vie professionnelle a commencé à la Banque d’Angleterre. Il y a quatorze ans, j’ai changé pour l’Eglise d’Angleterre. Depuis un quart de siècle, j’ai travaillé dans des Eglises paroissiales parfois comme assistant et finalement comme vicaire ou pasteur. Depuis les années 1980, j’ai développé un intérêt pour ce que l’on appelait à l’époque l’implantation d’Eglises, qui a été nommé « Fresh expressions of Church » (FXoC) par la suite. Et je m’y suis intéressé presque comme un hobby. Au milieu des années 1990, la « Church Army » a lancé une unité de recherche. Comme ils cherchaient un responsable, j’ai décroché cet emploi. Depuis 1997, nous étudions cette discipline par le biais d’exemples localisés mais aussi en essayant de comprendre les réalités plus larges.

En quoi consiste ce groupe « Church Army » ?
La « Church Army » a été fondée à la fin du XIXe siècle par Wilson Carlile. Cet homme a pris conscience que l’Eglise d’Angleterre était en contact bien plus étroit avec les classes aisées qu’avec les nécessiteux et les pauvres. Il était situé à Londres et a commencé à travailler avec des personnes pauvres, des sans-emplois. Ses préoccupations étaient doubles : d’une part de partager le message de Jésus-Christ, mais aussi d’aider ces personnes à améliorer leurs vies sur le plan social et économique. La Church Army travaille depuis 130 ans avec des groupes très éloignés de l’Eglise. Aujourd’hui ce ne sont pas que des pauvres, mais aussi des personnes bien intégrées. De nombreuses personnes n’ont aucune expérience de l’Eglise vivante et ne connaissent rien de l’essence du message de Jésus.

Quelles sont les relations entre la « Church Army » et l’Eglise anglicane d’Angleterre ?
Nous pensons que nous faisons partie de l’Eglise d’Angleterre, mais une partie du génie de cette église est qu’elle ne cherche pas à contrôler tout ce qui lui appartient. Donc, même comme membres de cette Eglise, nous dirigeons notre affaire de manière autonome. Nous formons nos collaborateurs dont la plupart travaillent avec et pour l’Eglise d’Angleterre. D’une certaine manière nous sommes comme un ordre religieux missionnaire ou monastique qui a sa propre vie, mais appartient à un corps plus large.

En quoi consiste votre travail et pour qui travaillez-vous ?
Je suis donc employé de la Church Army, mais les bénéficiaires de mon travail sont l’Eglise d’Angleterre et d’autres dénominations. Si je regarde les quinze dernières années, nous avons principalement fait deux choses : nous avons collecté un grand nombre d’histoires de ces initiatives particulières. Elles stimulent l’imagination des gens et montrent les possibilités réelles de ce que l’on peut faire. Plus récemment, depuis 2011 c’est devenu l’essentiel de notre travail, nous avons pris conscience que nous avons besoin de statistiques plus complètes sur ce phénomène appelé « Fresh expressions of church » (FXoC). Les personnes avec un esprit ouvert étaient disposées à tester de nouvelles formes d’Eglises, mais personne ne savait si elles fonctionnaient et si elles duraient. Et nous nous sommes intéressés à ces deux questions.

Peut-on situer quelques éléments de l’histoire de ces FXoC ?
Je dirais que leur histoire remonte au moins aux années 1970. L’Eglise d’Angleterre a décidé de fonder de nouvelles Eglises dans les régions où les habitants étaient trop éloignés des communautés existantes. Durant les années 1980, 1990, les gens ont pris conscience qu’il est aussi important de créer de nouvelles Eglises pour des personnes éloignées sur le plan culturel et non pas seulement géographique. Des groupes ont donc démarré et l’Eglise d’Angleterre a dit : « nous devons étudier la chose ». Le document le plus fameux a été publié en 2004. C’est un rapport national intitulé : « L’Eglise orientée par la mission ». J’ai d’ailleurs contribué à rédiger ce document. Ce document a montré à l’Eglise ce qu’elle était en train de faire et a poussé l’Eglise à poursuivre plus intensément dans cette direction. Notre dernière recherche a montré qu’en matière de démarrage de nouvelles communautés, nous avons aujourd’hui quatre fois plus d’activité qu’il y a dix ans.

Y a-t-il eu une influence de la part du mouvement de croissance d’Eglise né dans les années 50 aux Etats-Unis ?
Historiquement, il y a une faible influence. Le mouvement de croissance d’Eglises américain est arrivé dans le grand public en 1975 en Angleterre. Il a aidé l’Eglise à considérer la croissance comme un phénomène normal auquel on peut réfléchir de manière intelligente. Cette influence n’a pas été très forte et aujourd’hui l’intérêt part plutôt d’Angleterre en direction des Etats-Unis. Cette semaine je rencontre des responsables de l’Eglise presbytérienne américaine qui s’intéressent à ce que nous découvrons dans les FXoC. Je crois que les FxoC vont au-delà de ce que le mouvement de croissance américain envisageait.

L’émergence des FxoC a-t-elle généré des tensions avec les paroisses traditionnelles ?
Je dirais que longtemps le niveau de conscience de la formation de ces nouveaux groupes a été très faible. Il y a eu des désaccords à propos de l’utilité de ces groupes, mais l’ancien évêque, Dr Rowan Wiliams, et l’actuel, Justin Welby, ont permis de maintenir ces tensions à un niveau acceptable. Nous utilisons l’expression d’« économie mixte », qui nous permet de valoriser l’ancien et le nouveau. Nous n’essayons pas d’uniformiser et nous aimerions que chacun puisse respecter et valoriser l’autre. Notre recherche a montré que l’arrivée des FXoC n’a, en règle générale, pas conduit à des tensions. Il ne serait pas correct de dresser un tableau angélique non plus. Au cours des dix dernières années, un certain nombre de livres critiques à l’égard du mouvement des FXoC a été publié. Dans une Eglise ouverte, nous n’avons pas peur du débat. Les points de vue des uns et des autres nous permettent de progresser.

Qui peut revendiquer le label « FXoC » et prendre le logo ? La chose doit-elle passer par une autorité de l’Eglise qui valide le groupe ?
L’Eglise d’Angleterre n’essaie pas de contrôler trop strictement tout ce qui émane d’elle. Nous apprenons à accueillir la créativité et le cadre est à comprendre dans un sens plutôt relationnel que légal ou managérial.

Y a-t-il des limites ?
L’évolution du mouvement nous montre que nous devons changer nos conceptions à propos des limites. Comme exemple, nous aurions, dans le passé posé des limites comme « il faut se réunir le dimanche », « le groupe doit être conduit par un ecclésiastique – à l’époque, seul un homme pouvait le faire » , « il faut reconstruire une structure paroissiale au niveau des responsabilités » , « il faut offrir ce type de services », etc. Nous prenons conscience qu’il se passe quelque chose de plus profond. Une FXoC a besoin d’un jour pour se rencontrer, d’une forme de célébration, d’une forme de gestion de la direction, mais cela n’a pas toujours besoin d’être identique à ce qui s’est toujours fait. Ainsi parlons-nous souvent de l’ADN de l’Eglise. Dans le sens qu’au plus prof de la réalité de l’Eglise, il y a des instincts, des principes importants, mais il en va comme pour l’ADN humain, deux personnes ne sont jamais identiques et certaines ne se ressemblent pas beaucoup. Nous apprenons que c’est aussi vrai au sein de l’Eglise.

Avez-vous constaté des excès de certains groupes qui allaient trop loin ?
Les exemples de ceci sont très rares. En fait votre question pourrait être retournée dans l’autre sens. Certaines FXoC pourraient d’elles-mêmes se désolidariser de l’Eglise d’Angleterre. Notre recherche des deux dernières années s’est étendue sur 500 exemples de FXoC. Seules deux d’entre elles ont quitté l’Eglise d’Angleterre. Aucune n’a été fermée d’autorité par l’Eglise d’Angleterre. Il ne faut pas surévaluer les risques de dérive. L’immense majorité est en très bons termes avec les paroisses desquelles elles sont issues et elles sont valorisées au sein de leurs diocèses.

Ces FXoC sont-elles perçues, par le grand public, comme étant rattachées à l’Eglise d’Angleterre ?
La plupart de la population anglaise sécularisée n’a pas même conscience de ce phénomène. Mais ces personnes ne savent pas grand-chose non plus au sujet de l’Eglise d’Angleterre elle-même. Ce qui est intéressant, à mon sens, c’est que les personnes qui ont commencé à fréquenter ces FXoC sans expérience religieuse préalable nous disent « oh ! C’est donc ça l’Eglise ! ». Lorsqu’il s’agit de parler de l’Evangile et de prêter attention aux plus faibles, ces personnes se rendent bien compte que c’est l’Eglise. Et les responsables leur permettent de prendre progressivement conscience que cette offre s’inscrit dans une réalité plus vaste appelée « l’Eglise d’Angleterre ».

Ces FXoC sont-elles destinées à regarnir les bancs des paroisses traditionnelles ?
Non. Ce n’est pas le cas. Dans la définition des FXoC l’objectif est d’être orienté sur des personnes qui ne fréquentent pas de paroisse. Ainsi ces nouveaux groupes deviennent leur Eglise. Le but n’est pas de ramener ces personnes aux paroisses classiques. Nous nous percevons comme une famille d’Eglises dans laquelle l’ancienne génération et la nouvelle génération vivent ensemble.

Certaines paroisses traditionnelles bénéficient-elles de l’émergence de nouvelles FXoC ?
Les bénéfices vont dans les deux sens. Au début, les paroisses traditionnelles peuvent fournir des ressources financières et humaines. Au moment où ces nouvelles formes progressent en nombre et en vigueur, elles peuvent enseigner certaines leçons aux paroisses.

L’Eglise d’Angleterre est traversée de plusieurs courants théologiques. Peut-on qualifier les FXoC comme étant plus fortement typées comme « évangéliques » ?
On parle de quatre courants au sein de l’Eglise d’Angleterre, les anglo-catholiques, les libéraux, les évangéliques et les charismatiques. Fréquemment, les membres se définissent comme appartenant à plusieurs courants. Notre recherche a montré que pour cette raison, il est assez difficile de répondre à votre question. Je dirais néanmoins que la tradition évangélique est associée plus étroitement aux FXoC, les charismatiques et les libéraux dans une moindre mesure. Dans certains diocèses, le courant central (libéraux) est même le mieux représenté. L’image est très diversifiée, il existe également des exemples au sein du courant anglo-catholique. Ce qui me semble déterminant, c’est que tous les courants théologiques peuvent envisager ces nouvelles formes s’ils le souhaitent.

Ces FXoC sont-elles essentiellement un phénomène urbain ?
Répondre à cette question était précisément l’un des buts de notre recherche. Nous avons donné aux sondés 11 catégories différentes pour définir l’environnement de leur Eglise. Du cœur des villes, aux banlieues riches ou pauvres, des villages-dortoirs ou des régions reculées. Des FXoC sont présentes dans tous les contextes. Les villes sont le mieux représentées avec 17% des réponses. Le spectre est très large, ce qui nous réjouit parce que notre réflexe anglican nous pousse à être en lien avec des personnes à travers tout le pays.

Ces FXoC sont-elles un phénomène de marque et de mode ?
Il est vrai que certaines FXoC ressemblent plutôt à des marques. Par exemple, ce que l’on appelle les « messy churches » (les églises en désordre). Une Eglise en désordre fonctionne sur un dispositif de valeurs qui l’identifie facilement. Un autre exemple serait celui des églises-café qui utilisent certains codes du monde du marketing. L’approche des marques concerne peut-être 2/5 des FXoC, je pense que cette accusation est partiellement correcte, mais on peut retourner la chose : l’Eglise d’Angleterre n’a-t-elle pas offert durant longtemps de la musique classique à des femmes de classe moyenne de manière très analogue ? Je pense que nous devons dépasser cette question pour apprendre à reconnaître qu’il y a une grande santé à reconnaître la variété des formes de communautés.

J’aimerais en savoir un peu plus sur les « messy churches »
Ce mouvement est né en 2004 à Portsmouth, sur la côte sud de l’Angleterre, avec Lucy Moore. Quelques valeurs sont présentes dans ces communautés. L’une d’entre elles est que l’Eglise doit s’adresser aux personnes de tout âge. Elle est donc orientée sur les familles, non seulement les enfants. La créativité est particulièrement soulignée, en particulier dans les formes de célébration. L’hospitalité est une autre valeur centrale, et la rencontre d’une « messy church » inclut en général un repas. D’autres éléments comme l’importance du culte et la centralité de Jésus Christ sont plus communs. Avec la présence de ces cinq éléments, on considère un groupe comme une « messy church », mais la forme des rencontres n’est pas normative.

Certaines critiques sur ces FXoC estiment que ces nouvelles formes porteraient ombrage aux formes plus anciennes.
Oui, il est vrai que le mot « fresh » peut faire penser que les autres formes sont à considérer comme l’opposé, c’est à dire « stagnantes » [stale]. A mon avis ce n’est pas le cas. D’ailleurs l’une des vingt formes de FXoC que nous avons identifiées consiste à réinventer les services religieux traditionnels. La question n’est pas de jouer l’ancien contre le nouveau, mais de poser la question : cela permet-il d’entrer en proximité avec les personnes auprès desquelles Dieu nous envoie. Parfois la réponse tout à fait traditionnelle est la bonne. Dans d’autres cas, cela ne servirait à rien et les questions à se poser devraient engendrer de la créativité. Il ne faut pas voir d’opposition.

Pourrait-on avoir quelques chiffres sur l’expansion de ces FXoC ?
Durant les deux dernières années, notre petite équipe a effectué une vaste recherche dans dix diocèses. Ceci représente un quart de l’Eglise d’Angleterre. A ce stade, nous ignorons si les trois autres quarts nous donneraient confirmation de ces chiffres. Nous avons néanmoins ciblé des diocèses représentatifs en terme de taille et de contexte. Nous y avons trouvé plus de 500 FXoC, ce qui pourrait nous indiquer qu’il en existe environ 2’000 en Angleterre. On peut considérer d’une communauté sur six est aujourd’hui une FXoC. Nous savons que les personnes qui fréquentent ces FXoC représentent 10% des fidèles. Nous savons encore que, dans une très large mesure, la croissance de ces groupes parvient à endiguer le déclin des diocèses. Une autre découverte très encourageante, c’est le fait que 40% des participants à ces FXoC est âgé de moins de 16 ans. Ce qui est deux fois plus que dans les paroisses traditionnelles. Ceci nous donne beaucoup d’espoir pour l’avenir.

Comment expliquez-vous ce succès ?
Un certain nombre de responsables religieux ont évolué dans un climat qui a reconnu qu’il « fallait faire quelque chose de différent ». De plus en plus de personnes ont été disposées à prendre des risques pour faire des expériences. Nous vivons dans une Eglise qui laisse une grande marge à la créativité et qui apprend en cours de route plutôt que d’avoir la certitude absolue avant de commencer quelque chose. Tous ces facteurs ont beaucoup aidé. Nous vivons aussi dans un climat spirituel dans lequel beaucoup de personnes se disent : « il y a des choses très importantes dans la vie qui ne sont pas d’ordre mercantile » . Les gens cherchent des réponses et du signifiant. Voici quelques éléments, mais il y en a sans doute bien d’autres.

Comment voyez-vous l’avenir ? Les FXoC vont-elles prendre le dessus à terme ?
Bien entendu, je n’en sais rien. Je pense à un diocèse, au milieu de ce pays, dans lequel l’évêque a déclaré publiquement : « en 2030, nous estimons que la moitié de nos Eglises devraient être des FXoC ». Il a commencé à préparer des responsables pour travailler dans cette direction. Cela pourra-t-il se généraliser, ce n’est pas certain. Nous avons des raisons de penser que l’Eglise traditionnelle va continuer à être utile à une partie de la population. Et je m’en réjouis. Et nous devons continuer à penser en termes d’économie mixte.

Propos recueillis par Jean-Christophe Emery, mai 2014.

Quelques références à propos des Églises de migrants

Les flux migratoires bousculent le paysage religieux du Vieux Continent. Bien entendu comptent les réalités des différents pays d’origine et de destination des migrants. Les langues de leurs célébrations. Les processus de refuge culturel et les solidarités minoritaires sont importantes. Plusieurs expériences françaises montrent le bénéfice partagé lorsque les paroisses traditionnelles sont capables de s’associer aux communautés de migrants. Un ambitieux projet MOSAIC s’inscrit dans cette perspective.

Quelques références dans le domaine :

La toute récente publication par l’institut Suisse de sociologie pastorale d’un répertoire des communautés chrétiennes issues de la migration en Suisse (pdf 2,1 Mo)

Le site web oecuménique Solidarités Eglises Migrants Vaud

Un logo, un site, des projets pour les 500 ans de la Réforme

La FEPS (Fédération des Eglises Protestantes de Suisse) s’est doté d’un logo et d’un site web Suisse destinée à pousser en avant l’élan espéré autour des festivités liées aux cinquième centenaire de la Réforme. Voici une sélection de liens en relation avec cet événement :

Un article de Protestinfo

Le site officiel du Bureau « Luther 2017 – 500 ans de la Réforme » [multilangues]
Le site officiel, centré sur l’histoire
L’Eglise Protestante Unie de France part à la recherche de nouvelles thèses
Voyager en Allemagne sur les traces de Luther
Le site des hollandais [en anglais]
En savoir plus sur Luther [site allemand partiellement traduit]
Luther dans le musée virtuel du protestantisme

Le document de la FEPS « perspectives pour la réforme » [pdf 2,2 Mo]

L’évangélisation, une entreprise coloniale ?

Quelques considérations autour de cette apostrophe publiée sur Facebook le 30 mai à propos du projet Khi : « Suis-je la seule pour laquelle évangélisation rime avec colonialisation ? »

La colonialisation est une affaire de mise sous tutelle et d’influence économique, politique, religieuse, etc. qui implique un colon dominant et un colonisé dominé. Un peu schématique, j’en conviens. Passons en revue quelques remarques.

D’un point de vue culturel, considérer que tout élan de promotion du christianisme relève d’une entreprise (néo)coloniale revient à ignorer l’état de fragilité dans lequel se trouve ce qui subsiste de la « chrétienté » sous nos latitudes. Non seulement elle n’est plus la référence unique, mais son champ d’influence se réduit d’année en année. Le christianisme est aujourd’hui noyé dans un océan de références, une fragmentation du croire et un émiettement des pratiques. Le colonialisme de grand-papa est bien loin de ces réalités.

Au niveau politique, un constat analogue nous amène à signaler la fin des alliances entre le sabre et le goupillon. Toute intrication potentielle des deux règnes fait immédiatement siffler les « lanceurs d’alerte » de la laïcité. Les quelques liens qui demeurent relèvent de gages de reconnaissance envers l’engagement social. Les subsides qui en résultent n’offrent pas de quoi lever une armée.

Théologiquement, l’entreprise de colonialisation religieuse se base sur l’évidence d’une supériorité dans la réception de la religion révélée (le christianisme dans le cas d’espèce) sur d’autres traditions et compréhensions. Depuis un certain temps déjà, le christianisme a réglé de nombreux comptes (et sa culpabilité) avec sa trop longue et complexe perspective hégémonique. De larges pans de la missiologie actuelle reposent sur ce constat.

Il conviendrait de s’interroger sur les œuvres coloniales contemporaines : colonialisme économique, culturel, technologique, etc. Dans quelle mesure, le christianisme est-il l’allié de telles entreprises ? A mon sens, l’héritage chrétien charrie plus d’éléments critiques que d’éléments complaisants envers ces nouvelles hégémonies.

Le fantôme du fantasme colonial, toutes traditions chrétiennes confondues, rode aujourd’hui encore. Dans son sillage, une culture du soupçon est encore bien présente. C’est sans doute mérité pour ce qui relève du passé, mais anachronique et non pertinent en ce qui concerne l’actualité. Pour ce qui relève de l’avenir, la sécularisation en marche n’a pas encore démontré son essoufflement.
Quant au projet Khi, il vise avant tout à insuffler un élan et une motivation. A transmettre une espérance et des horizons. A soutenir, mettre en valeur et fortifier des femmes et des hommes pour lesquels l’Evangile est une Bonne Nouvelle libératrice et non pas un instrument d’oppression. Pour soi, pour autrui.

2 juin 2014 | Jean-Christophe Emery

Les grands axes du projet khi

Notre cœur ne brûlait-il pas en nous tandis qu’il nous parlait en chemin et nous ouvrait les Ecritures ?

Luc 24:32

Ci-dessous, vous trouvez des informations sur les pistes de recherche du projet Khi, tels que présentés aux Conseils des lieux d’Eglise en juin 2014. Le dépliant de présentation peut être téléchargé ici [pdf 1,2 Mo].

LoupeLa recherche active

La société change rapidement. Comment adapter nos offres ? Comment être créatif sans renier nos traditions ?
Il s’agit de développer, pour tout groupe constitué (région, paroisse, aumônerie, etc.) une méthode de travail. Celle-ci consiste à évaluer les actions entreprises pour analyser les enjeux, améliorer leur impact et en tirer des enseignements. L’objectif est de permettre à tout groupe d’entrer dans un processus permanent d’apprentissage.

Télécharger la présentation d’un protocole en cours d’élaboration [pdf 193 Ko]

StethoscopeUn outil de diagnostic

Quels sont les éléments qui permettent à un groupe de progresser ? Quels sont les points forts et les carences ?
Il s’agit de donner aux groupes (paroisses, régions, etc.) des outils leur permettant d’effectuer un autodiagnostic. Ces outils se basent sur une récente recherche de l’Eglise anglicane d’Angleterre. Celle-ci a pu identifier des éléments liés à la croissance de ses paroisses. Nous souhaitons offrir ces éléments comme un cadre de réflexion et d’interpellation, avec le souhait de stimuler de nouveaux élans.

 

CalpinDes bases de formation

Après l’information, la formation est un élément clé des processus d’évolution. Nous concevons la formation comme un processus intellectuel, relationnel et spirituel.
La sensibilisation des personnes engagées dans l’Eglise à la thématique de l’évangélisation est une piste importante. Nous souhaitons mettre à disposition des outils de gestion de groupe et des formations destinées à encourager les personnes engagées en Eglise.
Nous travaillons à l’élaboration d’un bref parcours d’initiation à la spiritualité chrétienne. Au travers d’un canevas simple et d’une méthodologie soignée, nous souhaitons offrir un outil facile d’accès pour cheminer à la découverte de certains trésors de la foi.Ces formations sont élaborées en lien avec l’ORH (Office des Ressources Humaines) ainsi que Cèdres Formation et, dans une moindre mesure, l’OPF (Office Protestant de Formation).

AntenneCommunication et information

L’évangélisation est une réalité dynamique et en évolution permanente. Le changement et l’adaptation sont des mots qui revêtent toute leur importance.
Portant le souci permanent de questionner nos pistes de travail, nous avons mis en place une veille théologique, spirituelle, et intellectuelle, en lien avec des projets et des programmes similaires dans les pays voisins. Nous nous tenons informé des dynamiques de « croissance d’Eglise » et nous communiquons sur notre site web l’essentiel de ces découvertes. Nous informons également sur les initiatives qui émanent des paroisses de l’EERV dans l’idée de les valoriser. Sur notre site, nous publions des prises de position, nous offrons des espaces de discussion (commentaires) et nous mettons à disposition les outils développés.

CléValorisation d’outils « clé en main »

La créativité est présente, mais parfois peu visible. L’initiative est présente, mais peut être mieux mise en valeur.
De nombreuses initiatives locales font la satisfaction des groupes qui les portent. Malheureusement, leur rayonnement ne dépasse pas souvent le cercle paroissial. Fort de ce constat, nous élaborons un catalogue d’outils, de propositions, d’idées fécondes permettant à d’autres d’être nourris et stimulés par un travail déjà en partie accompli et éprouvé.

Article en lien

AmpouleEspace de créativité et de recherche

De nombreuses personnes, au sein de l’EERV, portent la préoccupation de l’évangélisation. Comment les mettre en lien ? Comment valoriser les bonnes idées ?
Convaincus de l’importance de valoriser des espaces de créativité, nous cherchons à rassembler des personnes motivées (laïcs et ministres) autour de la thématique de l’évangélisation. Un « réseau khi » a été mis sur pied par le biais du site web projetkhi.eerv.ch. Il est constitué d’une lettre de nouvelles ouverte à tous ainsi que de soirées informelles et conviviales destinées à brasser des idées.

CalendrierAu calendrier 2014

Deux événements que nous aimerions particulièrement souligner.

6 septembre Stand d’information et de contact lors de la Journée EERV, à la cathédrale de Lausanne.

21-22-23 novembre Des journées de partage et de découverte à Crêt-Bérard. Intitulées « vitamine-é », ces journées ont pour but d’encourager les groupes déjà constitués (lieux d’Eglise, Conseils, aumôneries, etc.), de leur permettre de partager leurs bonnes idées et de leur proposer des idées nouvelles.
Organisé avec Crêt-Bérard et l’ORH. Une participation partielle à ces journées est possible.

JCE/AVA 19 mai 2014

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