Vitamine-é : des échos de la première rencontre

La première soirée « vitamine-é » s’est déroulé le vendredi 23 mai 2014 dans la petite salle de paroisse de Penthalaz. Une dizaine de participants a fait connaissance, partagé un pic-nic et orienté les conversations sur la vaste thématique de l’évangélisation. Voici, en vrac, quelques reflets des sujets de conversation qui ont eu cours.

  • Hors norme… l’évangile et le swin-golf. Des règles qui n’en sont pas mais en sont quand même. Déplacer une balle d’un point à un autre, c’est tellement bête que cela nivelle tout le monde… Forts et faibles ne sont pas ceux que l’on croit.
  • Comment faire connaissance avec les nouveaux jeunes conseillers de paroisse (Lausanne). Plusieurs personnes engagées ont moins de trente ans et j’aimerais comprendre pourquoi elles sont là.
  • Projets sur l’interculturalité et les changements de population qui posent des questions. Notre structure n’est pas adaptée à ces défis. On doit être attentifs aux besoins sociaux et spirituels, relationnels des personnes qui viennent d’autres cultures. Plus grande proportion de ménages célibataires (56% à Lsne). Comment faire cohabiter nos ethnies – l’EERV est aussi une église ethnique. Quel métissage ? Comment le réussir sans perdre son identité ?
  • Des mondes différents entre ville et campagne. La diversité des paroisses est immense, mais nous avons potentiellement le même problème, mais nous allons devoir trouver des réponses différenciées. Pas de standardisation.
  • Eglise sous la forme contemplative. Je suis attiré par le côté prière. De plus en plus de retraites. Exemple : la paroisse de Morges a enregistré un certain succès suite à la proposition d’un cursus de découverte de différentes formes de prière contemplative. Comment élargir la chose ? Comment faire des lieux accueillants pour la méditation ? Quid de la fermeture des temples ?
  • Transmettre de génération en génération ne fonctionne plus. Comment faire pour que la veine bouchée puisse être contournée et éviter la thrombose ?
  • Ecouter. Au commencement était la Parole, etc. Attitude de réceptivité. Comment écouter Dieu, les besoins des contemporains. Besoins d’amitié pour sortir d’une solitude. Trouver du sens, de la réconciliation.
  • Quid du « faire » ? Quel projet ? Comment trouver un terrain commun dans des projets ? La tendance est celle de beaucoup discuter… et après ? Que vivre ensemble ?
  • Plusieurs discussions sont centrées sur les difficultés de l’Eglise. Il y a sans doute quelque chose de fondamental… quelle démonstration de l’amour réciproque ?
  • Comment l’Eglise peut-elle se reposer davantage sur les laïcs ?
  • Il faut oser profiler les paroisses et les lieux. Leur donner une identité propre mieux définie. Question : qu’est-ce qui tient ensemble ? La forme ou le fond ? Parfois il faut toucher le fond pour remonter…
  • Comment éviter le « paroisso-centrisme » et parler en terme de « lieu d’Eglise » ? La réalité de l’Eglise dépasse largement les paroisses.
  • Un conseil de paroisse ne pourra jamais faire de l’évangélisation sa priorité. Il est trop englué dans les réalités administratives. Il faut trouver d’autres lieux et d’autres groupes.
  • Créativité et rencontre : comment monter de nouveaux projets ? faut-il tester la solution du « crowdfunding » pour des projets d’Eglise ?

Quelques réflexions personnelles (JCE) :

  • Beaucoup de questions et de préoccupations montrent que la thématique de l’avenir de l’Eglise est à la fois stimulante, mais aussi anxiogène.
  • Le « pourquoi » n’est pas très présent dans les questionnements, mais le « comment » est omniprésent.
  • La créativité est présente et les diagnostics sont fouillés. Mais de l’idée à la réalisation complète, le chemin est long et semé d’embûches. La valorisation des initiatives réussies et la mise à disposition des idées fécondes est indispensable.

Quelques apprentissages de cette soirée :

  • Une durée plus longue a été souhaitée par plusieurs participants. Ainsi la prochaine rencontre se déroulera-t-elle de 19h à 22h (ou plus).
  • La fluidité des conversations nécessiterait que les participants puissent se tenir debout autour de table hautes. Nous cherchons des lieux adaptés (l’avis de recherche est lancé).
  • Entre un contenu fixé autour de contributions thématiques ou des discussions non dirigées, les avis divergent. Pourquoi ne pas organiser deux sortes de rencontre ?
  • La prochaine rencontre sera organisée avec une méthode du BarCamp ou encore de la « non conférence ».

Une journée œcuménique autour de l’évangélisation

Une bonne trentaine de personnes étaient réunies le 10 mai 2014 à La Tour de Peilz, dans le centre œcuménique de Vassin, à l’invitation de la CECCV. Annoncé comme journée de réflexion et d’échange, la rencontre a fait la part belle à l’œcuménisme et à quelques enjeux liés à l’évangélisation. Tour d’horizon des interventions de la matinée.

 

Mgr Alain de Raemy. Evêque auxiliaire du Diocèse Lausanne, Genève, Fribourg, livre quelques éléments de la naissance et du déploiement de sa vocation. Son expérience œcuménique suit sa trajectoire personnelle à Yverdon, Fribourg, Lausanne puis Rome. Il souligne ensuite quelques éléments tirés d’Evangelii Gaudium. Le Pape François y appelle à un mouvement d’élan et non de repli. La portée œcuménique est centrale dans tout l’ouvrage.

Georges Lemopoulos. Secrétaire général adjoint du Conseil œcuménique des Eglises, se situe à partir de sa tradition orthodoxe. « Avoir la vie en abondance », c’est l’horizon de l’évangélisation, dit-il en ouverture. Il propose ensuite, à partir de l’image d’une peinture iconique projetée sur l’écran, une réflexion théologique. Autour du document ensemble vers la vie, il souligne l’ouverture du mouvement oecuménique à la pneumatologie et à la dimension de l’Esprit. Celle-ci élargit la christologie très centrale jusqu’ici. L’accent est aujourd’hui mis sur l’évangélisation qui vient non pas du centre vers les marges, mais à l’inverse, de la périphérie vers le centre. Cette inversion des notions de pouvoir questionne les héritages. De plus, la nécessité de l’unité comme élément central du témoignage chrétien est évoqué comme lieu de vérification de la cohérence des paroles.

Daniel Willis. Directeur du Mouvement de Lausanne, détaille les motifs de sa présence en Suisse liée aux festivités du 40e anniversaire de la Déclaration de Lausanne. Il souligne divers temps de son parcours personnel, de sa découverte de l’œcuménisme et d’autres Eglise. Il évoque l’engagement du Cap et en profite pour faire son auto critique : nous autres évangéliques, nous avons souvent un Evangile à deux chapitres. Repentance et rédemption. Il nous faut ajouter une théologie de la Création ainsi qu’une eschatologie. Dans cette idée, il souligne l’importance du langage : nos traditions chrétiennes parlent souvent de la même chose avec des expressions différentes. Il lance finalement une piste de travail autour d’un accent à mettre non pas sur l’idée d’un pèlerinage terrestre éphémère, mais une prise en compte forte de la vie et de l’épaisseur du monde.

Le pasteur Hubert Van Beek, secrétaire émérite du Forum chrétien mondial, revient sur son éducation darbyste et son ouverture progressive à l’idée de s’engager dans le mouvement œcuménique. Il détaille les transformations que ces nouvelles découvertes opèrent en lui. Largeur de la perspective, diversité des traditions et des liturgies, mondialisation du christianisme et déplacements théologiques, géographiques et spirituels. Ma propre tradition est trop cérébrale, trop dépouillée et trop désacralisée, dit-il en évoquant sa découverte des courants pentecôtistes. En termes de mission, le grand défi est de mettre ensemble Jean 17 et Matthieu 28 : l’impératif de l’unité et celui de la mission. Il termine en expliquant comment la question de la mission et du prosélytisme a été travaillée dans le cadre du document sur le témoignage chrétien dans un monde multi-religieux proposé par l’Alliance évangélique mondiale, le COE et l’Eglise catholique romaine.

 

L’Eglise d’Angleterre est fascinante

En séjour au pays de Sa Majesté, l’occasion m’est donnée de rencontrer quelques chercheurs et experts en matière de statistiques et d’autres (parfois les mêmes) en matière de Church Growth, c’est à dire « Croissance d’Eglise ».

De nombreux chiffres indiquent que les Eglises progressent dans certaines régions et régressent dans d’autres. L’intérêt réside non pas dans les grandes généralités, mais dans les motifs explicatifs de ces évolutions. Bien entendu, les facteurs externes sont nombreux : réalités économiques ou flux migratoires qui infléchissent la géographie des populations. D’autres facteurs sont liés à la globalisation du christianisme, aux mouvements charismatiques et aux méga-églises. Des éléments internes jouent également un rôle. Plusieurs chercheurs et instituts se sont spécialisés dans l’analyse des données statistiques en vue de proposer aux ministres et aux laïcs des outils de travail. Le pragmatisme britannique est en action permanente. La formule magique du graal de la progression numérique hante les uns et fait sourire les autres.

Peter Brierly

Selon Peter Brierley, réputé comme l’un des meilleurs connaisseurs des statistiques du christianisme britannique, l’Eglise d’Angleterre est au centre de toutes les attentions. La ville de Londres en particulier. Elle cumule le privilège de rassembler une large proportion des pratiquants anglais mais surtout, la progression numérique de certains quartiers intrigue largement. A ses yeux, cette évolution démontre pour la première fois un infléchissement de la sécularisation. Mais cette proposition fait débat. Selon Steve Bruce de l’université d’Aberdeen (Ecosse) la sécularisation progresse encore. Le révérend David Goodhew s’inscrit en faux dans un débat qui agite les milieux spécialisés depuis 2013.

David Goodhew

David Goodhew, à la tête du Centre for Church Growth Research, s’échine à promouvoir la progression du christianisme. Son institut, rattaché à l’Université de Durham, au nord de l’Angleterre s’efforce d’exploiter les résultats statistiques pour définir les causalités et élaborer des formations pour les personnes engagées dans les communautés. Dans ce processus, une mise en lumière théologique est un processus indispensable, ajoute le chercheur. Pour David Goodhew, les groupes évangéliques voire charismatiques ont le vent en poupe. Les statistiques londoniennes le confirment en ajoutant la notion d’église ethnique. Mais certains groupes « libéraux » enregistrent également des progressions. Ainsi, l’affluence dans les cathédrales du pays est-elle en forte augmentation et de nombreux programmes permettent aux touristes de passage d’assister à un service religieux ou de participer à une proposition spirituelle.

Bev Botting dirige le service des statistiques de l’Eglise anglicane d’Angleterre. Elle commente la récente recherche from anecdote to evidence publiée au début de l’année 2014. Nous avons tenté d’identifier les éléments qui entrent en corrélation avec les paroisses qui grandissent. Nous nous intéressons en particulier aux jeunes. L’évidence suggère que les Eglises qui grandissent ont davantage d’enfants et de jeunes. Nous avons découvert que la moitié des 60’000 Eglises du pays n’ont au maximum que 5 enfants qui participent régulièrement aux cultes. Et de toute évidence, les Eglises qui grandissent sont celles dont les enfants participent activement aux cultes. L’un des intervenants de la Conférence sur la croissance des Eglises londoniennes, le professeur émérite David Martin renchérit : je suis convaincu que le déclin des paroisses traditionnelles est moins lié aux personnes qui ont quitté la religion qu’à leur incapacité à socialiser les enfants.

Autre élément de progression : nous avons constaté que chaque personne engagée dans un mouvement pionnier a été capable de fidéliser 2,5 personnes nouvelles se réjouit Bev Botting. En filigrane, elle désigne les désormais fameuses Fresh Expressions of Church. Ces groupes ont émergé dès les années 70 explique George Lings, un autre sociologue engagé par un groupe indépendant, la « Church Army »., également expert dans ces nouvelles formes de communautés. Le phénomène alors marginal s’est très largement imposé comme l’Eglise montante dès 2004, à la publication d’un rapport sur l’Eglise d’Angleterre : mission-shaped church. Ce document, devenu un best-seller, a popularisé la notion de « Fresh Expression » et normalisé ainsi 15 types de groupes différents. Aujourd’hui ces églises sont estimées à 2’000, elles se déploient dans 20 formes canoniques. Certaines naissent et progressent, d’autres meurent. Environ un quart d’entre-elles enregistrent des progressions, précise Bev Botting. Quant on l’interroge sur les dérives de ces groupes très autonomes vis-à-vis de l’autorité ecclésiastique, George Ling se lance dans une nouvelle démonstration du pragmatisme flegmatique qui pétrit sa culture : « ces groupes ont un ADN commun qui permet à leurs membres de se sentir proche de l’Eglise Anglicane. Nous n’avons pas besoin de contrôle plus strict. Les groupes les plus marginaux s’éloignent d’eux-mêmes et les cas sont extrêmement rares ».

Influencées par cet élan de fraîcheur, certaines paroisses traditionnelles trouvent des forces pour soutenir de nouvelles implantations de Fresh Expressions. Et si Justin Welby, l’archevêque de Canterbury parle d’économie mixte, il faut constater que la cohabitation entre les différentes initiatives ne semble pas porter de préjudice. Un débat a néanmoins lieu autour de formes de concurrence entre groupes ou à propos de l’aspect éphémère de certains noyaux.

Pour poursuivre : Une édition de Hautes Fréquences, sur La Première, consacrée aux Fresh Expressions.

Des « Ressources » proposées par l’Église protestante unie de France

L’Église protestante unie de France publie un bisannuel  destiné à équiper et accompagner les professionnels et les bénévoles actifs dans les conseils. Les témoignages et les articles de fond alternent pour donner un ensemble cohérent et résolument orienté sur le partage et le témoignage.

Les numéros 1 à 5 sont en téléchargement sur le site et il est possible de s’abonner.

Site internet

Première soirée « vitamine-é »

Qu’est-ce ?

Une soirée informelle destinée à brasser des idées, se mettre en réseau, faire mûrir des projets en les soumettant à l’intelligence collective. Ces rencontres n’ont aucun aspect décisionnel, elles sont tournées vers la créativité. D’autre part, les éventuels liens hiérarchiques des participants ne doivent pas être déterminants.

Comment cela se passe-t-il ?

Une courte présentation (15 min) liée à la thématique permet d’entrer en matière. Le reste de la soirée est entièrement laissé à l’informel selon un concept « wine, cheese & church ». En fin de rencontre, une personne récolte quelques idées intéressantes issues des discussions.

 

La première soirée vitamine-é aura lieu le vendredi 23 mai 20h-22h au Foyer paroissial de Penthalaz.

Comment participer ?

  1. Etre inscrit au Réseau Khi pour recevoir le mail d’invitation. Inscriptions ici
  2. S’inscrire via le lien « doodle » contenu dans l’invitation.
  3. Attention : seuls les 15 premiers inscrits participent à la rencontre.
  4. Aucune finance d’inscription ou de participation, mais …
  5. … chaque participant vient avec de quoi partager (fromage, charcuterie, pain, vin, etc.)
  6. Les rencontres durent de 20h à 22h.

Pourquoi limiter le nombre à 15 personnes ?

  • Pour garantir la convivialité de la rencontre.
  • Pour favoriser la possibilité de rencontre chacun des participants.
  • Pour faciliter l’organisation.
  • Pour encourager la multiplication de ce genre de rencontres et, pourquoi pas, encourager des rencontres décentralisées s’il y a de la demande.

 

L’Église émergente en contexte anglophone

Andy Buckler est permanent de l’EPUF chargé de formation et d’évangélisation. Ancien ministre de l’Eglise anglicane d’Angleterre à Oxford. Il a également exercé en Russie, puis en France, à Mantes-la-jolie.

Andy Buckler est le « monsieur évangélisation » de l’Eglise Protestante Unie de France. Issu de l’Eglise anglicane du Royaume Uni, il nous propose une perspective historique et contemporaine sur la recherche autour de ce que le monde anglo-saxon appelle « l’Eglise émergente ».
Voici les notes de cette contribution faite le 31 mars 2014 à l’Université de Strasbourg, dans le cadre de la journée d’étude consacrée à l’évangélisation.

Le titre de cette contribution est ambigu : l’ « Eglise émergente » n’est pas un bloc uniforme. C’est un mouvement, un ensemble très divers et innovateur. Le contexte anglophone est fragmenté en une multitude de sous-cultures !

Les mots « évangélisation » et « mission » ont évoqué, dans l’histoire, deux dynamiques différentes. La mission désignait la réception de l’Evangile dans des cultures étrangères (inculturation). Alors que l’évangélisation était considérée comme la tâche de l’Eglise dans un contexte historiquement chrétien, destinée à renouveler le message. La mission est dialogue entre message évangélique et culture en vue de la création de quelque chose de nouveau. Cette démarche est plus complexe que la seule annonce de l’Evangile.

En vertu des bouleversements culturels actuels la distinction entre mission et évangélisation perd de sa pertinence. L’Eglise doit à nouveau devenir missionnaire. C’est un défi en Europe anglophone.

L’idée de percevoir le contexte socio-culturel comme une terre de mission vient de Brian McLaren (USA). Pour lui, un nouveau monde appelle à une nouvelle Eglise. Il s’agit de repenser la théologie. Ainsi naît le mouvement des Eglises émergentes en Amérique du Nord. Il se fonde en opposition aux Eglises historiques (main stream). En Angleterre, la dynamique s’exprime autrement. Au sein des structures de la Church of England (CoE), de nouvelles formes d’Eglises sont fondées en cohabitation souple et créative – il s’agit des fameuses « Fresh Expressions ».

Constatant l’écart grandissant entre Eglise et société, la CoE envisage un repositionnement radical. Ceci s’opère en trois temps successifs.

  1. 1945-1985 : la priorité consiste à présenter à nouveau une foi reçue dans l’enfance. Les outils principaux sont la prédication et la réunion d’évangélisation. De nombreuses paroisses organisent des « temps de mission » en sollicitant la présence d’un évangéliste dans le style Billy Graham. Au centre, la notion de réveil et donc l’appel à la conversion (relativement rapide). Cette perspective fait appel à du connu pour le stimuler.
  2. 1980-2000 : Le modèle précédent fait place à l’idée de présenter la foi à ceux qui n’ont pas grandi avec une éducation religieuse. Cependant les fruits sont décevants et le recul se poursuit. L’approche est de moins en moins frontale. Exemple avec les parcours de découverte de la foi (Alpha). On envisage l’adhésion par l’expérimentation et le cheminement collectif. Le modèle biblique est celui du chemin d’Emmaüs. La place de la communauté est mise en valeur. Il s’agit de souligner le lien avec la foi vécue localement. L’importance est placée sur les témoins (membres de l’Eglise).
  3. Depuis 2000, l’enjeu est d’entrer dans une logique centrifuge. On va vers ceux qui n’imaginent pas mettre les pieds à l’Eglise, les distancés voire les « non churched ». L’envoi missionnaire à destination de ces personnes passe par l’implantation de nouvelles formes de communauté contextuelles. Le modèle biblique est le schéma paulinien de fondation d’Eglises. En 1994, la CoE édite un rapport dans lequel il cherche un cadre pour ces essaimages de paroisses existantes. La validité du modèle est reconnue par l’institution. Cette stratégie d’implantation doit être complémentaire au modèle paroissial. En 2004, un nouveau rapport souligne une évolution importante. Il relève que de nouvelles formes locales émergent en beaucoup d’endroits. La question qui se pose est : Comment les encadrer ? Le rapport (Mission shaped church, Church planting and fresh expressions in a changing environnement) soutient cette évolution et signale un changement de stratégie de la CoE. En vertu d’une méthodologie contextuelle, un groupe de travail s’est mis à l’écoute des dynamiques locales. Il s’interroge sur la meilleure façon de soutenir ces initiatives. Le rapport identifie 12 types de nouvelles communautés en fonction des éléments suivants : Cultes innovants. Communautés de base. Eglises dans des cafés. Groupes de maison. Eglises issues d’engagements associatifs (social). Cultes en semaine. Eglises avec plusieurs cultes. Eglises de réseau. Eglises dans des Ecoles. Eglises de style adapté aux populations en recherche. Implantations traditionnelles. Formes de spiritualité traditionnelles renouvelées. Eglises pour jeunes. Par la suite, deux nouvelles catégories vont s’ajouter à cette liste : les Eglises pour les enfants et les Eglises pour familles avec jeunes enfants. Ce rapport se penche longuement sur les liens entre Eglise et société.Il souligne l’écart grandissant qui accompagne le déclin du christianisme. Mais il le relit théologiquement comme une occasion à saisir. Il développe la conviction que le déclin sera arrêté par la repentance de l’Eglise. Ainsi, la culture ambiante n’est pas perçue comme une menace, mais comme une chance. Ce rapport 2004 développe trois nouveaux concepts :
    1. Les « Fresh Expressions » représentent une transition vers une forme plus missionnaire de l’Eglise. La pratique précède la structure conceptuelle. Ces formes d’Eglise s’orientent vers une culture changeante. Elles sont tournées vers les personnes qui ne sont pas encore membres. Les valeurs de base sont l’écoute, la notion de service, l’idée de mission incarnée et le discipulat. Le texte déclare que ces communautés ont « un potentiel de pleine expression de l’Eglise ». Il reconnaît que ces groupes sont des formes à part entière. Le système paroissial traditionnel est toujours pertinent, mais ne peut plus accomplir son objectif missionnaire.
    2. L’idée d’économie mixte émerge. Elle désigne un partenariat actif dans un cadre plus large. Le cadre de la CoE permet aux nouvelles formes de coexister avec les formes traditionnelles avec une forte notion de solidarité et respect mutuels. Le modèle théologique s’appuie sur l’idée des relations trinitaires ainsi que le modèle biblique des Eglises de Jérusalem et d’Antioche. L’Eglise a besoin de ces deux approches. L’institution n’est pas là pour écraser, mais encourager et encadrer. Pour ce faire, elle dispose d’un fort élément d’unité : l’évêque. Celui-ci est garant des liens entre communautés.
    3. En troisième lieu, le rapport laisse émerger la notion de « double listening. » Il s’agit de se mettre à l’écoute de la culture comme de la tradition de l’Eglise. La dynamique est la suivante : A, Ecouter le contexte contemporain. B, valider certains éléments à la lumière de la foi. C, engendrer un processus initial de lancement de nouvelles formes de présence.

Cinq valeurs fondamentales permettent de valider et d’encadrer ces nouvelles démarches. 1 centré sur le Dieu de la trinité 2 « incarnationnel »3 transformationnel (rupture) 4 fait des disciples (croissance) 5 relationnel (communautaire).

L’encadrement passe par un processus d’accompagnement épiscopal qui s’oriente selon la philosophie suivante : quelle est la trajectoire pour arriver à définir les contours d’une « fresh expression » au sein du cadre fixé. Il s’agit non pas d’abord de sanctionner, mais de guider.

Quatre guides (marques) caractérisent toute démarche : le respect de la notion d’unité de l’Eglise ; la recherche de sanctification (verticalité) ; l’accent mis sur l’apostolat (démarche missionnaire) ; l’intégration dans l’idée de catholicité (universalité de l’ensemble – interdépendance avec les autres formes d’Eglises).

Rapport reçu avec enthousiasme – voté à l’unanimité par le synode et imprimé à 17’000 ex. Lancement du site web – En trois ans, plus de 700 expériences de nouvelles formes d’Eglises se manifestent. La CoE développe de nombreuses références et des documents pour encourager ces nouvelles formes. Des partenaires œcuméniques se joignent à la démarche – Eglises méthodiste, Eglises réformée unie, armée du salut, Eglise d’Ecosse, …

Un tiers des recommandations du rapport tourne autour de la formation (des ministres et laïcs). Economie mixte – 1, formation universitaire classique + modules d’évangélisation 2, nouvelle formation pour ceux qui ont une vocation spécifique. Ministère pionnier d’implantation de nouvelles Eglises pour laïcs et ministres. Encouragement pour discerner le charisme de pionniers. Formation menée à côté de l’exercice d’un ministère – en cours d’emploi. Dès 2005, la CoE définit les contours d’un ministère pionnier ordonné. En 2007, elle ajoute un ministère de pionnier laïc. Les outils à disposition des paroisses comprennent : des journées de sensibilisation à la dimension missionnaire de l’Eglise. Un parcours de 6 soirées pour introduire localement la dynamique de mission shaped church. Un parcours de formation d’un an (24 unités modulaire) pour leaders.

Eléments d’évaluation critique de cette démarche : 1, A propos de la stratégie : cette approche entre-t-elle en collusion avec la post-modernité (consumérisme, individualisme) ? La foi chrétienne est-elle capable de prendre de la distance. 2, Quid de la pérennité ? De la 2e génération ? Renouvellement permanent ? Réseau plus stable ? 3, Le principe de l’inculturation mène à un éclatement – une fragmentation de l’Eglise. Quid de l’aspect universel ? 4, Une économie mixe (paroisses traditionnelles et « fresh expressions ») peut-elle vraiment fonctionner ? Risque que les nouvelles expressions siphonnent les paroisses ?

Un nouveau rapport est édité en 2014. Il s’intéresse aux critères de croissance et de déclin. Il constate que l’idée d’une Eglise pour la mission traverse toutes les tendances de la CoE. Il enregistre que la croissance est aussi présente dans des paroisses plus traditionnelles (cathédrales, city churches). Les « Fresh expressions » restent en lien avec les paroisses traditionnelles. Depuis 2005, environ 2’000 nouvelles expressions sont nées dans la CoE (env. 50 par diocèse). Elles constituent le 10% des personnes qui fréquentent l’Eglise. La progression se poursuit entre 2004-2012. On distingue, en particulier, d’importants taux de croissance (250%) dans de petites équipes pionnières (3-12 personnes). Les « Fresh Expression » sont, en moyenne constituées : de 25% de fidèles, de 35% de sympathisants distancés et de 40% de néophytes complets. La recherche s’intéresse aux huit facteurs de croissance.

Quelques éléments autour du contexte français

Le contexte français, très différent. En particulier la notion d’Eglises issues de la migration.

Quelques défis :

  1. Changer de logique pour devenir une Eglise missionelle. EPUF – Eglise de témoins – il faut tout revoir par la perspective de l’évangélisation. Trouver notre place dans la mission de Dieu. Mourir à une certaine identité (une identité d’opposition – contre les catholiques, les évangéliques). Quitter l’idée de la maîtrise complète.
  2. Replacer l’évangélisation au cœur d’une dynamique communautaire.
  3. Avancer à plusieurs vitesses – pas de compétition, mais forces d’innovation.
  4. Développer une créativité tournée vers l’extérieur (double écoute)
  5. Soigner la formation de leaders et de laïcs. (notion de « mission shaped ministry » – ministère orienté sur la mission). Il s’agit de mettre en place une perspective dynamique et non pas statique.

Derrière le rideau de la cuisine du Projet Khi

Fruits en vente dans les rues de Séoul

Dans l’officine du Projet-Khi, plusieurs marmites sont sur le feu. Nous sélectionnons les produits destinés à porter des fruits. Des recettes se préparent et seront prochainement soumises à des tests de dégustation.

L’un des plats mitonnés s’intéresse à un protocole d’intervention dans les paroisses. Il s’agit de filmer une rencontre ordinaire d’un groupe, par exemple un Conseil. Les images sont alors analysées en vue de la sélection d’un ou deux passages intéressants. Dans un troisième temps, les images sont projetées au groupe dans la perspective de croiser les regards et de donner des interprétations qui font sens. Cette analyse vise à entrer dans une compréhension renouvelée de l’engagement des protagonistes, du fonctionnement et des objectifs du groupe.

Une autre recette s’appuie sur le travail de l’Eglise anglicane d’Angleterre. Celle-ci a fait un vaste travail de recherche sur les paroisses en croissance ou en diminution. Elle a pu identifier huit éléments liée à la progression de ses paroisses. Nous cherchons à tirer, des résultats de cette recherche, une animation destinée aux paroisses, aux services communautaires et aux régions.

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