L’inclusivité en Eglise, ce n’est pas ce que l’on croit !

L’inclusivité est un terme que l’on tend à réduire à la question LGBTIQ+. Pourtant cette expression recèle  un potentiel plus large pour les communautés. C’est la conviction de la conseillère paroissiale Eloïse Miceli et du pasteur Nicolas Lüthi. Ils proposent des éléments pour comprendre la réflexion sur l’inclusivité des églises protestantes romandes.

«Limiter l’inclusivité en Eglise à la question LGBT, c’est passer à côté de toute la richesse du mot.» Affirme Eloïse Miceli, ex-conseillère paroissiale du LAB de Genève, que nous avons interviewée avec Nicolas Lüthi, également pasteur au LAB. « Le fait que l’on confonde souvent le LAB avec l’Antenne LGBT en dit long sur la tendance à limiter l’action en termes d’inclusivité du LAB à la question LGBT », ajoute le pasteur. L’Antenne LGBT est maintenant une structure indépendante du LAB de Genève, qui, d’après Eloïse Miceli et Nicolas Lüthi, n’a pas perdu en dynamisme par ce changement : « L’inclusivité, c’est également prendre en compte les questions d’âge, de genre, d’œcuménisme, d’interculturalité, de background religieux et de conditions sociales. Le LAB essaie d’œuvrer sur tous ces tableaux.»

Agir pour tous

Pour agir sur chacun de ces plans, le LAB a construit une offre adaptée, et mis en place des propositions nouvelles, plus horizontales. Plutôt que des prêches, des sessions de Godly Play sont proposées, avec des moments d’échange. Des groupes de parole se sont formés pour créer un cadre de confiance favorisant le dialogue. Le culte du dimanche s’est changé en « Sun Day », plus inclusif et chaleureux. « Pour mettre en place une activité participative en Eglise, le principe fondamental est d’admettre qu’on est tous capables d’avoir une parole juste, peu importe ses origines ou son parcours » commente Eloïse Miceli.

Les changements pour plus d’inclusivité se font autant sur la forme que sur le fond. Nicolas Lüthi, pasteur au LAB, s’inscrit dans la pratique du lieu qui consiste à chanter deux fois la prière traditionnelle du “Notre Père” en remplaçant par “Notre Mère” la seconde fois. Il n’hésite pas à affirmer: « je n’ai pas conscience de Dieu comme un ‘Père’, mais comme un ‘Parent’, et je précise que nous pardonnons à ceux et celles qui nous ont offensé.e.s ».

Les limites de l’inclusivité

L’inclusivité promue par le LAB n’est pas sans risque.Ses acteurs en sont conscients. « Lors des prises de parole , on a vu des personnes tenir des propos racistes, haineux, et éloignés du message de l’Evangile » nous dit Eloïse Miceli. Mais le danger se trouve ailleurs : « le vrai risque, c’est que les protestants ne se retrouvent pas dans le LAB car nous prenons nos distances avec les codes classiques. »

Des portes ouvertes sur l’avenir

Néanmoins, pour le pasteur et la conseillère, le LAB n’est pas un concurrent aux paroisses traditionnelles. Il essaie de toucher un autre public qui ne se rend pas aux cultes. De plus, les autres paroisses ne se montrent pas insensibles aux propositions du LAB. Le groupe de femmes encadré par le LAB va  être répliqué par d’autres paroisses en Suisse Romande. « Beaucoup de choses peuvent être mises en place pour l’Evangile. Le tout, c’est de ne pas rester les bras croisés », conclut Eloïse Miceli.

Photo : Rencontre au Lab durant la Grève des femmes 2022 – crédit : EPG/Anne Buloz

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