Interview de George Lings, spécialiste des « fresh expressions »

Quelle est votre trajectoire personnelle ?
Ma vie professionnelle a commencé à la Banque d’Angleterre. Il y a quatorze ans, j’ai changé pour l’Eglise d’Angleterre. Depuis un quart de siècle, j’ai travaillé dans des Eglises paroissiales parfois comme assistant et finalement comme vicaire ou pasteur. Depuis les années 1980, j’ai développé un intérêt pour ce que l’on appelait à l’époque l’implantation d’Eglises, qui a été nommé « Fresh expressions of Church » (FXoC) par la suite. Et je m’y suis intéressé presque comme un hobby. Au milieu des années 1990, la « Church Army » a lancé une unité de recherche. Comme ils cherchaient un responsable, j’ai décroché cet emploi. Depuis 1997, nous étudions cette discipline par le biais d’exemples localisés mais aussi en essayant de comprendre les réalités plus larges.

En quoi consiste ce groupe « Church Army » ?
La « Church Army » a été fondée à la fin du XIXe siècle par Wilson Carlile. Cet homme a pris conscience que l’Eglise d’Angleterre était en contact bien plus étroit avec les classes aisées qu’avec les nécessiteux et les pauvres. Il était situé à Londres et a commencé à travailler avec des personnes pauvres, des sans-emplois. Ses préoccupations étaient doubles : d’une part de partager le message de Jésus-Christ, mais aussi d’aider ces personnes à améliorer leurs vies sur le plan social et économique. La Church Army travaille depuis 130 ans avec des groupes très éloignés de l’Eglise. Aujourd’hui ce ne sont pas que des pauvres, mais aussi des personnes bien intégrées. De nombreuses personnes n’ont aucune expérience de l’Eglise vivante et ne connaissent rien de l’essence du message de Jésus.

Quelles sont les relations entre la « Church Army » et l’Eglise anglicane d’Angleterre ?
Nous pensons que nous faisons partie de l’Eglise d’Angleterre, mais une partie du génie de cette église est qu’elle ne cherche pas à contrôler tout ce qui lui appartient. Donc, même comme membres de cette Eglise, nous dirigeons notre affaire de manière autonome. Nous formons nos collaborateurs dont la plupart travaillent avec et pour l’Eglise d’Angleterre. D’une certaine manière nous sommes comme un ordre religieux missionnaire ou monastique qui a sa propre vie, mais appartient à un corps plus large.

En quoi consiste votre travail et pour qui travaillez-vous ?
Je suis donc employé de la Church Army, mais les bénéficiaires de mon travail sont l’Eglise d’Angleterre et d’autres dénominations. Si je regarde les quinze dernières années, nous avons principalement fait deux choses : nous avons collecté un grand nombre d’histoires de ces initiatives particulières. Elles stimulent l’imagination des gens et montrent les possibilités réelles de ce que l’on peut faire. Plus récemment, depuis 2011 c’est devenu l’essentiel de notre travail, nous avons pris conscience que nous avons besoin de statistiques plus complètes sur ce phénomène appelé « Fresh expressions of church » (FXoC). Les personnes avec un esprit ouvert étaient disposées à tester de nouvelles formes d’Eglises, mais personne ne savait si elles fonctionnaient et si elles duraient. Et nous nous sommes intéressés à ces deux questions.

Peut-on situer quelques éléments de l’histoire de ces FXoC ?
Je dirais que leur histoire remonte au moins aux années 1970. L’Eglise d’Angleterre a décidé de fonder de nouvelles Eglises dans les régions où les habitants étaient trop éloignés des communautés existantes. Durant les années 1980, 1990, les gens ont pris conscience qu’il est aussi important de créer de nouvelles Eglises pour des personnes éloignées sur le plan culturel et non pas seulement géographique. Des groupes ont donc démarré et l’Eglise d’Angleterre a dit : « nous devons étudier la chose ». Le document le plus fameux a été publié en 2004. C’est un rapport national intitulé : « L’Eglise orientée par la mission ». J’ai d’ailleurs contribué à rédiger ce document. Ce document a montré à l’Eglise ce qu’elle était en train de faire et a poussé l’Eglise à poursuivre plus intensément dans cette direction. Notre dernière recherche a montré qu’en matière de démarrage de nouvelles communautés, nous avons aujourd’hui quatre fois plus d’activité qu’il y a dix ans.

Y a-t-il eu une influence de la part du mouvement de croissance d’Eglise né dans les années 50 aux Etats-Unis ?
Historiquement, il y a une faible influence. Le mouvement de croissance d’Eglises américain est arrivé dans le grand public en 1975 en Angleterre. Il a aidé l’Eglise à considérer la croissance comme un phénomène normal auquel on peut réfléchir de manière intelligente. Cette influence n’a pas été très forte et aujourd’hui l’intérêt part plutôt d’Angleterre en direction des Etats-Unis. Cette semaine je rencontre des responsables de l’Eglise presbytérienne américaine qui s’intéressent à ce que nous découvrons dans les FXoC. Je crois que les FxoC vont au-delà de ce que le mouvement de croissance américain envisageait.

L’émergence des FxoC a-t-elle généré des tensions avec les paroisses traditionnelles ?
Je dirais que longtemps le niveau de conscience de la formation de ces nouveaux groupes a été très faible. Il y a eu des désaccords à propos de l’utilité de ces groupes, mais l’ancien évêque, Dr Rowan Wiliams, et l’actuel, Justin Welby, ont permis de maintenir ces tensions à un niveau acceptable. Nous utilisons l’expression d’« économie mixte », qui nous permet de valoriser l’ancien et le nouveau. Nous n’essayons pas d’uniformiser et nous aimerions que chacun puisse respecter et valoriser l’autre. Notre recherche a montré que l’arrivée des FXoC n’a, en règle générale, pas conduit à des tensions. Il ne serait pas correct de dresser un tableau angélique non plus. Au cours des dix dernières années, un certain nombre de livres critiques à l’égard du mouvement des FXoC a été publié. Dans une Eglise ouverte, nous n’avons pas peur du débat. Les points de vue des uns et des autres nous permettent de progresser.

Qui peut revendiquer le label « FXoC » et prendre le logo ? La chose doit-elle passer par une autorité de l’Eglise qui valide le groupe ?
L’Eglise d’Angleterre n’essaie pas de contrôler trop strictement tout ce qui émane d’elle. Nous apprenons à accueillir la créativité et le cadre est à comprendre dans un sens plutôt relationnel que légal ou managérial.

Y a-t-il des limites ?
L’évolution du mouvement nous montre que nous devons changer nos conceptions à propos des limites. Comme exemple, nous aurions, dans le passé posé des limites comme « il faut se réunir le dimanche », « le groupe doit être conduit par un ecclésiastique – à l’époque, seul un homme pouvait le faire » , « il faut reconstruire une structure paroissiale au niveau des responsabilités » , « il faut offrir ce type de services », etc. Nous prenons conscience qu’il se passe quelque chose de plus profond. Une FXoC a besoin d’un jour pour se rencontrer, d’une forme de célébration, d’une forme de gestion de la direction, mais cela n’a pas toujours besoin d’être identique à ce qui s’est toujours fait. Ainsi parlons-nous souvent de l’ADN de l’Eglise. Dans le sens qu’au plus prof de la réalité de l’Eglise, il y a des instincts, des principes importants, mais il en va comme pour l’ADN humain, deux personnes ne sont jamais identiques et certaines ne se ressemblent pas beaucoup. Nous apprenons que c’est aussi vrai au sein de l’Eglise.

Avez-vous constaté des excès de certains groupes qui allaient trop loin ?
Les exemples de ceci sont très rares. En fait votre question pourrait être retournée dans l’autre sens. Certaines FXoC pourraient d’elles-mêmes se désolidariser de l’Eglise d’Angleterre. Notre recherche des deux dernières années s’est étendue sur 500 exemples de FXoC. Seules deux d’entre elles ont quitté l’Eglise d’Angleterre. Aucune n’a été fermée d’autorité par l’Eglise d’Angleterre. Il ne faut pas surévaluer les risques de dérive. L’immense majorité est en très bons termes avec les paroisses desquelles elles sont issues et elles sont valorisées au sein de leurs diocèses.

Ces FXoC sont-elles perçues, par le grand public, comme étant rattachées à l’Eglise d’Angleterre ?
La plupart de la population anglaise sécularisée n’a pas même conscience de ce phénomène. Mais ces personnes ne savent pas grand-chose non plus au sujet de l’Eglise d’Angleterre elle-même. Ce qui est intéressant, à mon sens, c’est que les personnes qui ont commencé à fréquenter ces FXoC sans expérience religieuse préalable nous disent « oh ! C’est donc ça l’Eglise ! ». Lorsqu’il s’agit de parler de l’Evangile et de prêter attention aux plus faibles, ces personnes se rendent bien compte que c’est l’Eglise. Et les responsables leur permettent de prendre progressivement conscience que cette offre s’inscrit dans une réalité plus vaste appelée « l’Eglise d’Angleterre ».

Ces FXoC sont-elles destinées à regarnir les bancs des paroisses traditionnelles ?
Non. Ce n’est pas le cas. Dans la définition des FXoC l’objectif est d’être orienté sur des personnes qui ne fréquentent pas de paroisse. Ainsi ces nouveaux groupes deviennent leur Eglise. Le but n’est pas de ramener ces personnes aux paroisses classiques. Nous nous percevons comme une famille d’Eglises dans laquelle l’ancienne génération et la nouvelle génération vivent ensemble.

Certaines paroisses traditionnelles bénéficient-elles de l’émergence de nouvelles FXoC ?
Les bénéfices vont dans les deux sens. Au début, les paroisses traditionnelles peuvent fournir des ressources financières et humaines. Au moment où ces nouvelles formes progressent en nombre et en vigueur, elles peuvent enseigner certaines leçons aux paroisses.

L’Eglise d’Angleterre est traversée de plusieurs courants théologiques. Peut-on qualifier les FXoC comme étant plus fortement typées comme « évangéliques » ?
On parle de quatre courants au sein de l’Eglise d’Angleterre, les anglo-catholiques, les libéraux, les évangéliques et les charismatiques. Fréquemment, les membres se définissent comme appartenant à plusieurs courants. Notre recherche a montré que pour cette raison, il est assez difficile de répondre à votre question. Je dirais néanmoins que la tradition évangélique est associée plus étroitement aux FXoC, les charismatiques et les libéraux dans une moindre mesure. Dans certains diocèses, le courant central (libéraux) est même le mieux représenté. L’image est très diversifiée, il existe également des exemples au sein du courant anglo-catholique. Ce qui me semble déterminant, c’est que tous les courants théologiques peuvent envisager ces nouvelles formes s’ils le souhaitent.

Ces FXoC sont-elles essentiellement un phénomène urbain ?
Répondre à cette question était précisément l’un des buts de notre recherche. Nous avons donné aux sondés 11 catégories différentes pour définir l’environnement de leur Eglise. Du cœur des villes, aux banlieues riches ou pauvres, des villages-dortoirs ou des régions reculées. Des FXoC sont présentes dans tous les contextes. Les villes sont le mieux représentées avec 17% des réponses. Le spectre est très large, ce qui nous réjouit parce que notre réflexe anglican nous pousse à être en lien avec des personnes à travers tout le pays.

Ces FXoC sont-elles un phénomène de marque et de mode ?
Il est vrai que certaines FXoC ressemblent plutôt à des marques. Par exemple, ce que l’on appelle les « messy churches » (les églises en désordre). Une Eglise en désordre fonctionne sur un dispositif de valeurs qui l’identifie facilement. Un autre exemple serait celui des églises-café qui utilisent certains codes du monde du marketing. L’approche des marques concerne peut-être 2/5 des FXoC, je pense que cette accusation est partiellement correcte, mais on peut retourner la chose : l’Eglise d’Angleterre n’a-t-elle pas offert durant longtemps de la musique classique à des femmes de classe moyenne de manière très analogue ? Je pense que nous devons dépasser cette question pour apprendre à reconnaître qu’il y a une grande santé à reconnaître la variété des formes de communautés.

J’aimerais en savoir un peu plus sur les « messy churches »
Ce mouvement est né en 2004 à Portsmouth, sur la côte sud de l’Angleterre, avec Lucy Moore. Quelques valeurs sont présentes dans ces communautés. L’une d’entre elles est que l’Eglise doit s’adresser aux personnes de tout âge. Elle est donc orientée sur les familles, non seulement les enfants. La créativité est particulièrement soulignée, en particulier dans les formes de célébration. L’hospitalité est une autre valeur centrale, et la rencontre d’une « messy church » inclut en général un repas. D’autres éléments comme l’importance du culte et la centralité de Jésus Christ sont plus communs. Avec la présence de ces cinq éléments, on considère un groupe comme une « messy church », mais la forme des rencontres n’est pas normative.

Certaines critiques sur ces FXoC estiment que ces nouvelles formes porteraient ombrage aux formes plus anciennes.
Oui, il est vrai que le mot « fresh » peut faire penser que les autres formes sont à considérer comme l’opposé, c’est à dire « stagnantes » [stale]. A mon avis ce n’est pas le cas. D’ailleurs l’une des vingt formes de FXoC que nous avons identifiées consiste à réinventer les services religieux traditionnels. La question n’est pas de jouer l’ancien contre le nouveau, mais de poser la question : cela permet-il d’entrer en proximité avec les personnes auprès desquelles Dieu nous envoie. Parfois la réponse tout à fait traditionnelle est la bonne. Dans d’autres cas, cela ne servirait à rien et les questions à se poser devraient engendrer de la créativité. Il ne faut pas voir d’opposition.

Pourrait-on avoir quelques chiffres sur l’expansion de ces FXoC ?
Durant les deux dernières années, notre petite équipe a effectué une vaste recherche dans dix diocèses. Ceci représente un quart de l’Eglise d’Angleterre. A ce stade, nous ignorons si les trois autres quarts nous donneraient confirmation de ces chiffres. Nous avons néanmoins ciblé des diocèses représentatifs en terme de taille et de contexte. Nous y avons trouvé plus de 500 FXoC, ce qui pourrait nous indiquer qu’il en existe environ 2’000 en Angleterre. On peut considérer d’une communauté sur six est aujourd’hui une FXoC. Nous savons que les personnes qui fréquentent ces FXoC représentent 10% des fidèles. Nous savons encore que, dans une très large mesure, la croissance de ces groupes parvient à endiguer le déclin des diocèses. Une autre découverte très encourageante, c’est le fait que 40% des participants à ces FXoC est âgé de moins de 16 ans. Ce qui est deux fois plus que dans les paroisses traditionnelles. Ceci nous donne beaucoup d’espoir pour l’avenir.

Comment expliquez-vous ce succès ?
Un certain nombre de responsables religieux ont évolué dans un climat qui a reconnu qu’il « fallait faire quelque chose de différent ». De plus en plus de personnes ont été disposées à prendre des risques pour faire des expériences. Nous vivons dans une Eglise qui laisse une grande marge à la créativité et qui apprend en cours de route plutôt que d’avoir la certitude absolue avant de commencer quelque chose. Tous ces facteurs ont beaucoup aidé. Nous vivons aussi dans un climat spirituel dans lequel beaucoup de personnes se disent : « il y a des choses très importantes dans la vie qui ne sont pas d’ordre mercantile » . Les gens cherchent des réponses et du signifiant. Voici quelques éléments, mais il y en a sans doute bien d’autres.

Comment voyez-vous l’avenir ? Les FXoC vont-elles prendre le dessus à terme ?
Bien entendu, je n’en sais rien. Je pense à un diocèse, au milieu de ce pays, dans lequel l’évêque a déclaré publiquement : « en 2030, nous estimons que la moitié de nos Eglises devraient être des FXoC ». Il a commencé à préparer des responsables pour travailler dans cette direction. Cela pourra-t-il se généraliser, ce n’est pas certain. Nous avons des raisons de penser que l’Eglise traditionnelle va continuer à être utile à une partie de la population. Et je m’en réjouis. Et nous devons continuer à penser en termes d’économie mixte.

Propos recueillis par Jean-Christophe Emery, mai 2014.

Quelques références à propos des Églises de migrants

Les flux migratoires bousculent le paysage religieux du Vieux Continent. Bien entendu comptent les réalités des différents pays d’origine et de destination des migrants. Les langues de leurs célébrations. Les processus de refuge culturel et les solidarités minoritaires sont importantes. Plusieurs expériences françaises montrent le bénéfice partagé lorsque les paroisses traditionnelles sont capables de s’associer aux communautés de migrants. Un ambitieux projet MOSAIC s’inscrit dans cette perspective.

Quelques références dans le domaine :

La toute récente publication par l’institut Suisse de sociologie pastorale d’un répertoire des communautés chrétiennes issues de la migration en Suisse (pdf 2,1 Mo)

Le site web oecuménique Solidarités Eglises Migrants Vaud

Un logo, un site, des projets pour les 500 ans de la Réforme

La FEPS (Fédération des Eglises Protestantes de Suisse) s’est doté d’un logo et d’un site web Suisse destinée à pousser en avant l’élan espéré autour des festivités liées aux cinquième centenaire de la Réforme. Voici une sélection de liens en relation avec cet événement :

Un article de Protestinfo

Le site officiel du Bureau « Luther 2017 – 500 ans de la Réforme » [multilangues]
Le site officiel, centré sur l’histoire
L’Eglise Protestante Unie de France part à la recherche de nouvelles thèses
Voyager en Allemagne sur les traces de Luther
Le site des hollandais [en anglais]
En savoir plus sur Luther [site allemand partiellement traduit]
Luther dans le musée virtuel du protestantisme

Le document de la FEPS « perspectives pour la réforme » [pdf 2,2 Mo]

L’évangélisation, une entreprise coloniale ?

Quelques considérations autour de cette apostrophe publiée sur Facebook le 30 mai à propos du projet Khi : « Suis-je la seule pour laquelle évangélisation rime avec colonialisation ? »

La colonialisation est une affaire de mise sous tutelle et d’influence économique, politique, religieuse, etc. qui implique un colon dominant et un colonisé dominé. Un peu schématique, j’en conviens. Passons en revue quelques remarques.

D’un point de vue culturel, considérer que tout élan de promotion du christianisme relève d’une entreprise (néo)coloniale revient à ignorer l’état de fragilité dans lequel se trouve ce qui subsiste de la « chrétienté » sous nos latitudes. Non seulement elle n’est plus la référence unique, mais son champ d’influence se réduit d’année en année. Le christianisme est aujourd’hui noyé dans un océan de références, une fragmentation du croire et un émiettement des pratiques. Le colonialisme de grand-papa est bien loin de ces réalités.

Au niveau politique, un constat analogue nous amène à signaler la fin des alliances entre le sabre et le goupillon. Toute intrication potentielle des deux règnes fait immédiatement siffler les « lanceurs d’alerte » de la laïcité. Les quelques liens qui demeurent relèvent de gages de reconnaissance envers l’engagement social. Les subsides qui en résultent n’offrent pas de quoi lever une armée.

Théologiquement, l’entreprise de colonialisation religieuse se base sur l’évidence d’une supériorité dans la réception de la religion révélée (le christianisme dans le cas d’espèce) sur d’autres traditions et compréhensions. Depuis un certain temps déjà, le christianisme a réglé de nombreux comptes (et sa culpabilité) avec sa trop longue et complexe perspective hégémonique. De larges pans de la missiologie actuelle reposent sur ce constat.

Il conviendrait de s’interroger sur les œuvres coloniales contemporaines : colonialisme économique, culturel, technologique, etc. Dans quelle mesure, le christianisme est-il l’allié de telles entreprises ? A mon sens, l’héritage chrétien charrie plus d’éléments critiques que d’éléments complaisants envers ces nouvelles hégémonies.

Le fantôme du fantasme colonial, toutes traditions chrétiennes confondues, rode aujourd’hui encore. Dans son sillage, une culture du soupçon est encore bien présente. C’est sans doute mérité pour ce qui relève du passé, mais anachronique et non pertinent en ce qui concerne l’actualité. Pour ce qui relève de l’avenir, la sécularisation en marche n’a pas encore démontré son essoufflement.
Quant au projet Khi, il vise avant tout à insuffler un élan et une motivation. A transmettre une espérance et des horizons. A soutenir, mettre en valeur et fortifier des femmes et des hommes pour lesquels l’Evangile est une Bonne Nouvelle libératrice et non pas un instrument d’oppression. Pour soi, pour autrui.

2 juin 2014 | Jean-Christophe Emery

Les grands axes du projet khi

Notre cœur ne brûlait-il pas en nous tandis qu’il nous parlait en chemin et nous ouvrait les Ecritures ?

Luc 24:32

Ci-dessous, vous trouvez des informations sur les pistes de recherche du projet Khi, tels que présentés aux Conseils des lieux d’Eglise en juin 2014. Le dépliant de présentation peut être téléchargé ici [pdf 1,2 Mo].

LoupeLa recherche active

La société change rapidement. Comment adapter nos offres ? Comment être créatif sans renier nos traditions ?
Il s’agit de développer, pour tout groupe constitué (région, paroisse, aumônerie, etc.) une méthode de travail. Celle-ci consiste à évaluer les actions entreprises pour analyser les enjeux, améliorer leur impact et en tirer des enseignements. L’objectif est de permettre à tout groupe d’entrer dans un processus permanent d’apprentissage.

Télécharger la présentation d’un protocole en cours d’élaboration [pdf 193 Ko]

StethoscopeUn outil de diagnostic

Quels sont les éléments qui permettent à un groupe de progresser ? Quels sont les points forts et les carences ?
Il s’agit de donner aux groupes (paroisses, régions, etc.) des outils leur permettant d’effectuer un autodiagnostic. Ces outils se basent sur une récente recherche de l’Eglise anglicane d’Angleterre. Celle-ci a pu identifier des éléments liés à la croissance de ses paroisses. Nous souhaitons offrir ces éléments comme un cadre de réflexion et d’interpellation, avec le souhait de stimuler de nouveaux élans.

 

CalpinDes bases de formation

Après l’information, la formation est un élément clé des processus d’évolution. Nous concevons la formation comme un processus intellectuel, relationnel et spirituel.
La sensibilisation des personnes engagées dans l’Eglise à la thématique de l’évangélisation est une piste importante. Nous souhaitons mettre à disposition des outils de gestion de groupe et des formations destinées à encourager les personnes engagées en Eglise.
Nous travaillons à l’élaboration d’un bref parcours d’initiation à la spiritualité chrétienne. Au travers d’un canevas simple et d’une méthodologie soignée, nous souhaitons offrir un outil facile d’accès pour cheminer à la découverte de certains trésors de la foi.Ces formations sont élaborées en lien avec l’ORH (Office des Ressources Humaines) ainsi que Cèdres Formation et, dans une moindre mesure, l’OPF (Office Protestant de Formation).

AntenneCommunication et information

L’évangélisation est une réalité dynamique et en évolution permanente. Le changement et l’adaptation sont des mots qui revêtent toute leur importance.
Portant le souci permanent de questionner nos pistes de travail, nous avons mis en place une veille théologique, spirituelle, et intellectuelle, en lien avec des projets et des programmes similaires dans les pays voisins. Nous nous tenons informé des dynamiques de « croissance d’Eglise » et nous communiquons sur notre site web l’essentiel de ces découvertes. Nous informons également sur les initiatives qui émanent des paroisses de l’EERV dans l’idée de les valoriser. Sur notre site, nous publions des prises de position, nous offrons des espaces de discussion (commentaires) et nous mettons à disposition les outils développés.

CléValorisation d’outils « clé en main »

La créativité est présente, mais parfois peu visible. L’initiative est présente, mais peut être mieux mise en valeur.
De nombreuses initiatives locales font la satisfaction des groupes qui les portent. Malheureusement, leur rayonnement ne dépasse pas souvent le cercle paroissial. Fort de ce constat, nous élaborons un catalogue d’outils, de propositions, d’idées fécondes permettant à d’autres d’être nourris et stimulés par un travail déjà en partie accompli et éprouvé.

Article en lien

AmpouleEspace de créativité et de recherche

De nombreuses personnes, au sein de l’EERV, portent la préoccupation de l’évangélisation. Comment les mettre en lien ? Comment valoriser les bonnes idées ?
Convaincus de l’importance de valoriser des espaces de créativité, nous cherchons à rassembler des personnes motivées (laïcs et ministres) autour de la thématique de l’évangélisation. Un « réseau khi » a été mis sur pied par le biais du site web projetkhi.eerv.ch. Il est constitué d’une lettre de nouvelles ouverte à tous ainsi que de soirées informelles et conviviales destinées à brasser des idées.

CalendrierAu calendrier 2014

Deux événements que nous aimerions particulièrement souligner.

6 septembre Stand d’information et de contact lors de la Journée EERV, à la cathédrale de Lausanne.

21-22-23 novembre Des journées de partage et de découverte à Crêt-Bérard. Intitulées « vitamine-é », ces journées ont pour but d’encourager les groupes déjà constitués (lieux d’Eglise, Conseils, aumôneries, etc.), de leur permettre de partager leurs bonnes idées et de leur proposer des idées nouvelles.
Organisé avec Crêt-Bérard et l’ORH. Une participation partielle à ces journées est possible.

JCE/AVA 19 mai 2014

Vitamine-é : des échos de la première rencontre

La première soirée « vitamine-é » s’est déroulé le vendredi 23 mai 2014 dans la petite salle de paroisse de Penthalaz. Une dizaine de participants a fait connaissance, partagé un pic-nic et orienté les conversations sur la vaste thématique de l’évangélisation. Voici, en vrac, quelques reflets des sujets de conversation qui ont eu cours.

  • Hors norme… l’évangile et le swin-golf. Des règles qui n’en sont pas mais en sont quand même. Déplacer une balle d’un point à un autre, c’est tellement bête que cela nivelle tout le monde… Forts et faibles ne sont pas ceux que l’on croit.
  • Comment faire connaissance avec les nouveaux jeunes conseillers de paroisse (Lausanne). Plusieurs personnes engagées ont moins de trente ans et j’aimerais comprendre pourquoi elles sont là.
  • Projets sur l’interculturalité et les changements de population qui posent des questions. Notre structure n’est pas adaptée à ces défis. On doit être attentifs aux besoins sociaux et spirituels, relationnels des personnes qui viennent d’autres cultures. Plus grande proportion de ménages célibataires (56% à Lsne). Comment faire cohabiter nos ethnies – l’EERV est aussi une église ethnique. Quel métissage ? Comment le réussir sans perdre son identité ?
  • Des mondes différents entre ville et campagne. La diversité des paroisses est immense, mais nous avons potentiellement le même problème, mais nous allons devoir trouver des réponses différenciées. Pas de standardisation.
  • Eglise sous la forme contemplative. Je suis attiré par le côté prière. De plus en plus de retraites. Exemple : la paroisse de Morges a enregistré un certain succès suite à la proposition d’un cursus de découverte de différentes formes de prière contemplative. Comment élargir la chose ? Comment faire des lieux accueillants pour la méditation ? Quid de la fermeture des temples ?
  • Transmettre de génération en génération ne fonctionne plus. Comment faire pour que la veine bouchée puisse être contournée et éviter la thrombose ?
  • Ecouter. Au commencement était la Parole, etc. Attitude de réceptivité. Comment écouter Dieu, les besoins des contemporains. Besoins d’amitié pour sortir d’une solitude. Trouver du sens, de la réconciliation.
  • Quid du « faire » ? Quel projet ? Comment trouver un terrain commun dans des projets ? La tendance est celle de beaucoup discuter… et après ? Que vivre ensemble ?
  • Plusieurs discussions sont centrées sur les difficultés de l’Eglise. Il y a sans doute quelque chose de fondamental… quelle démonstration de l’amour réciproque ?
  • Comment l’Eglise peut-elle se reposer davantage sur les laïcs ?
  • Il faut oser profiler les paroisses et les lieux. Leur donner une identité propre mieux définie. Question : qu’est-ce qui tient ensemble ? La forme ou le fond ? Parfois il faut toucher le fond pour remonter…
  • Comment éviter le « paroisso-centrisme » et parler en terme de « lieu d’Eglise » ? La réalité de l’Eglise dépasse largement les paroisses.
  • Un conseil de paroisse ne pourra jamais faire de l’évangélisation sa priorité. Il est trop englué dans les réalités administratives. Il faut trouver d’autres lieux et d’autres groupes.
  • Créativité et rencontre : comment monter de nouveaux projets ? faut-il tester la solution du « crowdfunding » pour des projets d’Eglise ?

Quelques réflexions personnelles (JCE) :

  • Beaucoup de questions et de préoccupations montrent que la thématique de l’avenir de l’Eglise est à la fois stimulante, mais aussi anxiogène.
  • Le « pourquoi » n’est pas très présent dans les questionnements, mais le « comment » est omniprésent.
  • La créativité est présente et les diagnostics sont fouillés. Mais de l’idée à la réalisation complète, le chemin est long et semé d’embûches. La valorisation des initiatives réussies et la mise à disposition des idées fécondes est indispensable.

Quelques apprentissages de cette soirée :

  • Une durée plus longue a été souhaitée par plusieurs participants. Ainsi la prochaine rencontre se déroulera-t-elle de 19h à 22h (ou plus).
  • La fluidité des conversations nécessiterait que les participants puissent se tenir debout autour de table hautes. Nous cherchons des lieux adaptés (l’avis de recherche est lancé).
  • Entre un contenu fixé autour de contributions thématiques ou des discussions non dirigées, les avis divergent. Pourquoi ne pas organiser deux sortes de rencontre ?
  • La prochaine rencontre sera organisée avec une méthode du BarCamp ou encore de la « non conférence ».

Une journée œcuménique autour de l’évangélisation

Une bonne trentaine de personnes étaient réunies le 10 mai 2014 à La Tour de Peilz, dans le centre œcuménique de Vassin, à l’invitation de la CECCV. Annoncé comme journée de réflexion et d’échange, la rencontre a fait la part belle à l’œcuménisme et à quelques enjeux liés à l’évangélisation. Tour d’horizon des interventions de la matinée.

 

Mgr Alain de Raemy. Evêque auxiliaire du Diocèse Lausanne, Genève, Fribourg, livre quelques éléments de la naissance et du déploiement de sa vocation. Son expérience œcuménique suit sa trajectoire personnelle à Yverdon, Fribourg, Lausanne puis Rome. Il souligne ensuite quelques éléments tirés d’Evangelii Gaudium. Le Pape François y appelle à un mouvement d’élan et non de repli. La portée œcuménique est centrale dans tout l’ouvrage.

Georges Lemopoulos. Secrétaire général adjoint du Conseil œcuménique des Eglises, se situe à partir de sa tradition orthodoxe. « Avoir la vie en abondance », c’est l’horizon de l’évangélisation, dit-il en ouverture. Il propose ensuite, à partir de l’image d’une peinture iconique projetée sur l’écran, une réflexion théologique. Autour du document ensemble vers la vie, il souligne l’ouverture du mouvement oecuménique à la pneumatologie et à la dimension de l’Esprit. Celle-ci élargit la christologie très centrale jusqu’ici. L’accent est aujourd’hui mis sur l’évangélisation qui vient non pas du centre vers les marges, mais à l’inverse, de la périphérie vers le centre. Cette inversion des notions de pouvoir questionne les héritages. De plus, la nécessité de l’unité comme élément central du témoignage chrétien est évoqué comme lieu de vérification de la cohérence des paroles.

Daniel Willis. Directeur du Mouvement de Lausanne, détaille les motifs de sa présence en Suisse liée aux festivités du 40e anniversaire de la Déclaration de Lausanne. Il souligne divers temps de son parcours personnel, de sa découverte de l’œcuménisme et d’autres Eglise. Il évoque l’engagement du Cap et en profite pour faire son auto critique : nous autres évangéliques, nous avons souvent un Evangile à deux chapitres. Repentance et rédemption. Il nous faut ajouter une théologie de la Création ainsi qu’une eschatologie. Dans cette idée, il souligne l’importance du langage : nos traditions chrétiennes parlent souvent de la même chose avec des expressions différentes. Il lance finalement une piste de travail autour d’un accent à mettre non pas sur l’idée d’un pèlerinage terrestre éphémère, mais une prise en compte forte de la vie et de l’épaisseur du monde.

Le pasteur Hubert Van Beek, secrétaire émérite du Forum chrétien mondial, revient sur son éducation darbyste et son ouverture progressive à l’idée de s’engager dans le mouvement œcuménique. Il détaille les transformations que ces nouvelles découvertes opèrent en lui. Largeur de la perspective, diversité des traditions et des liturgies, mondialisation du christianisme et déplacements théologiques, géographiques et spirituels. Ma propre tradition est trop cérébrale, trop dépouillée et trop désacralisée, dit-il en évoquant sa découverte des courants pentecôtistes. En termes de mission, le grand défi est de mettre ensemble Jean 17 et Matthieu 28 : l’impératif de l’unité et celui de la mission. Il termine en expliquant comment la question de la mission et du prosélytisme a été travaillée dans le cadre du document sur le témoignage chrétien dans un monde multi-religieux proposé par l’Alliance évangélique mondiale, le COE et l’Eglise catholique romaine.

 

L’Eglise d’Angleterre est fascinante

En séjour au pays de Sa Majesté, l’occasion m’est donnée de rencontrer quelques chercheurs et experts en matière de statistiques et d’autres (parfois les mêmes) en matière de Church Growth, c’est à dire « Croissance d’Eglise ».

De nombreux chiffres indiquent que les Eglises progressent dans certaines régions et régressent dans d’autres. L’intérêt réside non pas dans les grandes généralités, mais dans les motifs explicatifs de ces évolutions. Bien entendu, les facteurs externes sont nombreux : réalités économiques ou flux migratoires qui infléchissent la géographie des populations. D’autres facteurs sont liés à la globalisation du christianisme, aux mouvements charismatiques et aux méga-églises. Des éléments internes jouent également un rôle. Plusieurs chercheurs et instituts se sont spécialisés dans l’analyse des données statistiques en vue de proposer aux ministres et aux laïcs des outils de travail. Le pragmatisme britannique est en action permanente. La formule magique du graal de la progression numérique hante les uns et fait sourire les autres.

Peter Brierly

Selon Peter Brierley, réputé comme l’un des meilleurs connaisseurs des statistiques du christianisme britannique, l’Eglise d’Angleterre est au centre de toutes les attentions. La ville de Londres en particulier. Elle cumule le privilège de rassembler une large proportion des pratiquants anglais mais surtout, la progression numérique de certains quartiers intrigue largement. A ses yeux, cette évolution démontre pour la première fois un infléchissement de la sécularisation. Mais cette proposition fait débat. Selon Steve Bruce de l’université d’Aberdeen (Ecosse) la sécularisation progresse encore. Le révérend David Goodhew s’inscrit en faux dans un débat qui agite les milieux spécialisés depuis 2013.

David Goodhew

David Goodhew, à la tête du Centre for Church Growth Research, s’échine à promouvoir la progression du christianisme. Son institut, rattaché à l’Université de Durham, au nord de l’Angleterre s’efforce d’exploiter les résultats statistiques pour définir les causalités et élaborer des formations pour les personnes engagées dans les communautés. Dans ce processus, une mise en lumière théologique est un processus indispensable, ajoute le chercheur. Pour David Goodhew, les groupes évangéliques voire charismatiques ont le vent en poupe. Les statistiques londoniennes le confirment en ajoutant la notion d’église ethnique. Mais certains groupes « libéraux » enregistrent également des progressions. Ainsi, l’affluence dans les cathédrales du pays est-elle en forte augmentation et de nombreux programmes permettent aux touristes de passage d’assister à un service religieux ou de participer à une proposition spirituelle.

Bev Botting dirige le service des statistiques de l’Eglise anglicane d’Angleterre. Elle commente la récente recherche from anecdote to evidence publiée au début de l’année 2014. Nous avons tenté d’identifier les éléments qui entrent en corrélation avec les paroisses qui grandissent. Nous nous intéressons en particulier aux jeunes. L’évidence suggère que les Eglises qui grandissent ont davantage d’enfants et de jeunes. Nous avons découvert que la moitié des 60’000 Eglises du pays n’ont au maximum que 5 enfants qui participent régulièrement aux cultes. Et de toute évidence, les Eglises qui grandissent sont celles dont les enfants participent activement aux cultes. L’un des intervenants de la Conférence sur la croissance des Eglises londoniennes, le professeur émérite David Martin renchérit : je suis convaincu que le déclin des paroisses traditionnelles est moins lié aux personnes qui ont quitté la religion qu’à leur incapacité à socialiser les enfants.

Autre élément de progression : nous avons constaté que chaque personne engagée dans un mouvement pionnier a été capable de fidéliser 2,5 personnes nouvelles se réjouit Bev Botting. En filigrane, elle désigne les désormais fameuses Fresh Expressions of Church. Ces groupes ont émergé dès les années 70 explique George Lings, un autre sociologue engagé par un groupe indépendant, la « Church Army »., également expert dans ces nouvelles formes de communautés. Le phénomène alors marginal s’est très largement imposé comme l’Eglise montante dès 2004, à la publication d’un rapport sur l’Eglise d’Angleterre : mission-shaped church. Ce document, devenu un best-seller, a popularisé la notion de « Fresh Expression » et normalisé ainsi 15 types de groupes différents. Aujourd’hui ces églises sont estimées à 2’000, elles se déploient dans 20 formes canoniques. Certaines naissent et progressent, d’autres meurent. Environ un quart d’entre-elles enregistrent des progressions, précise Bev Botting. Quant on l’interroge sur les dérives de ces groupes très autonomes vis-à-vis de l’autorité ecclésiastique, George Ling se lance dans une nouvelle démonstration du pragmatisme flegmatique qui pétrit sa culture : « ces groupes ont un ADN commun qui permet à leurs membres de se sentir proche de l’Eglise Anglicane. Nous n’avons pas besoin de contrôle plus strict. Les groupes les plus marginaux s’éloignent d’eux-mêmes et les cas sont extrêmement rares ».

Influencées par cet élan de fraîcheur, certaines paroisses traditionnelles trouvent des forces pour soutenir de nouvelles implantations de Fresh Expressions. Et si Justin Welby, l’archevêque de Canterbury parle d’économie mixte, il faut constater que la cohabitation entre les différentes initiatives ne semble pas porter de préjudice. Un débat a néanmoins lieu autour de formes de concurrence entre groupes ou à propos de l’aspect éphémère de certains noyaux.

Pour poursuivre : Une édition de Hautes Fréquences, sur La Première, consacrée aux Fresh Expressions.

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