Présentation de la démarche

Question de format

Aux débuts de la micro-informatique, les supports de données, les fameuses disquettes, faisaient régulièrement l’objet d’un formatage. On effaçait les données pour redonner une jeunesse à l’objet. Cette opération lui permettait d’accueillir de nouvelles informations.

Cette analogie nous invite à revisiter la pratique chrétienne. Non pas pour contester le passé, ni pour nous mouler sans distance critique dans « la culture contemporaine ». Plutôt avec l’idée du discernement et de la remise en question. Pour ce faire, nous sommes allés à New York chercher l’inspiration au contact d’Églises proches de la tradition réformée.

New York

La plus grande, et peut-être la plus européenne, des villes américaines est un laboratoire religieux intriguant. Sa diversité met en proximité une grande variété de communautés culturelles et linguistiques. Le nombre important de pratiquants – un tiers de la population –conduit à l’émergence de milliers de communautés. Bien entendu, New York est aussi traversée par la sécularisation qui touche le continent américain. Il est donc important d’observer les élans missionnaires plus ou moins assumés de ces Églises.

Une masse de pratiquants

Le christianisme est la foi de près de 60% des 8,5 millions d’habitants qui vivent au cœur de la métropole. Par ailleurs, un tiers des Newyorkais sont des pratiquants réguliers. Parmi les chrétiens, ce sont 1,7 millions de fidèles qui se rassemblent chaque semaine dans l’un des 6’000 lieux de culte recensés. En moyenne, cela fait 280 personnes par endroit.

Une variété d’Églises

À majorité catholique, la mégapole abrite aussi une myriade de chapelles protestantes. Sans surprise, les courants proches de nos Églises réformées y sont très minoritaires. Pêle-mêle, on trouve des presbytériens héritiers lointains de réformés écossais, des épiscopaliens issus de l’anglicanisme, des réformés descendants de l’immigration calviniste hollandaise, des luthériens et nombre de dénominations dont les noms sont inconnus sous nos latitudes.

Difficile donc d’estimer le poids des réformés. Surtout s’il s’agit d’essayer de les distinguer des évangéliques. Les courants pullulent au pays de la libre entreprise et les sensibilités théologiques se distribuent selon l’éventail qui va des plus conservateurs aux plus libéraux. De plus, l’importance numérique des courants conservateurs ne doit pas masquer le fait que les Newyorkais votent plutôt démocrate, qu’ils sont tolérants vis-à-vis de l’homosexualité et de l’avortement, ce qui ne correspond pas du tout aux standards de ces dénominations.

Notre recherche

Nous avons sélectionné des communautés religieuses dont la sensibilité est plutôt proche de la tradition réformée et dont les formes sont diverses. La dimension missionnaire de ces Églises et les éléments d’innovation sont au centre de notre focale. Par l’observation et la rencontre, nous essayons de comprendre les choses de l’intérieur. La question qui nous taraude : comment les Églises réformées se vivent en milieu urbain et comment elles travaillent leurs spécificités dans le concert des autres spiritualités.

Des articles reformatés

Sous le titre « Églises reformatées », nous voulons publier ici le fruit de nos découvertes et de nos réflexions. Nous faisons le pari que ces documents constitueront des éléments stimulants pour réfléchir à de nouveaux formats permettant de valoriser les trésors de la foi qui s’abritent en nos traditions.

L’équipe de cette recherche est constituée de Mirja Nicollier, Dimitri Andronicos, Philippe Gonzalez et Jean-Christophe Emery.

Jeu Evang’îles, nouvelle édition.

Comment parler de sa foi ? Comment mettre des mots sur ses expériences spirituelles ou ses convictions ? Souvent considérées comme une réalité très intime, les questions religieuses sont fréquemment mises de côté. Par le biais d’une activité ludique et décontractée, le jeu Evang’îles libère la parole et permet de partager avec d’autres ses découvertes, espérances ou questions profondes en toute simplicité.

Dans le monde réformé, parler de ses convictions n’est ni habituel, ni aisé. Le contact avec l’Évangile se perd davantage à chaque génération. Ce jeu vise à stimuler l’expression des convictions – en particulier la conviction que le message de l’Évangile est pertinent pour aujourd’hui – car la conviction est un facteur avéré de développement de l’Église. Il est destiné aux conseils des lieux d’Église, aux groupes de jeunes, aux familles, en fait à tous les groupes actifs dans une Église intéressés à travailler le témoignage et l’expression simple de ses convictions.

Si vous souhaitez vous entraîner, de manière ludique, à partager vos convictions et votre avis autour des grandes interrogations de notre société et à sortir du jargon pour dire la foi autrement, ce jeu est fait pour vous !

Favoriser le témoignage

Un plateau de jeu, des pions, des jetons, des dés et des cartes sont au cœur de l’action. Le joueur prend conscience de ses convictions et développe la confiance en ses capacités à les exprimer. Il s’exerce à les partager avec d’autres et à traduire le vocabulaire d’Église en français courant. L’exercice permet de donner et de recevoir du feedback. Il permet aux participants de découvrir que, bien souvent, au travers de petites phrases qui peuvent sembler banales, ils peuvent toucher leur(s) interlocuteur(s).

Nouvelle édition (2019)

Dès maintenant, une nouvelle édition améliorée est disponible ainsi qu’une extension pour ceux qui possèdent déjà la première édition.

Qu’y a-t-il de nouveau dans la deuxième édition, retravaillée par le Labo Khi ? Les questions sollicitent davantage un positionnement personnel, une opinion et une conviction que des connaissances catéchétiques. Les questions ont été collectées au fil des rencontres, notamment avec des personnes n’ayant pas ou peu de lien avec la foi chrétienne ou l’Église mais curieuses et intéressées. Une nouvelle finale, sur le chemin du Royaume, propose des rencontres impliquantes qui sollicitent le joueur et l’invite à faire des choix.

Pour les détenteurs de la première version (2016), le kit d’extension comprend une nouvelle boîte de jeu, un fascicule pour le règlement du jeu, des nouvelles cartes « Question », « Personne en situation » ainsi que six cartes « Rencontre ».

En pratique

  • Nombre de joueurs : 8 à 12
  • Age minimal : 12 ans
  • Durée du jeu 1h30 environ

Prix

  • Le plateau de jeu et tout le matériel sont disponibles à la vente aux prix de CHF 49.–
  • Le kit complémentaire est vendu au prix de CHF 21.–
  • L’option d’emprunter le jeu est aussi possible (en Suisse seulement)

Commande

Jeu « Envole-toi » : oser parler de Dieu avec mes enfants

Même en famille il n’est pas aisé de parler de sa foi, d’exprimer ses convictions, de vivre sa spiritualité. Que répondre aux questions de mon enfant au sujet de Dieu ? Comment répondre à ses interrogations quand il n’est plus un petit enfant et que son esprit critique s’est développé ? Le jeu « Envole-toi » permet de s’y préparer et de s’y exercer de manière ludique en présence d’autres parents.

Une première édition de ce jeu a été créé en 2012 par deux pasteurs de l’EERV. Prévu initialement pour animer des préparations de baptême, il a été revisité et peut très bien être joué à une soirée entre parents d’enfants du même âge ou non. Envole-toi permet d’encourager les parents à répondre aux questions spirituelles de leur(s) enfant(s) et d’aborder quelques grands thèmes de la foi chrétienne.

Le jeu comprend un plateau, cinq pions, un dé et trois jeux de cartes présentant des questions souvent soulevées par des enfants, en fonction de leur âge. Le plateau du jeu représente le parcours spirituel d’un enfant, de la naissance – l’œuf – jusqu’à son adolescence et sa majorité religieuse – l’envol de l’oiseau. Les cartes que les parents découvrent au long du parcours de vie leur permettent de s’exercer à formuler des réponses en interaction avec d’autres parents.

L’échange entre parents leur permet de découvrir qu’ils ont toujours un bout de réponse à apporter et que la plupart du temps les réponses simples et directes sont les plus touchantes. Envole-toi rassure les parents sur leur capacité de parler de leur conviction même s’ils ont parfois des souvenirs d’une éducation chrétienne stricte. Ils réalisent qu’ils peuvent accompagner leur(s) enfant(s) dans la découverte et la pratique de la foi chrétienne et d’échanger avec eux sur ce thème en toute simplicité.

Commande

Les jeux sont vendus au prix de Fr 39.- /pce.

Religion et spiritualité à l’ère de l’ego*

Évolution

Durant les années 1960, se sont produites une perte de valeurs fondées sur le devoir et l’obéissance et une augmentation de celles fondées sur le développement personnel. Cela a conduit à une dévalorisation de la religion et de la religiosité : la religion a perdu sa fonction de légitimation et se voit désormais associée aux « anciennes valeurs », alors qu’apparaissent des valeurs indépendantes de la religion.

Dans ce contexte, les protestants réformés sont confrontés à une absence d’image qui n’apparaît pas, à l’inverse des catholiques, comme un ensemble clair et distinct. En phase avec le temps présent, ils font « partie du paysage religieux », sans être l’objet d’une attention spécifique et leurs offres n’intéressent pas.

De manière générale, on constate que, depuis 1950, les établis ont fortement décliné, qu’à l’inverse, les distanciés et les alternatifs connaissent une croissance, et que les « évangéliques » se maintiennent grâce à leur stratégie de clôture et de compétitivité.

Explication

La révolution culturelle des années 1960 a entraîné un changement du régime de concurrence : celui de la société industrielle a été supplanté par celui de la société de l’ego. C’est pourquoi aujourd’hui la société se comprend pour l’essentiel comme pluraliste, le christianisme n’étant en son sein plus qu’une religion parmi d’autres.

Les Églises ont perdu inconsciemment toujours plus de fonctions et se sont affaiblies de l’intérieur : les individus considèrent que la pratique religieuse relève fondamentalement d’une option facultative et se demandent ce que la pratique religieuse peut leur apporter en comparaison avec d’autres activités.

Conséquences

Les personnes, les fournisseurs religieux spirituels et la société dans son ensemble font face au défi de prendre en compte le fait que chacun vit désormais dans un monde où il peut et doit décider lui-même de sa conviction religieuse et de sa pratique, ne pouvant guère s’appuyer sur une tradition.

Les fournisseurs religieux ou spirituels doivent s’adapter à une situation dans laquelle les individus leur sont affiliés non pas en raison d’une tradition, mais en raison de leur propre choix, fondé sur une évaluation des services et des prestations (entraînant une situation de concurrence).

Cette concurrence de la société de l’ego signifie qu’ils ne peuvent plus se permettre de conflits publics autour du pouvoir, de l’influence et de l’hégémonie relative à l’interprétation du sens. Ils doivent engager de grands efforts pour « rester sur le marché », c’est-à-dire pour motiver les personnes à rendre disponibles leur temps, leur énergie et leur argent pour des objectifs religieux.

Cela explique que les Églises tentent de plus en plus d’appliquer des stratégies relevant du marketing (p. ex. prise en compte de la satisfaction du client, garantie qualité, publicité), une stratégie importante consistant à atteindre une certaine dimension pour être en mesure de résister aux conflits de concurrence (ce qui explique les phénomènes de fusions et les méga-églises).

L’Église de multitude cède donc de plus en plus la place à celle de professants avec, conjointement, de plus en plus de phénomènes hybrides, (offres partiellement spirituelles ou dont la spiritualité est peu identifiable).

Il semble donc que l’on assiste à une dissolution de la religiosité populaire qui allait de soi alors qu’apparaît une nouvelle ligne de conflit opposant des personnes aux croyances fortes et s’engageant pour leur foi à des sécularistes militants combattant la religion comme produit dérivé inutile, voire erreur de l’évolution.

 

*Jörg Stolz, Judith Könemann, Mallory Schneuwly Purdie, Thomas Englberger, Michael Krüggeler, Religion et spiritualité à l’ère de l’ego. Profils de l’institutionnel, de l’alternatif, du distancié et du séculier Genève, Labor et Fides, 2015.

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Le paysage religieux suisse

Le paysage religieux a fortement évolué au cours des décennies passées. Le pays traditionnellement bi-confessionnel est devenu un pays sécularisé et pluri-religieux. Plusieurs développements expliquent cette évolution :

  • l’individualisation ayant émergé de la révolution culturelle des années 1960, avec pour effet le libre choix de son appartenance religieuse laissé à l’individu lui-même;
  • l’augmentation massive des personnes sans confession depuis les années 60;
  • l’immigration de personnes appartenant à des communautés religieuses chrétiennes et non-chrétiennes ou sans appartenance religieuse.

Du c
ôté des chrétiens

Sur le plan religieux, en Suisse et en 2015, les catholiques et les évangéliques réformés continuent à diminuer et constituent moins des deux tiers de la population. Quelque 6% appartiennent à une autre communauté chrétienne. Si, en 1970, près de 95% de la population suisse étaient membres de l’Église catholique ou de l’Église évangélique-réformée, en 2015 seuls deux tiers environ de la population le sont encore. Les réformés sont particulièrement touchés, diminuant de moitié entre 1950 (56,3%) et 2015 (24,9%). Les catholiques résistent mieux grâce aux migrants dont de nombreux sont catholiques, même s’ils diminuent également.

Personnes sans confession

C’est l’évolution la plus frappante : près du quart de la population suisse se déclare sans confession. Cette forte augmentation au cours des 20 dernières années marque de son empreinte le paysage religieux de la Suisse et contribue à le transformer, principalement dans les cantons de Bâle-Ville (46,2%), de Neuchâtel (42,3%) et de Genève (38,9%) qui présentent les taux de personnes sans confession les plus élevés. Pour l’ensemble de la Suisse, on compte 23,9% de personnes sans confession.

Pluralité religieuse

Elle se manifeste dans l’augmentation légère de la part des autres communautés chrétiennes (ni catholiques, ni évangéliques réformées) et des communautés islamiques (5,1%). Toutefois, la pluralisation religieuse reste faible en comparaison de la sécularisation qui progresse encore à un rythme soutenu. Aux quelques sorties d’Église s’ajoute l’augmentation des personnes sans confession. Par ailleurs, de moins en moins d’enfants sont baptisés et le pourcentage de personnes sans confession a fortement augmenté parmi les migrants en provenance des États de l’UE et de l’AELE.

Augmentation des sorties d’Église

Entre 2011-2012 et 2015, leur nombre a augmenté dans la plupart des cantons, tant pour les Églises catholique romaine qu’évangélique réformée. Si, en Suisse, on note globalement qu’en 2013 huit membres sur 1’000 quittaient l’Église, ils sont presque dix sur 1’000 à l’avoir fait en 2015.

Église et mariages

Le nombre de mariages civils reste relativement stable depuis les années 1960 (soit env. 42’000/an), alors même que durant cette période, la population globale a augmenté de près de 50%.

En revanche, le nombre des mariages célébrés à l’Église a fortement diminué. Au cours de l’année 2015, en Suisse, 3’845 couples ont célébré leur mariage dans l’Église catholique et 3’870 couples dans l’Église évangélique réformée. En 2015, le taux de mariage catholique a été de 23% et celui de mariage réformé de 30%.

Les deux grandes Églises ont donc perdu le rôle, autrefois incontesté, dans ce domaine du mariage. Le choix d’un couple de se marier à l’église aujourd’hui s’est transformé de simple respect de la tradition en une décision à caractère religieux consenti. Dans ce contexte, les collaborateurs et les collaboratrices engagés par l’Église pour la pastorale sont tenus d’accompagner les couples qui souhaitent se marier religieusement et de préparer la célébration de manière très individualisée.

Croire et/ou appartenir

La sociologue britannique Grace Davie a publié, en 1994, un ouvrage sur les convictions religieuses et la sécularisation en Grande Bretagne depuis 1945. L’un des éléments saillants de cette recherche a consisté à développer des outils conceptuels permettant d’exprimer les convictions religieuses détachées de l’engagement ecclésial. En français on parle des croyants non pratiquants ou des distancés. Il s’agit essentiellement de distinguer deux éléments du processus d’identification religieuse. Cette simplification met en évidence une matrice qui peut s’avérer utile pour travailler la question de l’évangélisation. En voici succinctement quelques points.

  • [A] La personne se définit comme non croyant et non pratiquant.
  • [C] La personne confesse une conviction personnelle, mais celle-ci n’est pas liée à un engagement collectif.
  • [B] La personne se définit comme appartenant à une entité ecclésiale (ou un projet de cette nature), mais ne se prononce pas explicitement comme croyante.
  • [D] La personne se définit comme croyante et pratiquante.

Sans doute s’agit-il de nuancer ces éléments puisque les convictions comme les appartenances sont aujourd’hui d’une grande mobilité. De plus, il est particulièrement délicat de chercher à évaluer la force des convictions ou celle des appartenances. Bien que réducteur, ce schéma a le mérite d’inviter à la réflexion, à l’analyse de nos activités et à un travail sur l’action.

A l’aide de ce schéma, on peut s’interroger sur le passage d’une personne en forte distance [A] à l’état de croyant et pratiquant [D]. Celui-ci peut s’effectuer selon trois modalités non exclusives.

1. La conversion

Lorsqu’une personne embrasse la foi et la pratique religieuse avec une simultanéité, on parle de « conversion ». Souvent associée à une certaine soudaineté, parfois une radicalité, cette trajectoire personnelle est plutôt marquée par la rupture.

Traditionnellement, les groupes qui valorisent fortement la conversion misent sur la prédication et l’appel à la conversion (évangéliques) et/ou l’expérience religieuse émotionnelle (charismatiques).

2. La découverte spirituelle

La démarche peut aussi s’opérer en deux temps. Passer de [A] à [C] par le biais d’un cheminement spirituel détaché et d’un engagement à plus long terme (une session de formation par exemple). Puis passer de [C] à [D] en prenant conscience que la foi ne se réduit pas à une démarche privée.

Les offres de développement personnel, parcours de spiritualité, pratique de méditation, etc. s’inscrivent dans cette perspective.

3. L’insertion relationnelle

Il est aussi possible d’envisager l’itinéraire qui consiste a d’abord rejoindre un groupe de croyants en envisageant un engagement concret.[A] -> [B]. Dans un second temps, la personne envisage positivement la pratique et l’adhésion à la foi  [C] -> [D].

Les groupes orientés sur l’action sociale, les événements de type « fête paroissiale » ou les groupes de maison représentent quelques-unes des formes plus sensibles à cette approche.

Si l’on croise cette réflexion avec des éléments liés aux quatre modèles missionnaires du Nouveau Testament, on peut établir le schéma suivant :

Ce visuel permet :

  • D’analyser les activités existantes pour évaluer les présupposés qu’elles renferment en terme d’affiliation et de conviction.
  • D’orienter de nouvelles activités vers des modèles missionnaires inexploités.
  • De valoriser la diversité des approches et des sensibilités personnelles.
  • De situer les réponses fournies par l’outil de test personnel « contactGPS« .

La loi d’Evrett Rogers

Réfléchir à la dynamique du changement est l’un des incontournables de la thématique qui nous occupe ici. Elaborée en 1962, la loi d’Evrett Rogers pourrait offrir un cadre de réflexion facilitant la stratégie de mise en place de nouveaux projets ou de nouvelles orientations.

Everett Rogers est, dès son plus jeune âge, confronté à la résistance au changement. Dans le contexte rural de l’Iowa (USA) des années 1930, certains agriculteurs refusent d’utiliser des semences traitées chimiquement pour mieux résister aux conditions climatiques et aux parasites. Si anecdotique soit-elle, cette expérience conditionnera, bien plus tard, son intérêt pour la diffusion de l’innovation. Alors qu’il est assistant d’un professeur de sociologie rurale, en 1962 à l’Université d’Etat d’Ohio, il publie un livre qui fera date. Son célèbre schéma, inspiré de la courbe de Gauss, est le fruit de ses recherches. Il définit cinq groupes de population dont le rapport à la nouveauté varie.

Les catégories d’adoptants

  1. Les novateurs sont les plus sensibles à l’innovation. Ils sont à l’affut du changement et partagent volontiers leur expérience avec d’autres. Leur besoin de changement est « interne » et dépend, dans une moindre mesure, des informations « externes ».
  2. Les premiers adoptants sont également friands de nouveauté et se laissent très vite convaincre par les précédents. Légèrement plus timorés, ils n’hésitent pas à exprimer leur évaluation de la nouveauté.
  3. La majorité précoce est constituée de « clients » plus réfléchis qui attendent les retours d’expérience des premiers avant de faire le pas. Ils sont plus sensibles aux informations « externes ».
  4. La majorité tardive est bien plus lente dans son processus d’adoption de la nouveauté. Elle attend qu’une large part de la population donne des preuves de l’intérêt du changement.
  5. La garde est constituée par des personnes qui perçoivent avant tout le changement comme une menace. Ces personnes ne se laissent convaincre que si les avantages de la nouveauté sont très largement supérieurs aux avantages de l’ancienne formule.

En 1991, le schéma de Rogers est révisé par Geoffrey Moore qui, dans son livre « Crossing the Chasm », introduit la notion d’abîme. Il définit deux sous-groupes dans les cinq groupes de Rogers. Les deux premiers sont qualifiés de sensibles à la performance (technologique) alors que les trois autres sont plus sensibles aux solutions et au confort. Ces derniers sont plus attentifs à la simplicité (d’usage), à la qualité (durabilité), à la confiance qui se dégage (des tests effectués) et aux avis favorables exprimés. Moore estime que la majorité des échecs en matière d’innovation se produisent au moment de chercher à convaincre non plus les individus (des deux premiers groupes), mais les masses des deux majorités.

Les critères d’adoption

Quant à Rogers, il a poursuivi ses recherches et identifié cinq éléments qui entrent en ligne de compte en matière d’adoption de la nouveauté.

  1. L’avantage relatif d’une innovation qui lui permet d’être perçue comme meilleure que d’autres ou que l’ancienne formule.
  2. La compatibilité est l’adéquation de l’innovation avec les valeurs, les expériences, les pratiques sociales et les normes des utilisateurs.
  3. La complexité (ou la simplicité) d’une innovation va définir l’énergie nécessaire pour adopter la nouveauté. Plus celle-ci sera grande, plus la résistance sera importante.
  4. La souplesse d’une nouveauté est définie par la possibilité de contribuer à faire des modifications avant de s’engager à l’utiliser. Celle-ci va jouer sur le degré de confiance accordé à l’innovation.
  5. L’observabilité concerne la clarté des résultats, des effets produits. Plus ceux-ci sont patents, plus la nouveauté sera perçue comme porteuse d’un changement mesurable.

Les recherches (Rogers 1995, Moore et Benbasat 1991) ont montré que la combinaison de ces facteurs joue un rôle important.

Quelques éléments d’appréciation

Il y a diverses manières d’intégrer la Loi d’Everett Rogers dans les dynamiques de créativité que les lieux d’Église cherchent à développer.

  • Accepter le fait que la nouveauté génère des interrogations et des résistances. Ne pas les considérer trop rapidement comme des feux rouges.
  • Tenir compte de la temporalité différente en matière de présentation de toute nouveauté.
  • Identifier les personnes des deux premiers groupes et chercher à établir des alliances avec elles.
  • Identifier les personnes et les groupes de la majorité précoce et comprendre quels aspects d’un projet pourront les convaincre.
  • Identifier les personnes et les groupes de la majorité tardive et chercher à surmonter avec elles les obstacles, les objections (souvent fondées) et les réticences (souvent plus émotionnelles).
  • Identifier les personnes de la garde et travailler à mieux profiler le projet (parfois en négociant certains aspects) pour que celui-ci ne soit pas perçu comme une menace.

Exploitation

Vous pouvez télécharger un pdf comprenant le schéma de Rogers et Moore dans l’idée de l’utiliser pour développer une nouvelle dynamique.

Quel modèle de transmission de l’Evangile vous parle le plus ?

 

Mode d’emploi

  1. Choisissez si vous voulez effectuer le test en ligne sur ce site ou télécharger l’application sur votre smartphone.
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Analyse des résultats

Une fois le test effectué, nous vous invitons à consulter l’article vous permettant de réfléchir aux quatre modèles missionnaires desquels le test s’inspire.

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