« Je suis le cep, vous êtes les sarments et mon Père est le vigneron ». On aime utiliser cette image en Église. En particulier pour les croyant.e.s en tant qu’individus. Mais on pourrait l’employer pour l’Église en tant qu’institution, pour notre Église Réformée vaudoise. Et ici l’affaire se corse, car il est question de discernement, de renoncement et de conversion collectifs.
Combien d’activités maintenues parce que cela s’est toujours fait ? Combien de formes cultuelles conservées parce que la tradition est importante ? Combien de structures, dont les lourdeurs nous pèsent, mais que l’on conserve et entretient avec fidélité — ou servilité, c’est selon ?
Que faire ici du verbe émonder ? La question est difficile parce que dans le texte de l’Évangile de Jean (chapitre 15), ce ne sont pas les croyants qui tiennent le sécateur, mais le vigneron divin. Peut-être faudrait-il lire dans la désertion de certains lieux, événements ou activités, le signe qu’un sarment est desséché, prêt à être coupé. Peut-être faudrait-il parfois avoir le courage de regarder la réalité en face, sans se cacher derrière la beauté du petit troupeau ou du petit reste fidèle ?
À Paris, certaines communautés l’ont fait, comme la paroisse du Marais. Oser couper là où l’Esprit l’indique, sans critiquer les personnes qui jusque-là, souvent au prix de gros efforts, ont maintenu la flamme, ou plutôt les braises. Oser renoncer à une activité ou à un service, non pas par esprit frondeur ou volonté de se démarquer, mais parce que la vie ne les anime plus.
Renoncer à ce que l’on sait faire si cela ne fonctionne plus, à ce que l’on connaît si cela ne parle plus, à ce que l’on cultive si cela ne produit plus de fruit, c’est accepter d’entrer dans une terre inconnue. Autrement dit, c’est un Exode. Et cela devrait plutôt nous parler !
Bernard Bolay
Les impulsions du Labo Khi
Le renoncement est la pierre angulaire du changement, parce que le travail, le temps, l’énergie investis dans des activités et des offres qui ne touchent et ne mobilisent plus que quelques personnes habituées et fidèles empêchent de regarder en avant. Imaginer du neuf, être créatif ou simplement explorer, expérimenter, prospecter demande du temps et de l’énergie. La question est : comment l’Évangile peut-il aujourd’hui rejoindre le mieux le plus grand nombre de personnes et les personnes les plus diverses. On peut imaginer que cette question soit débattue avec les habitués et les fidèles qui savent comment et en quoi l’Évangile les transforme. Les explorations se lanceront toujours à partir des motivations de ceux et celles qui sont conscients de cette richesse.