22 mètres carrés de bienveillance

Allier soutien pratique et engagement de prière, le rêve d’un pasteur retraité s’est concrétisé. Depuis 2017, il a ouvert une antenne pour venir en aide aux SDF, dont le nombre explose dans les rues de Paris, et à toute autre personne.

L’Escale est située à quelques pas de Port-Royal et de l’hôpital Cochin. La nuit commence à tomber et par les fenêtres filtre une lumière douce. J’entre. Les conversations s’arrêtent, les visages se tournent vers moi. Je suis accueilli, invité à m’asseoir et boire quelque chose si le cœur m’en dit.

Il y a là un SDF, l’entrejambe trempé et la parole abondante, un Camerounais en difficulté avec l’administration française, France et Christian, les deux bénévoles catholiques de ce jour. Ils sont 19 à se relayer du mardi au samedi, de 16h à 20h, à l’initiative de Christian Tanon, pasteur retraité.

Ici, dans ce petit espace de 22 m2 aménagé chaleureusement, des hommes et des femmes sont accueillis pour un moment, avec bienveillance et une écoute attentive. Chaque fois qu’une personne nouvelle arrive, les discussions cessent pour lui laisser toute la place. Chacune et chacun se présentent, donnant l’occasion aux autres de découvrir une facette nouvelle de leur personne. Régulièrement la Bible est ouverte, offerte aux commentaires ou aux questions des uns et des autres. Nulle envie de convaincre, seulement le désir de mettre en relation la lettre ancienne et la vie d’aujourd’hui.

Chaque personne est invitée à respecter les règles qui favorisent l’écoute — et sur ce point les bénévoles se montrent directifs — tout en exprimant librement ses opinions ou convictions.

Depuis longtemps Christian Tanon avait ce projet à cœur, inspiré par la lecture du livre de Catherine de Hueck Doherty : Le désert au coeur des villes – Poustinia. Cadre d’une grande entreprise, il entreprend des études de théologie à l’heure où d’autres s’inquiètent de leur retraite. Ainsi, il termine sa carrière professionnelle en poste pastoral à Reims. Dès lors, il trouve le temps de concrétiser son rêve : offrir un espace d’écoute et d’amitié.

L’Escale est ouverte depuis 2017. Au cœur de la démarche : écoute et prière, prière et écoute. L’une ne va pas sans l’autre. L’écoute proposée s’inspire de Carl Rogers : compréhension empathique, acceptation inconditionnelle (accueillir chacune et chacun comme fille et fils de Dieu) et authenticité de l’écoutant.

Ecoute de Dieu, écoute des hommes, tout est dit dans ces quelques mots.

Bernard Bolay

(Photo : Youna Rivallain)

 
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Les nombreuses actions de solidarité et d’accueil de nos paroisses sont régulièrement confrontées à la question de la place du message chrétien. Parfois il est rendu si discret qu’il en est éclipsé par l’action. Celle-ci risque alors de perdre son sens pour les bénévoles engagés. D’autres fois, il s’affiche comme une bannière, à tel point que la charité passe au second plan. L’enjeu est de lui permettre de trouver une place sereine, assumée et joyeuse, en évitant aussi bien l’idéologie que l’invisibilité. Lorsque les paroles rejoignent les actes, l’Évangile se déploie.

Le goût et la saveur

Qui s’agit-il d’engager pour prendre des responsabilités dans une paroisse ? Le choix radical d’Albert Rouet, évêque émérite, prête à réflexion.

« Ce qui est folie dans le monde, Dieu l’a choisi pour confondre les sages ». Cette parole de l’apôtre Paul est au cœur de la réflexion d’Albert Rouet quand, archevêque de Poitiers, il réorganise l’Église. Il raconte avec un regard malicieux le jour où il provoque l’étonnement de quelques théologiens quand il leur révèle que la responsabilité pastorale d’une communauté locale a été confiée à une vieille dame sans grande instruction plutôt qu’à un professeur d’Université.

S’affranchissant tant de la dictature du nombre que du recours obligé aux prêtres, il fait confiance à des équipes réduites, locales, sans les qualifications académiques généralement attendues pour présider à la vie des communautés locales. C’est qu’une conviction l’habite, le Christ ne nous appelle pas à être nombreux — ni des puits de science —, mais à avoir du goût et de la saveur. Et qu’est-ce qui a de la saveur sinon des femmes et des hommes qui cherchent à vivre simplement et pleinement la prière, l’exercice de l’amour et l’annonce de l’Évangile ?

Albert Rouet en conférence à Clarens (VD), octobre 2019
Ce n’est pas d’abord de connaissance que les gens ont besoin mais d’expérimenter la profondeur et la pertinence de l’Évangile. Et cela ne peut se faire que dans l’action concrète, quand hommes et femmes prennent leurs responsabilités.

C’est pourquoi, convaincu que l’Esprit distribue ses dons librement à chaque baptisé.e, il ose aller chercher les personnes qui appartiennent au cercle des croyants non pratiquants et non d’abord les fidèles parmi les fidèles pour devenir responsables d’une communauté locale. Ils feront l’expérience de l’Évangile dans l’exercice de leur fonction.

Et l’ecclésiastique de citer en exemple ce mécanicien, auquel personne n’aurait pensé, qui devient l’intendant d’une communauté locale. Autrefois son garage était ouvert à l’heure de la messe. Depuis, il n’y a plus de voiture en panne le dimanche matin quand la communauté se rassemble pour la prière !

Si Dieu choisit les choses folles du monde, comment l’Eglise pourrait-elle faire autrement ? Si Dieu fait confiance aux faibles, pourquoi l’Eglise n’ose pas la même confiance à l’égard de ses paroissiens. Faut-il vraiment avoir toutes les qualifications théologiques pour présider la prière, annoncer la foi et exercer l’amour concret ?

Bernard Bolay, pasteur

 
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Comment retrouver une forme de simplicité ? Les structures institutionnelles de nos Églises réformées sont charpentées et solides. Seraient-elles des colosses aux pieds d’argile ? Trop d’institution tue l’institution. Peut-on élaguer les règlements devenus trop contraignants ? Jusqu’où peut-on tricher avec le système lorsqu’il devient trop étouffant ? Et comment permettre aux règles de soutenir la dynamique plutôt que de chercher à pallier tous les cas de figure ? La réponse n’est pas simple. Il convient de cheminer avec le souci de garder le cap en restant fidèle à un Jésus qui a allègrement transgressé nombre de règles religieuses de son temps au profit d’une loi d’amour supérieure, source de goût et de saveur.

Une expérience de fragilité assumée

Comment apprivoiser le changement et, peut-être, l’issue d’un projet dans lequel on a investi ses efforts et ses espoirs jusqu’à y engager sa vie de famille ? La réponse ne s’improvise pas comme l’illustre l’aventure de Marie et Alexandre Sokolovitch.

En arrivant à la Ferme de La Chaux, sous la pluie, j’ai le sentiment d’une forme d’abandon. Bien sûr, en pleine campagne dans un lieu tenu par des Jesus freaks, je ne m’attendais pas au propre en ordre helvétique. Mais c’est autre chose qui me saisit, comme une tristesse imprégnant les murs, une certaine désillusion. Comme un décalage entre le prospectus, les reportages vidéo et la réalité. Quelque chose avait dû se passer qui avait blessé un élan.

La ferme de la Chaux à Bussière-sur-Ouche (F)
Depuis dix ans, l’éco-hameau chrétien situé à trente kilomètres de Dijon témoigne d’une expérience originale. Le pari est celui de vivre et partager une spiritualité communautaire et une insertion dans des réseaux alternatifs. Chaque année, l’endroit accueille près d’un millier de personnes dans une ambiance décontractée et libre, bienveillante et festive.

Dans l’échange chaleureux avec Alexandre Sokolovitch autour de la table généreuse, je comprends que la communauté a traversé une crise, des couples brisés, la maladie d’un des membres fondateurs, le départ du maraîcher chargé de la permaculture… Pourtant, les aléas de la vie, les deuils à vivre par rapport à l’intuition de départ et les remises en question n’ont pas eu raison du désir d’Alexandre d’être humble témoin. Par contre, assumer la fragilité actuelle l’autorise à penser la fin possible de l’aventure. Sans regret. Avec une immense reconnaissance pour tout ce qui a pu être vécu là.

Je suis touché par cette capacité à accueillir la fragilité, sans amertume et sans s’accrocher à l’intuition première, en acceptant l’impermanence, le provisoire, le caractère éphémère d’un projet. Et cela tout en restant ouvert à un renouveau éventuel.

À l’heure où « notre » Eglise s’interroge sur son avenir, cette humilité rejoint mes interrogations, parce qu’au fond, l’essentiel n’est pas que l’EERV demeure, mais que l’Heureuse Annonce continue d’être proclamée, quelle qu’en soit la forme.

Bernard Bolay, pasteur

 
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Loin des sécurités institutionnelles, l’expérience de la ferme de la Chaux révèle l’intensité d’un élan de foi qui brille par-delà les changements. Il ne se cabre pas sur des acquis, ne cherche pas les succès faciles, et ne sombre pas dans les désillusions mortifères. Pourrait-on imaginer des projets fragiles, peut-être limités dans le temps, qui ont pour objectif de tâtonner vaillamment à la recherche de nouveaux interlocuteurs ? Des projets qui s’éloignent de nos zones de confort et répondent à des besoins contemporains.

La richesse de l’Eglise, c’est le peuple de Dieu

Lorsque les forces de travail diminuent et que les vocations sont en berne, l’évêque Albert Rouet se retrousse les manches et prend son bâton de pèlerin pour générer un nouveau dynamisme.

L’archevêque émérite de Poitiers a le regard pétillant, le verbe vif et l’humour coloré quand il rend compte de l’expérience qu’il a conduite dans son diocèse. En conférence à Clarens (VD), en ce mois d’octobre 2019, il ponctue d’anecdotes le récit de la mue profonde qui s’est opéré dans son diocèse en l’espace de quinze ans. Face à la diminution du nombre de prêtres et à l’impossibilité de répondre à l’attente souvent exprimée comme une équation incontournable : « un clocher, un curé », Albert Rouet dit clairement le deuil qu’il faut faire d’une époque révolue. Aujourd’hui la forme de l’Eglise catholique ne correspond plus à la situation de la société contemporaine.

À celles et ceux qui acceptent de faire ce deuil, il leur annonce comme une bonne nouvelle qu’ils auront des responsabilités à partager. C’est qu’il croit que l’Esprit Saint ne cesse de doter chaque baptisé.e de charismes au service de la communauté. C’est qu’il croit que la plus grande richesse de l’Eglise, ce n’est pas sa liturgie, sa science, ses églises et chapelles, ni même ses prêtres. C’est le peuple de Dieu. Les femmes et les hommes que Dieu rassemble en un corps.

Et l’archevêque émérite se désole de constater que 20 siècles de christianisme ont fabriqué un peuple d’impuissants. Trop souvent, à l’invitation à prendre des responsabilités, il entend : « Nous ne savons pas faire », « Nous n’y arriverons pas ».
Ce n’est pas cela qui l’a fait renoncer à son projet. Au contraire. Il a su voir dans la crise autant une chance de changement qu’une réponse de Dieu à la prière. Cette supplique, souvent faite depuis Vatican II, que l’Eglise devienne une Eglise pauvre, une Eglise de pauvres. Espiègle, l’homme d’Église se plaît à souligner qu’elle a été exaucée. Aussi affirme-t-il que la survie oblige à s’ouvrir aux ministères de chacune et de chacun, puisque là est la richesse de l’Eglise.

À n’en pas douter, je perçois pour « notre » Église encore bien confortablement installée quelque chose à entendre.

Bernard Bolay, pasteur.

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Albert Rouet a bien compris que les laïques, sont une richesse et un facteur essentiel pour le développement des communautés. Peut-être vaut-il la peine de commencer par identifier les activités qui peuvent fonctionner sans la présence d’un ou d’une ministre. Il s’agit ensuite de discerner les personnes qui pourraient en assumer la conduite et la responsabilité. L’expérience montre qu’en engageant des personnes nouvelles, cela amène une plus-value qui favorise le développement.

Après la fin du religieux

Ils sont légion, les sociologues et théologiens qui analysent le décrescendo du christianisme. Ils élaborent des thèses pour en déceler les mécanismes fins. Ils esquissent les contours précis d’une société qui a parqué le religieux en certains lieux. Parmi eux, l’historien et sociologue Marcel Gauchet a fait date, au milieu des années 1980, à la publication de son livre «le désenchantement du monde». De passage à l’Université de Genève à la fin du mois de septembre 2019, il a livré quelques éléments de sa lecture. En voici une appréciation critique.

D’emblée, Marcel Gauchet oriente son regard sur l’exception européenne et nord-américaine. Il y voit deux phénomènes concomitants et liés. La sortie du religieux et l’affaiblissement de la cellule familiale. Ces symptômes de l’individualisation radicale des sociétés s’inscrivent dans un processus plus vaste de globalisation décrit comme « occidentalisation culturelle et désoccidentalisation politique » de notre monde. L’historien et philosophe y voit là une explication de l’explosion des fondamentalismes religieux. Ils naissent en réaction à une domination de la culture occidentale qui balaie et déstructure les sociétés jadis marquées par le religieux et la famille.

De nombreux sociologues avaient décrit la sécularisation comme une disparition des éléments politiques du religieux. Le conférencier va plus loin. Il décrit le processus qui a conduit à la dissolution de l’idée même de sacralité (au sens de la capacité à se sacrifier). Désormais, l’économie est seule « garante de dynamisme collectif et d’une transformation future dont personne ne sait où elle va ». La religion qui était « la chose collective par excellence » devient « la chose individuelle par excellence ». Marcel Gauchet énumère alors quatre éléments dont la lente disparition témoigne de ce phénomène. Les institutions s’affaiblissent, les rites ne sont plus pratiqués ou compris, le langage symbolique s’évanouit et les communautés se délitent.

« Nous assistons à la dissolution du christianisme sociologique » ajoute le conférencier. Il ajoute : « la religion n’a pas disparu pour autant, elle est même appelée à revivre d’une autre façon ». Il décrit alors le glissement du religieux dans la sphère existentielle et intime. Le bricolage individuel, comme construction des croyances, induit pour lui l’émergence d’un nouveau continent dont il n’est possible de décrire que le périmètre. Marcel Gauchet termine son intervention en précisant que pour lui la condition humaine est d’ordre symbolique. Elle échappe aux seules réalités juridiques, politiques ou économiques. Et même si le langage des religions ne convient plus pour la décrire correctement, le domaine du spirituel est « tout ce que nos sociétés ignorent ou refoulent ». De ce point de vue, il se réjouit « des surprises de ce retour du refoulé ».

Ecouter la conférence (lien externe)

 
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Les multiples constats de la fin du religieux sont de nature à générer chez les croyants un sentiment de stress intense mêlé de culpabilité. Comment éviter de sombrer dans un fatalisme dépressif, un déni de réalité ou une spiritualisation excessive ou fondamentaliste ? L’enjeu est de rester lucide sur les chiffres tout en ouvrant des pistes nouvelles. Seul l’engagement et ses conséquences peuvent faire mentir les projections statistiques. L’essor du pentecôtisme en constitue une démonstration frappante. Peut-être s’agit-il précisément de profiter de la disparition de ce christianisme sociologique pour générer un vent de liberté et de créativité nouvelle, affranchi de tant de lourdeurs héritées, tout en restant fidèle à nos racines émancipatrices.

Un langage pour dire l’Évangile

A la « ferme de la Chaux », le langage n’est pas un obstacle entre les chrétiens qui y vivent leur foi et les visiteurs qui, souvent, ne savent rien du dictionnaire des sacristies.

À l’Éco-hameau de la ferme de La Chaux, les résidents ont fait le choix, en accord avec leurs convictions intimes, d’user du langage des milieux alternatifs. Et pas seulement sur le seul plan du vocabulaire. Des graffitis, une fresque murale, le symbole des anarchistes récupéré et détourné en Alpha et Oméga, une salle de concert et de forum meublées de bric et de broc, les abords de l’Éco-hameau en friche, tout me rappelle que celles et ceux qui vivent là ne s’inscrivent pas dans la société de consommation et désirent s’adresser aux personnes qui partagent avec eux une même sensibilité écologique, altermondialiste ou autogestionnaire.

C’est qu’ils ont fait le constat que les Églises, quelles qu’elles soient, sont devenues inaudibles et illisibles pour nombre de jeunes et de moins jeunes. En cause, leurs langages, leurs symboles, leurs cultures fermées sur elles-mêmes, aujourd’hui étrangères pour beaucoup.

Les résidents de La Chaux n’ont pas eu besoin d’apprendre le langage des milieux alternatifs puisque c’est le leur. Ils ont simplement osé l’utiliser pour dire leur foi. Pour eux, il n’y a pas d’incompatibilité entre la culture alternative et l’Évangile et c’est pour et dans cette culture qu’ils sont témoins.

Il est temps, pour « notre » Église, d’apprendre de nouvelles langues — ou de laisser en Église s’exprimer d’autres langages — si son désir demeure d’annoncer l’Heureuse Nouvelle à quiconque.

Bernard Bolay

 
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On ne peut pas beaucoup reprocher aux réformés le sérieux avec lequel ils mettent l’accent sur la prédication, la théologie et le choix de leurs textes liturgiques. On oublie souvent que la communication n’est pas qu’une question de fond, mais aussi une affaire de mise en forme. On oublie souvent aussi que la communication nécessite un intérêt soutenu pour les destinataires. Un message qui ne tient pas compte des codes de lecture du récepteur manque son but.

Les déficits en la matière contribuent souvent à donner une image qui ne rend pas justice à la qualité des contenus. Un dépliant, la décoration d’une salle de paroisse, le style littéraire d’une lettre de nouvelles, une célébration sont autant de cartes de visites distribuées au long de l’année. Le célèbre axiome « on ne peut pas ne pas communiquer » de Paul Watzlawick nous rattrape toujours.

Le labyrinthe spirituel, un outil de pratique spirituelle

Apprécié dans les paroisses à l’occasion de la Semaine sainte, de l’Avent et des périodes de fin d’année, le labyrinthe spirituel est disponible « clé en main », sur un tout nouveau support.

 

Cet outil de pratique spirituelle a traversé plusieurs millénaires et de nombreuses traditions culturelles et religieuses. Il permet à tout un chacun, sans limite d’âge, de condition, de confession et d’origine, de vivre un parcours spirituel. Il se pratique de manière individuelle, dans un environnement idéalement obscurci et sur un fond musical discret.

Le parcours circulaire du labyrinthe est imprimé sur un support en bâche, souple et résistant. Il est fractionné en quatre rouleaux numérotés au dos de 2,30 m/10,10 m qui se déroulent facilement sur toute surface et qui se fixent au moyen d’un adhésif livré avec. Grace à son revêtement, ce labyrinthe peut être installé à l’intérieur comme à l’extérieur durant plusieurs jours.

Le matériel du labyrinthe comprend également 400 photophores et bougies et une croix démontable en bois (une étoile est également proposée). Sont proposées également des cartes de prières, de versets et de paroles à méditer durant le parcours, en trois langues (FR, EN, DE) ainsi qu’une notice explicative pour la préparation et le montage du labyrinthe.

Pour une installation de l’activité à l’extérieur, des bougies LED sont également mises à disposition sur demande.

Location

Participation de CHF 100.–, qui comprend une semaine de location et la mise à disposition de tout le matériel nécessaire à la réalisation de cette activité.
Pour une durée de location plus grande, le coût supplémentaire hebdomadaire s’élève à CHF 70.- pour la 2e semaine et CHF 35.- dès la 3e semaine.

A télécharger


Information importante (novembre 2022) :

Malheureusement, suite à une réorganisation interne, nous ne disposons pour le moment plus des forces de travail pour gérer la location du labyrinthe. Ce message sera supprimé lorsqu’une solution sera trouvée.


Pour la réservation, veuillez télécharger et remplir le formulaire ci-dessus, puis l’adresser via le lien ci-après.

Nous vous confirmerons la réservation définitive par courriel.






    L’empreinte de Vito Aiuto

    Certaines personnes vous marquent d’une empreinte particulière. C’est ce qui nous est arrivé en rencontrant le pasteur Vito Aiuto. Il nous avait donné rendez-vous un restaurant ukrainien dans le quartier d’East Village, au-delà du pont de Williamsburgh que nous traversions quotidiennement pour rejoindre Manhattan depuis Brooklyn. D’emblée, Vito nous dit que ce lieu compte pour lui. Du haut de ses vingt années passées à New York, il nous avoue qu’il y revient parfois. Nous nous sommes surpris à imaginer l’épaisseur de sa vie new-yorkaise, saturée de ses souvenirs et de ses anecdotes que nous ne saurons jamais.

    Un musicien parmi les hipsters

    Enfin, Vito est là, devant nous, d’une jeunesse inaltérable, élégant, intimidant aussi. Avec une casquette de baseball de Détroit (sa région d’origine) bien ajustée sur sa tête, il veut d’abord nous connaître, alors nous devinons que cet entretien l’amuse, et il connaît un peu la Suisse… depuis son voyage à Paris.

    Vito est une célébrité. Le New York Times a fait un portrait de ce «pasteur pour hipsters». Il est aussi musicien: sur Youtube, certaines chansons de son groupe, The Welcome Wagon, comptabilisent 150 000 vues, ce n’est pas peu dire pour du folk urbain à forte consonance chrétienne. Vito est un pasteur peu commun de par ses capacités de composition. Il renouvelle et adapte les chants aussi pour son Église. Cette pratique est centrale dans le succès de ses cultes.

    Le don de s’effacer

    Il est difficile de s’effacer lorsque vous avez une personnalité aussi charismatique. Mais Vito s’y efforce sans cesse. Au sein de sa communauté, il ne se considère pas comme le champion de la foi. Il ne souhaite pas être celui qui croit à la place des autres – encore moins «mieux» que les autres. Au contraire, il cherche à encourager la foi d’autrui en se mettant à leur portée, et n’a pas peur de douter avec eux. Sa vocation lui reste étrangère et énigmatique: ce qui constitue la nature profonde de son engagement pastoral – et de sa foi. Jour après jour, il s’étonne d’être là, devant sa communauté, à prêcher.

    Derrière l’assurance de sa posture pastorale, une immense humilité se dégage à mesure que nous discutons avec lui. Elle est d’autant plus exprimée que Vito ne tire aucun avantage personnel du succès de l’église qu’il a implanté dans Williamsburgh. Il demeure conscient de la fragilité de cette communauté composée de personnes très jeunes, principalement entre 20 et 35 ans. Contre toute attente, il aspire à avoir plus de personnes âgées, pour des questions d’expérience et de stabilité. Avec les jeunes, il y a beaucoup de mouvement et la communauté doit tout le temps s’adapter à ces vagues d’arrivées et de départs.

    Une théologie simple et généreuse

    Un détail touchant qui caractérise son rapport à la foi: au moment où nous nous apprêtons à le filmer, nous lui demandons de tester son micro. Il se met alors à déclamer le Psaume 1, comme s’il s’agissait d’un long slam. Chez lui, la Bible et la théologie se font poésie, sans ostentation, avec une profonde légèreté.

    Vito Aiuto n’est pas comme les autres, mais nous aimerions tous être comme lui: sincère et soucieux de promouvoir la parole et les promesses de l’Evangile, et plus que tout, de rappeler la bonté de Dieu pour ses enfants. Cette pointe théologique, simple et généreuse, glisse sur nous comme un baume. Néanmoins, nous demeurons conscients que cette vérité est le résultat d’un long travail de foi. Voilà, le chemin spirituel de Vito Aiuto. Et nous aimerions encore le suivre, et le quitter, sans pouvoir l’oublier.

    Une liturgie pour entrer dans l’Histoire

    14e rue, dimanche, 17 heures: ils sont plus de 400 jeunes adultes à célébrer dans le Centennial Memorial Temple de l’Armée du Salut. La plupart, des étudiants blancs ou asiatiques issus d’universités prestigieuses. C’est le second culte de la journée, celui du soir, dit «contemporain», que tient l’Église presbytérienne Redeemer de Dowtown. Sur l’estrade, un quartet country (violon, mandoline, guitare, basse) accompagne avec une virtuosité nonchalante deux chanteuses à la voix cristalline. Les hymnes traditionnels prennent une densité incroyable: de quoi faire sortir Johnny Cash de la tombe pour entonner le refrain.
    Mais ce n’est pas un spectacle. L’assemblée donne elle aussi de la voix. Surtout, la musique est mise au service d’une liturgie tout ce qu’il y a de plus classique. Et ces jeunes s’y sentent à l’aise. Ils y participent avec une ferveur sensible, bien que contenue, presbytérienne. Et c’est là l’essentiel.

    Une génération prête pour l’Église

    Sam Wheatly

    En tant qu’Européens, nous avons tendance à associer les célébrations liturgiques aux cultes pour le troisième âge. Nous posons la question à Sam Wheatly, coordinateur de la pastorale de Redeemer Downtown: comment expliquer le succès d’une telle formule auprès d’un public jeune, universitaire ou en début de carrière professionnelle?
    La réponse du pasteur décape: «en regardant les ministères novateurs, nous avons constaté que les Baptistes du Sud avaient récemment abandonné les aumôneries sur les campus universitaires au profit de l’implantation d’Églises sur ces mêmes campus. D’après eux, la génération précédente de jeunes, qui avait grandi à l’Église, voulait une expérience religieuse plus cool; mais la génération actuelle, moins marquée par le christianisme, ne veut plus de cela. Pourquoi donner à ces jeunes une version dépouillée de l’Église? Donnons-leur directement l’Église. Les gens ont besoin d’enseignement, de liturgie, de s’engager en tant que membres de ce corps qu’est l’Église.»

    Une liturgie, différentes déclinaisons

    Vito Aiuto

    Rien de très original dans les rubriques de cette liturgie. On y retrouve les cases habituelles: confession des péchés, échange de la paix, prières d’intercession, etc. Cette organisation du culte se retrouve dans la grande famille protestante classique, le mainstream, qu’il s’agisse des épiscopaliens, des luthériens ou des méthodistes.
    Il y a cependant une inflexion presbytérienne à cette liturgie. Les textes choisis sont souvent puisés dans la tradition réformée (par exemple, un extrait du Catéchisme de Heidelberg placé en guise de confession de foi juste après la prédication). À ce fonds théologique, s’ajoute une manière de faire qui se retrouve partout, du milieu le plus huppé au contexte le plus populaire: le caractère classique de la liturgie n’empêche pas les ministres de célébrer avec décontraction. Rien de poussiéreux ou de poussif. On ressent au contraire une liberté permettant d’alterner répons, prières écrites et spontanées entre l’officiant et l’assemblée.
    Cette forme standardisée se décline toutefois – et c’est là son génie – de multiples façons. Ces variations sont ajustées au contexte de la communauté. Elles peuvent être culturelles: la très cossue Fifth Avenue Presbyterian Church célèbre en grande pompe, avec orgue et chœur; la modeste Williamsburg Resurrection, à Brooklyn, propose une louange folk urbaine; alors que Redeemer Dowtown prend, pour son culte du soir, une tournure country. À noter que ces trois Églises, chacune avec des ressources financières très différentes, proposent des prestations musicales de qualité professionnelle.
    Mais il y a aussi les différences théologiques: Redeemer (qui refuse le pastorat féminin) et Fifth Avenue (qui compte deux femmes dans son équipe pastorale) incarnent des pôles opposés, conservateur et libéral. Quant à Resurrection, elle occupe une position médiane entre les deux. Ces différences n’ont pas d’incidence sur le déroulement de la liturgie.

    Le bulletin, une spiritualité à emporter

    Un objet matérialise cette pratique de la liturgie. Il s’agit du bulletin, ce fascicule que vous tend la personne préposée à l’accueil au moment où vous pénétrez dans la chapelle. Ce livret contient le déroulement du culte: les parties, les chants, les prières écrites et les répons, les lectures bibliques. Toutes les Églises presbytériennes que nous avons visitées proposaient leur version réalisée spécialement pour le culte auquel nous assistions. Le pasteur Vito Aiuto (Resurrection) nous a confié qu’il passait une à deux heures par semaine à préparer ce livret pour le dimanche suivant.
    Le bulletin est un objet à la fois communautaire et personnel. On vous le tend en arrivant, vous l’utilisez pendant la célébration et vous l’emportez en repartant. Vous avez ainsi loisir de revenir, tout au long de la semaine, sur les lectures bibliques, les chants ou les prières du dimanche précédent. Vous repartez avec du grain à moudre, libre de poursuivre, chez vous, la méditation.
    Surtout, à la longue, l’usage du bulletin produit des fruits dans l’assemblée. Les catégories de la liturgie deviennent une seconde nature, une habitude constructive, une vertu. Ces catégories explorent le rapport à Dieu, au monde et à autrui, à soi. Le pasteur Jeff White (Redeemer Dowtown) nous partageait à quel point cette forme de célébration constitue une «discipline spirituelle»: elle ancre la spiritualité, pas seulement dans la tête et chez l’individu, mais dans le corps et la communauté.

    Célébrer une histoire qui nous transcende

    Jeff White

    Notre étonnement tenait à la façon dont une liturgie si classique résonnait chez un public jeune et éduqué. En discutant avec les pasteurs Vito Aiuto ou Jeff White, nous avons été frappés par leur souci d’intégrer dans leurs liturgies des éléments provenant de la tradition réformée, mais aussi de longue histoire du christianisme, remontant jusqu’aux Pères de l’Église.
    Rien d’original, cette liturgie n’est pas un espace où les ministres mettent en scène leur singularité. Le projet est à la fois plus modeste et plus ambitieux: ces pasteurs proposent à leurs paroissiens de célébrer, de façon intime et communautaire, l’histoire de l’Église, de s’en imprégner, afin d’en écrire aujourd’hui, dans leurs vies quotidiennes, de nouvelles pages. La célébration devient alors une façon, pour ces jeunes, de participer à une histoire qui les transcende.

    Église du passé composé, Église du futur antérieur

    L’harmonie entre le temple et les fidèles frise la caricature. Le bâtiment, sur la célèbre 5e Avenue, se démarque des buildings environnants. A l’intérieur, un orgue majestueux surplombe une galerie qui abrite la chorale. Des boiseries sombres et des tapis feutrés installent une atmosphère digne et confortable. Les bancs en amphithéâtre mettent en valeur la centralité de la parole théologique. La Fifth Avenue Presbyterian Church offre un accueil efficace et souriant.

    Un coup d’œil à l’assistance révèle une classe sociale élevée. De même, les têtes blanches sont surreprésentées : elles étaient absentes des autres cultes que nous avons fréquentés.

    Beaucoup de monde, près de 400 personnes présentes, pourtant les échanges sont chaleureux. L’intensité des salutations laisse imaginer que c’est de longue date. Les conversations vont bon train et la chorale commence à chanter.

    Dieu dans nos histoires

    L’assemblée glisse en douceur dans la célébration. L’ensemble allie un ton décontracté et une tenue liturgique impeccable. L’excellence de la musique – une chorale classique de haut vol soutenue par un organiste virtuose –, les références de la prédication et une solide équipe pastorale mènent la danse. L’enthousiasme de l’assistance fort nombreuse s’exprime lors des chants et des applaudissements, notamment quand l’un des pasteurs annonce qu’il a reçu une bourse pour développer un programme intergénérationnel.

    Ce jour-là, Scott Black Johnston, le pasteur principal, fête ses dix ans de ministère dans la communauté. Il renouvelles ses vœux avec ferveur entouré par trois collègues et autant de laïcs. Sa prédication annonce une série de messages autour des matriarches et des patriarches du livre de la Genèse. Il évoque son arbre généalogique qui comprend l’un des illustres fondateurs de la communauté, c’était au début du 20e siècle. Sa parole allie humour et intelligence. Les exemples tirés de son vécu sont mis au service d’une idée forte : les histoires de famille sont le lieu où Dieu noue des alliances.

    Un Rotary Club

    La communauté apparaît comme un groupe solide et établi. Rien ne vient troubler ce qui s’apparente à une fête de famille célébrée dans un club privé. Ce n’est pas faute de chercher de nouveaux membres, d’ailleurs un ministère spécialisé dans le domaine a été créé en juin dernier. L’intégration des arrivants éventuels semble être un processus rôdé. Au verso du livret du culte, le nouveau venu trouvera un formulaire pour prendre contact. En début de célébration, ces personnes sont invitées à s’identifier en levant la main. Quant aux membres réguliers, ils jouent leur part en accueillant ces visiteurs. Ceux-ci ont aussi, comme presque partout, accès aux nombreux groupes de partage et de prière qui gravitent autour de la paroisse. Une formation sur les bases de la foi leur permet même d’en comprendre rapidement les arcanes.

    Un lent déclin ?

    Pourtant quelque chose semble grippé. Le groupe de jeunes qui bénéficie d’un programme adapté durant le service est d’une maigreur effarante. Peu de visiteurs de passage se signalent alors que l’assemblée est bien étoffée. La pyramide des âges est en fort décalage avec cette société new-yorkaise qui affiche un âge moyen de 35 ans.

    Pourtant, aucune fausse note n’indique que la communauté serait en proie à une crise. L’atmosphère est sereine et positive. Mais la paroisse peine visiblement à toucher les jeunes et les classes populaires. D’autres offres religieuses concurrentes s’en chargent. On a le sentiment d’être en présence d’une congrégation qui s’éteint tranquillement, fidèle à ses racines, à ses standards et à ses engagements sociaux. Elle est encore forte de son prestige, de son histoire, de ses murs, mais elle semble déconnectée de la vie trépidante qui agite la métropole. Aujourd’hui, elle joue un rôle indéniable dans le concert des Églises que nous avons croisé sur notre route.

    Fausse sécurité

    Une Église qui a des moyens donc, sûre de sa culture élitiste et de sa place dans la société. Pourtant, le décalage entre cette assemblée vieillissante et la population new-yorkaise, jeune pour l’essentiel, interroge. Les changements culturels ne semblent pas troubler les habitudes de ce cercle protégé qui cultive un certain entre-soi. Pourtant, le fossé continue de s’accroître en regard de la société, et le dynamisme risque de s’essouffler. Sous les apparences de sécurité, sans s’en rendre compte, Fifth Avenue Presbyterian Church prend  la voie de ces paroisses fossilisées qui consacrent l’essentiel de leur énergie à la célébration de leur mémoire.

     

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